Énoncé
Document 1 :
Témoignage d'une rescapée du camp d'Auschwitz-Birkenau en Pologne« Ginette Kolinka est née en 1925 dans une famille juive. Le 13 mars 1944, la Gestapo(1) l'arrête en France ainsi que son père, son petit frère de 12 ans et son neveu. Elle est déportée à Auschwitz-Birkenau. Elle est la seule de sa famille à revenir vivante de déportation. »
« Le soir, pour rejoindre nos baraques, nous défilions devant une rangée d'officiers, la tête tournée vers eux mais les yeux baissés. C'est la partie dangereuse. Ils sont à droite et, sur la gauche, se tient l'orchestre de femmes qui joue des airs entraînants pour le départ et le retour du travail. La musique militaire nous force à garder la cadence, même épuisées, à rester impeccablement alignées. Si l'une d'entre nous défaille ou sort du rang, du rythme, elle est frappée. Le passage en revue terminé, nous pouvons à nouveau nous traîner jusqu'aux baraques pour l'appel du soir, le pire de la journée. Il faut compter tout le monde, c'est-à-dire l'ensemble de Birkenau et pas seulement notre baraque. Combien sommes-nous ? 10 000 ? 15 000 ? Il faut recommencer, encore et encore. Des heures au garde-à-vous, gelées, tremblantes, épuisées. Je voudrais m'asseoir, m'écrouler, dormir, mais non : il faut rester debout et se tenir droite. Parfois, il y en a une qui tombe de fatigue ou de fièvre, son corps lourd comme un tronc manque de nous assommer. Vite se relever. »
« Dès que la kapo(2) est passée, je glisse mes mains sous les aisselles de la fille devant moi, pour me réchauffer. »
« Est-ce que le compte est bon ? Est-ce qu'ils se lassent ? On ne saura jamais. »
« Prenez un pain de mie, coupez-le en cinq, vous obtenez une tranche de pain de quelques centimètres d'épaisseur par personne. Ajouter une petite plaque de margarine. C'est le repas du soir, de tous les jours, de tout le monde. Pour certaines, les très malades, les presque mortes, c'est le maximum qu'elles peuvent avaler. Pour d'autres, c'est le minimum vital. »
Source : Ginette Kolinka, Retour à Birkenau, Grasset, 2020, pages 32-33.
Source : T. Bruttmann, S. Hördler, C. Kreutmüller, Un album d'Auschwitz. Comment les nazis ont photographié leurs crimes, Paris, Seuil, 2023, 304 pages. |
Document 1
1. Identifiez la nature et l'auteur de ce document.
2. Relevez trois passages du texte qui montrent différentes formes de violence que subissent les déportées.
3. Précisez à qui est confiée la surveillance des déportées dans le camp.
Document 2
4. Décrivez, à partir de la photographie, le processus de sélection des déportés à leur arrivée au camp.
Documents 1 et 2
5. Expliquez, à partir de l'exemple du camp d'Auschwitz-Birkenau, que les Juifs sont victimes d'un génocide.
Corrigé
Document 1
1. Ce document est un texte. Il s'agit d'un témoignage de Ginette Kolinka, qui raconte sa déportation et sa vie au camp d'Auschwitz-Birkenau. Son livre Retour à Birkenau, dont est extrait le document, est une autobiographie.
2. Peuvent être retenus les passages suivants :
« Le soir, pour rejoindre nos baraques, nous défilons devant une rangée d'officiers, la tête tournée vers eux mais les yeux baissés. C'est la partie dangereuse. »
« La musique militaire nous force à garder la cadence, même épuisées, à rester impeccablement alignées. »
« Si l'une d'entre nous défaille ou sort du rang, du rythme, elle est frappée. »
« Des heures au garde-à-vous, gelées, tremblantes, épuisées. »
« Parfois, il y en a une qui tombe de fatigue ou de fièvre, son corps lourd comme un tronc manque de nous assommer. »
« C'est le repas du soir, de tous les jours, de tout le monde. Pour certaines, les très malades, les presque mortes, c'est le maximum qu'elles peuvent avaler. Pour d'autres, c'est le minimum vital. »
« Le soir, pour rejoindre nos baraques, nous défilons devant une rangée d'officiers, la tête tournée vers eux mais les yeux baissés. C'est la partie dangereuse. »
« La musique militaire nous force à garder la cadence, même épuisées, à rester impeccablement alignées. »
« Si l'une d'entre nous défaille ou sort du rang, du rythme, elle est frappée. »
« Des heures au garde-à-vous, gelées, tremblantes, épuisées. »
« Parfois, il y en a une qui tombe de fatigue ou de fièvre, son corps lourd comme un tronc manque de nous assommer. »
« C'est le repas du soir, de tous les jours, de tout le monde. Pour certaines, les très malades, les presque mortes, c'est le maximum qu'elles peuvent avaler. Pour d'autres, c'est le minimum vital. »
3. La surveillance des camps est confiée à des kapos. Il s'agit de personnes déportées, comme celles qui sont enfermées. Leur mission est de faire régner l'ordre dans les camps. Le kapo est sous l'autorité des nazis.
Document 2
4. Les Juifs de Hongrie arrivent par convoi, en train, à Auschwitz-Birkenau. La voie ferrée est visible à droite au second plan de la photographie. Les wagons se situent à gauche de la photographie. Au premier plan, les hommes et femmes déportés sont séparés en deux colonnes. À gauche, on distingue des femmes et quelques enfants. Devant eux se situent les SS chargés de la police à l'intérieur des camps et des centres de mise à mort. À l'arrière-plan, on distingue l'entrée du camp et ses grillages et murs à droite. La photographie démontre que la sélection est réalisée avant l'entrée dans le camp.
Documents 1 et 2
5. Entre 1941 et 1945, durant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs présents en Europe sont victimes d'un génocide. La tentative d'extermination des Juifs prend plusieurs formes : Shoah par balles, enfermement dans les ghettos ou mise en place de centres de mise à mort, comme à Auschwitz-Birkenau.
Auschwitz-Birkenau était à la fois un camp de concentration et un camp d'extermination. À leur arrivée, les déportés, souvent affamés et épuisés par le voyage en train, subissaient une première sélection brutale par les SS. Les personnes jugées inaptes au travail, telles que les personnes âgées, les femmes enceintes, les enfants et les malades, étaient immédiatement envoyées dans les chambres à gaz. Cette sélection montre la volonté délibérée d'éliminer une partie de la population juive dès leur arrivée au camp.
Les conditions de vie à Auschwitz-Birkenau étaient inhumaines et faisaient partie de la politique d'extermination. Les témoignages de survivants comme Ginette Kolinka décrivent des journées de travail exténuantes, la faim permanente, les violences physiques et psychologiques constantes, et les traitements dégradants infligés par les kapos et les gardes SS. Ces conditions visaient à épuiser les déportés, les rendant incapables de survivre longtemps, même ceux qui n'étaient pas immédiatement exécutés.
La mise en place de chambres à gaz et de crématoires à grande échelle à Auschwitz-Birkenau démontre également l'aspect industriel du génocide. Les nazis avaient conçu un système pour tuer de manière efficace et en masse. Les corps des victimes étaient ensuite brûlés pour effacer les preuves de ces meurtres de masse.
Ce camp illustre la politique nazie, raciste, de la « solution finale » qui visait à exterminer systématiquement et méthodiquement le peuple juif par des moyens industriels, dans des conditions de vie qui ne permettaient aucune survie à long terme. Le nombre de victimes du génocide juif est estimé à 6 millions de morts et disparus.
Auschwitz-Birkenau était à la fois un camp de concentration et un camp d'extermination. À leur arrivée, les déportés, souvent affamés et épuisés par le voyage en train, subissaient une première sélection brutale par les SS. Les personnes jugées inaptes au travail, telles que les personnes âgées, les femmes enceintes, les enfants et les malades, étaient immédiatement envoyées dans les chambres à gaz. Cette sélection montre la volonté délibérée d'éliminer une partie de la population juive dès leur arrivée au camp.
Les conditions de vie à Auschwitz-Birkenau étaient inhumaines et faisaient partie de la politique d'extermination. Les témoignages de survivants comme Ginette Kolinka décrivent des journées de travail exténuantes, la faim permanente, les violences physiques et psychologiques constantes, et les traitements dégradants infligés par les kapos et les gardes SS. Ces conditions visaient à épuiser les déportés, les rendant incapables de survivre longtemps, même ceux qui n'étaient pas immédiatement exécutés.
La mise en place de chambres à gaz et de crématoires à grande échelle à Auschwitz-Birkenau démontre également l'aspect industriel du génocide. Les nazis avaient conçu un système pour tuer de manière efficace et en masse. Les corps des victimes étaient ensuite brûlés pour effacer les preuves de ces meurtres de masse.
Ce camp illustre la politique nazie, raciste, de la « solution finale » qui visait à exterminer systématiquement et méthodiquement le peuple juif par des moyens industriels, dans des conditions de vie qui ne permettaient aucune survie à long terme. Le nombre de victimes du génocide juif est estimé à 6 millions de morts et disparus.