Lorsque les troupes alliées découvrent les camps de la mort, en 1945, elles ne peuvent que constater l'effroyable massacre, le génocide opéré par les nazis. Plus de 5 millions de Juifs d'Europe ont été exterminés. Comment le régime nazi a-t-il décidé, puis appliqué sa politique antisémite ? Comment est-il passé de la persécution à la création de ghettos, puis à la « solution finale » ?
I. La persécution des Juifs en Allemagne
1. Une idéologie raciste
• Dans son livre programme, Mein Kampf (Mon combat), Hitler affirme la supériorité de la race aryenne et la nécessité de l'extension de l'« espace vital » allemand, le Lebensraum. Les éléments « étrangers » doivent être soumis, exploités, expulsés ou éliminés. Parmi eux, les Juifs, auxquels Hitler voue une haine farouche. « Une fraction restreinte, mais puissante de la population mondiale a choisi le parasitisme […]. L'espèce la plus dangereuse de cette race est la juiverie », écrit-il en 1924.
2. Le sort des Juifs allemands
• Hitler applique ses idées antisémites dès son arrivée au pouvoir, en 1933. Les Juifs sont régulièrement humiliés, leurs magasins pillés. En septembre 1935, les lois de Nuremberg leur interdisent d'exercer certaines professions (médecin, professeur, etc.).
• L'État organise la persécution. Pendant de la Nuit de cristal, le 9 novembre 1938, les nazis détruisent 7 000 magasins et arrêtent 26 000 Juifs. Ces derniers doivent désormais porter sur leurs vêtements une étoile jaune pour être facilement distingués des autres Allemands. Ceux qui s'y refusent risquent la déportation dans un camp de travail. Beaucoup y meurent, épuisés et à la suite des mauvais traitements.
II. Une persécution qui s'étend à toute l'Europe
1. La mise en place des ghettos à l'Est
• Après la conquête de la Pologne par la Wehrmacht, les nazis organisent le regroupement de la population juive dans les ghettos. Les Juifs ne peuvent sortir de ces quartiers murés que pour travailler dans des ateliers qui, souvent, leur ont été confisqués. Les Allemands créent des Conseils juifs chargés de veiller eux-mêmes à l'administration des ghettos. Les 435 000 Juifs du ghetto de Varsovie sont affamés, maltraités par la police nazie, soumis au travail forcé : beaucoup meurent peu à peu.
2. La politique appliquée en Europe occidentale
• Dans les territoires occupés, les Juifs doivent se faire recenser et certaines professions leur sont interdites. L'inscription « Juif » est apposée sur leurs papiers d'identité ; le port de l'étoile jaune leur est imposé.
• Le maréchal Pétain, chef de l'État français, devance les demandes allemandes : il décrète en octobre 1940 un statut des Juifs, inspiré des lois de Nuremberg. Souvent spoliés de leurs biens, ils sont recherchés par la police française qui les « parque » dans des camps, tel celui de Drancy. Ils sont ensuite déportés en convois (wagons à bestiaux fermés) vers les camps de concentration, en Allemagne ou en Pologne. 76 000 Juifs français sont fusillés ou déportés.
3. L'extermination massive, dès juin 1941
• Les Einsatzgruppen et la SS qui suivent l'avancée de la Wehrmacht en URSS (Lituanie, Ukraine, etc.) massacrent systématiquement les Juifs des villages qu'ils traversent. Hommes, femmes et enfants sont fusillés au bord d'un profond fossé, qu'ils ont creusé eux-mêmes. Après plusieurs heures d'exécutions, lorsque la fosse est pleine, les nazis en font faire une nouvelle. Le massacre peut durer des journées entières : à Kiev (Babi Yar), en Ukraine, plus de 30 000 personnes sont ainsi tuées pendant deux jours : le compositeur russe Dimitri Chostakovitch leur a dédié sa 13e symphonie, dite « symphonie Babi Yar ». C'est la Shoah par balle.
III. La mort programmée
1. La « solution finale »
• La « solution finale », c'est-à-dire la décision de supprimer physiquement tous les Juifs d'Europe, est adoptée officiellement le 20 janvier 1942, lors de la conférence de Wannsee. « Dans le cadre de la solution finale, déclare Heydrich, chef adjoint des SS, les Juifs devront dorénavant être emmenés dans l'est, pour y être employés comme main-d'œuvre. […] Sans aucun doute, une grande partie d'entre eux disparaîtra par le jeu d'une élimination naturelle. Les autres, ceux qui auront survécu à tout cela, […] devront être traités en conséquence. » L'État nazi organise la déportation massive des Juifs d'Europe vers les camps.
2. Camps de concentration, camps d'extermination
• Les Juifs et les Tziganes, considérés comme des sous-hommes, arrivent par trains entiers dans les camps. Beaucoup meurent pendant le trajet. Les autres sont dépouillés de tous leurs biens, numérotés et vêtus d'un uniforme rayé. Ils ne résistent pas longtemps aux privations, aux coups, au travail forcé, dont le but est de les épuiser. Ils sont parfois victimes d'expériences « médicales » tentées par les médecins nazis.
• Certains camps, comme Auschwitz, sont à la fois des camps de concentration et d'extermination : ceux qui ne peuvent pas travailler, les enfants et les vieillards, sont exécutés dès leur arrivée dans les chambres à gaz ; leurs corps sont brûlés dans les fours crématoires. Les hommes et les femmes valides doivent travailler jusqu'à épuisement de leurs forces ; les plus faibles sont alors achevés. À Auschwitz, plus de 1 million de Juifs sont exécutés.
• La politique d'extermination nazie a fait plus de 5 millions de victimes juives. C'est le plus important génocide de l'histoire. On l'appelle la Shoah (la « catastrophe » en hébreu).
Exercice n°1
Complète les phrases suivantes.
Écrivez les réponses dans les zones colorées.
Les nazis persécutent les « races inférieures », principalement les Tsiganes et les , à qui ils font porter une étoile .
Ces derniers sont regroupés dans des , comme celui de Varsovie, dont le ravitaillement est réduit.
En France, un « des Juifs », inspiré des lois de Nuremberg, est institué par le maréchal Pétain dès octobre . La police française prend l'initiative de rafles pour « parquer » les Juifs dans des camps, comme Drancy, avant de les déporter.
Ces derniers sont regroupés dans des , comme celui de Varsovie, dont le ravitaillement est réduit.
En France, un « des Juifs », inspiré des lois de Nuremberg, est institué par le maréchal Pétain dès octobre . La police française prend l'initiative de rafles pour « parquer » les Juifs dans des camps, comme Drancy, avant de les déporter.
Dans l'ombre du projet d'extermination des Juifs d'Europe par les nazis, les pires atrocités s'exercèrent également contre les Tsiganes, peuple d'Europe centrale, dont la diaspora a été, comme celle des Juifs, souvent prise comme bouc émissaire.
Exercice n°2
Complète les phrases suivantes.
Écrivez les réponses dans les zones colorées.
Dans les camps de , les plus forts physiquement travaillent jusqu'à épuisement. Dans les camps d', comme Auschwitz, les déportés sont gazés dans des chambres à gaz puis brûlés dans des fours crématoires.
La « finale » donne lieu au plus grand génocide de l'histoire, qu'on appelle également . Elle a tué plus de 5 millions de Juifs.
La « finale » donne lieu au plus grand génocide de l'histoire, qu'on appelle également . Elle a tué plus de 5 millions de Juifs.
Il est important de ne pas confondre les camps de concentration, dont l'objectif premier est de séparer de la nation allemande les « races » jugées inférieures, qui y meurent d'épuisement, et les camps d'extermination, qui sont conçus comme des machines à tuer, des usines de mort, dont l'objectif est d'exterminer les personnes qui y sont envoyées.
Exercice n°3
Qui sont les Einsatzgruppen ?
Cochez la bonne réponse.
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Les Einsatzgruppen sont des groupes de tueurs, souvent membres de la SS, mais pas toujours. Ils suivent l'armée allemande dans son avancée en URSS et s'occupent d'exterminer systématiquement les Juifs des villes et des villages occupés, souvent avec l'aide des populations locales. Dans des lieux discrets, souvent en forêt, les Juifs sont exécutés, par balle, d'où le nom de « shoah par balle » donné à ces exécutions destinés à garantir des territoires occupés « Judenfrei » (« sans Juif »).