Texte d'Antoine de Saint-Exupéry, analyse de l'image (sujet inédit)
Énoncé
Texte
Seul à bord de son avion, le narrateur est contraint de se poser au milieu du désert.
« Ici, je ne possédais plus rien au monde. Je n'étais rien qu'un mortel égaré entre du sable et des étoiles, conscient de la seule douceur de respirer…
Et cependant, je me découvris plein de songes.
Ils me vinrent sans bruit, comme des eaux de source, et je ne compris pas, tout d'abord, la douceur qui m'envahissait. Il n'y eut point de voix, ni d'images, mais le sentiment d'une présence, d'une amitié très proche et déjà à demi devinée. Puis, je compris et m'abandonnai, les yeux fermés, aux enchantements de ma mémoire.
Il était, quelque part, un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls, et une vieille maison que j'aimais. Peu importait qu'elle fût éloignée ou proche, qu'elle ne pût ni me réchauffer dans ma chair ni m'abriter, réduite ici au rôle de songe : il suffisait qu'elle existât pour remplir ma nuit de sa présence. Je n'étais plus ce corps échoué sur une grève(1), je m'orientais, j'étais l'enfant de cette maison, plein du souvenir de ses odeurs, plein de la fraîcheur de ses vestibules(2), plein des voix qui l'avaient animée. Et jusqu'au chant des grenouilles dans les mares qui venait ici me rejoindre. J'avais besoin de ces mille repères pour me reconnaître moi-même, pour découvrir de quelles absences était fait le goût de ce désert, pour trouver un sens à ce silence fait de mille silences, où les grenouilles mêmes se taisaient.
Non, je ne logeais plus entre le sable et les étoiles. Je ne recevais plus du décor qu'un message froid. Et ce goût même d'éternité que j'avais cru tenir de lui, j'en découvrais maintenant l'origine. Je revoyais les grandes armoires solennelles de la maison. Elles s'entrouvraient sur des piles de draps blancs comme neige. »
Et cependant, je me découvris plein de songes.
Ils me vinrent sans bruit, comme des eaux de source, et je ne compris pas, tout d'abord, la douceur qui m'envahissait. Il n'y eut point de voix, ni d'images, mais le sentiment d'une présence, d'une amitié très proche et déjà à demi devinée. Puis, je compris et m'abandonnai, les yeux fermés, aux enchantements de ma mémoire.
Il était, quelque part, un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls, et une vieille maison que j'aimais. Peu importait qu'elle fût éloignée ou proche, qu'elle ne pût ni me réchauffer dans ma chair ni m'abriter, réduite ici au rôle de songe : il suffisait qu'elle existât pour remplir ma nuit de sa présence. Je n'étais plus ce corps échoué sur une grève(1), je m'orientais, j'étais l'enfant de cette maison, plein du souvenir de ses odeurs, plein de la fraîcheur de ses vestibules(2), plein des voix qui l'avaient animée. Et jusqu'au chant des grenouilles dans les mares qui venait ici me rejoindre. J'avais besoin de ces mille repères pour me reconnaître moi-même, pour découvrir de quelles absences était fait le goût de ce désert, pour trouver un sens à ce silence fait de mille silences, où les grenouilles mêmes se taisaient.
Non, je ne logeais plus entre le sable et les étoiles. Je ne recevais plus du décor qu'un message froid. Et ce goût même d'éternité que j'avais cru tenir de lui, j'en découvrais maintenant l'origine. Je revoyais les grandes armoires solennelles de la maison. Elles s'entrouvraient sur des piles de draps blancs comme neige. »
Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, 1939.
Image
Source : Maison bulgare. Photographie © Philippe Lehu, 2016. |
Travail sur le texte littéraire et sur l'image
Les réponses aux questions doivent être entièrement rédigées.
Compréhension et compétences d'interprétation
1. Deux lieux sont distingués. En vous appuyant sur des éléments précis du texte, vous montrerez ce qui les oppose.
Relisez le texte et repérez les champs lexicaux (noms, adjectifs, adverbes) qui évoquent des lieux, des paysages ou des décors. Identifiez ces deux lieux et leurs différences en observant les éléments décrits et leur caractérisation (adjectifs, compléments du nom).
2. Montrez en vous appuyant sur des exemples précis des lignes débutant par « Il était, quelque part, un parc » à « où les grenouilles mêmes se taisaient » que l'évocation des souvenirs ravive les sensations du narrateur.
Rappel : les sensations sont perçues par nos cinq sens : la vue (visuel), l'ouïe (auditif), l'odorat (olfactif), le goût (gustatif), le toucher (tactile). Relisez ces lignes et repérez le champ lexical des sensations.
3. « J'avais besoin de ces mille repères pour me reconnaître moi-même. ». Quels sont les « mille repères » dont il s'agit ?
Analysez l'expression « ces mille repères ». L'emploi du déterminant démonstratif « ces » prouve que le narrateur a évoqué les repères un peu avant la phrase débutant par « J'avais besoin de ces mille repères ». Relisez donc le troisième paragraphe. Définition : un repère est une marque, un point, un objet ou un indice qui permet de s'orienter.
4. Selon vous, pourquoi les songes sont-ils comparés à « des eaux de source » ? Aidez-vous de l'ensemble du texte pour répondre.
Rappel : la comparaison établit un rapprochement, un rapport d'analogie entre le comparé (ce qui est comparé ; ici, « les songes ») et le comparant (ce à quoi on le compare ; ici, « des eaux de source ») grâce à un mot-outil (souvent « comme »). Interrogez-vous sur le sens du comparant. Expliquez cette comparaison en identifiant clairement les caractéristiques du comparant (« des eaux de source ») et le point de comparaison (« ils me vinrent sans bruit »). Développez ces explications car on attend de vous une interprétation du texte.
5. Comment comprenez-vous que le texte puisse se terminer sur le mot « neige » ? Appuyez votre réponse sur l'ensemble du texte.
Rappel : la comparaison établit un rapprochement, un rapport d'analogie entre le comparé (ce qui est comparé ; ici, les « draps blancs ») et le comparant (ce à quoi on compare ; ici, « la neige ») grâce à un mot-outil (souvent « comme »). Interrogez-vous sur le sens du comparant. Expliquez cette comparaison en identifiant clairement les caractéristiques du comparant, « neige », et le point de comparaison, « blancs ». Développez ces explications, car on attend de vous une interprétation du texte.
6. Trouvez-vous que ce texte procure une émotion poétique ? Justifiez votre réponse à l'aide d'exemples variés.
Appuyez-vous sur vos réponses précédentes pour construire cette synthèse. Interrogez-vous : qu'est-ce qu'une émotion ? Quel sens donnez-vous à l'expression « émotion poétique » ? Ressentez-vous une telle émotion ? Pour quelles raisons ? Qu'est-ce qui provoque une telle émotion ? N'oubliez pas de citer des passages pour justifier votre réponse.
7.
Lequel des deux lieux du texte évoque cette photographie ? Expliquez pour quelles raisons.
Relisez votre réponse à la question 1 de cette partie. En vous appuyant sur les caractéristiques des deux lieux, précisez lequel se rapproche de cette photographie.
8.
Quelles impressions suscite en vous cette photographie ? Le souvenir d'une maison est-il aussi important pour vous que pour Antoine de Saint-Exupéry ?
Analysez cette image : cadrage, lumière, couleurs, composition, etc. Quelles sensations éprouvez-vous en la regardant ? En quoi stimule-t elle votre imagination (souvenirs, nostalgie, enfance, vacances, etc.) ?
Grammaire et compétences linguistiques
1.
« Il était […] un parc »
a) Quelle remarque pouvez-vous faire sur cette construction grammaticale ?
b) À quel genre narratif vous fait-elle penser ?
a) Observez la construction du début de cette phrase : verbe, sujet, compléments. Identifiez le sujet du verbe. À qui ou à quoi renvoie le pronom « Il » ? Est-ce une construction grammaticale habituelle ? Comment se nomme cette construction ?
b) Rappel : le genre narratif est constitué du roman, de la nouvelle, de la fable, etc. Souvenez-vous de vos lectures d'enfant. Quel genre narratif commence par une formule proche de « Il était, quelque part, un parc… » ?
2.
« enchantements de ma mémoire »
a) Comment le nom « enchantement » est-il formé ?
b) Quel(s) sens donnez-vous ici à ce mot ?
a) Définition : un mot peut se construire par dérivation : on ajoute au radical du mot un préfixe et/ou un suffixe. Repérez les éléments du nom (radical, préfixe, suffixe), en observant la place de chaque élément.
b) Le radical d'un mot construit contient le sens ; toutefois, ce sens principal est modifié par le préfixe et/ou le suffixe. Interrogez-vous : quel est le sens principal du radical ? Quelles modifications sont apportées par le préfixe et/ou le suffixe ? Un mot peut avoir plusieurs sens : il est alors polysémique.
3.
« Je n'étais rien qu'un mortel égaré entre du sable et des étoiles, conscient de la seule douceur de respirer…
Et cependant, je me découvris plein de songes. »
Réécrivez ces deux phrases en remplaçant « je » par « nous » et en procédant à tous les changements nécessaires.
Et cependant, je me découvris plein de songes. »
Réécrivez ces deux phrases en remplaçant « je » par « nous » et en procédant à tous les changements nécessaires.
Effectuez les transformations nécessaires :
- le passage du pronom sujet « je » (singulier) à « nous » (pluriel) implique de modifier l'accord des verbes, en gardant le même temps ; faites attention aux nouvelles terminaisons pour l'imparfait et le passé simple ;
- le passage au pluriel de mots singuliers (nom, déterminant article, adjectif) qui se rapportent au nouveau pronom sujet ;
- le double changement de pronom personnel, sujet et complément, du verbe pronominal « se découvrir ».
Dictée
« Il n'y avait rien d'autre sur la terre, rien, ni personne. Ils étaient nés du désert, aucun autre chemin ne pouvait les conduire. Ils ne disaient rien. Ils ne voulaient rien. Le vent passait sur eux, à travers eux, comme s'il n'y avait personne sur les dunes. Ils marchaient depuis la première aube, sans s'arrêter, la fatigue et la soif les enveloppaient comme une gangue. La sécheresse avait durci leurs lèvres et leur langue. La faim les rongeait. Ils n'auraient pas pu parler. Ils étaient devenus, depuis si longtemps, muets comme le désert, pleins de lumière quand le soleil brûle au centre du ciel vide. »
Jean-Marie Gustave Le Clézio, Désert, 1980.
Rédaction
Vous traiterez au choix l'un des deux sujets de rédaction suivants.
Votre rédaction sera d'une longueur minimale d'une soixantaine de lignes (300 mots environ).
Votre rédaction sera d'une longueur minimale d'une soixantaine de lignes (300 mots environ).
Sujet de réflexion
Pourquoi peut-on avoir besoin de moments de solitude ?
Procéder par étapes
Étape 1. Lisez attentivement le sujet. Repérez et soulignez les mots-clés : « solitude », « avoir besoin », « moments ». Le thème général est le besoin de solitude.Étape 2. Repérez la forme du texte à produire : « Pourquoi », « Vous présenterez votre réflexion dans un développement argumenté et organisé ». Il faut donc respecter :
1. le genre argumentatif : le développement organisé, avec son plan, sa progression, ses analyses, ses arguments et ses exemples ;
2. le temps de l'argumentation : le présent et les temps qui s'y articulent ;
3. la composition en parties et paragraphes ;
4. la longueur imposée : « deux pages (soit une cinquantaine de lignes) ».
Étape 3. Définissez vos arguments car vous devez expliquer, justifier pourquoi on peut avoir besoin de moments de solitude.
Étape 4. Trouvez au moins trois arguments et exemples pour défendre cette thèse : par exemple, la vie moderne, les médias, les réseaux sociaux, l'individualité, etc. Pensez à votre expérience personnelle, aux œuvres que vous avez lues ou vues, étudiées en classe, à la maison.
Étape 5. Établissez le plan de votre argumentation.
- L'introduction présente le thème et pose la question. Passez une ligne avant le développement.
- Le développement expose au moins trois arguments et trois exemples. Un paragraphe développe un argument. Soutenez votre réflexion en utilisant des modalisateurs de certitude (assurément, j'affirme, incontestablement…) ou de nuance (peut-être, sans doute, emploi du conditionnel…), des figures de style comme l'hyperbole, l'énumération, les fausses questions (ou questions rhétoriques) ou le vocabulaire positif, mélioratif pour affirmer ce point de vue. Passez une ligne avant la conclusion.
- La conclusion rappelle que vous avez répondu à la question posée en dressant un bilan rapide.
Étape 7. Relisez-vous pour corriger les erreurs de ponctuation, d'orthographe.
Sujet d'imagination
Ses souvenirs ont redonné courage au narrateur : que décide-t-il de faire ? Racontez la suite du texte.
Procéder par étapes
Étape 1. Lisez attentivement le sujet. Repérez et soulignez les mots-clés : « Ses souvenirs », « redonné courage au narrateur », « faire ».Étape 2. Repérez et encadrez la forme du texte à produire : « Racontez », « la suite du texte ». Il faut donc respecter :
- le genre narratif : le récit, avec sa chronologie, ses péripéties, ses passages descriptifs et parfois monologués (le narrateur est seul ici), sans terminer le récit des aventures du narrateur ;
- la narration à la 1re personne du singulier ;
- le cadre spatio-temporel (désert, xxe siècle, 1939) et la situation du narrateur (obligé d'atterrir dans le désert) ;
- l'effet à produire : une expérience difficile dans un milieu hostile (désert) ;
- les temps du récit (imparfait et passé simple comme principaux temps) ;
- la longueur imposée : « deux pages (soit une cinquantaine de lignes) ».
Étape 4. Établissez le plan de votre rédaction :
- mise en place de la suite du récit (la fin de la nuit, le jour suivant, attitude et sentiments du narrateur, décision d'agir) ;
- les interrogations : que faire dans cette situation ? Attendre les secours ? Essayer de s'en sortir par ses propres moyens ? ;
- choix de l'action, réalisation, difficultés rencontrées, solutions pour les surmonter, poursuite de l'action ;
- expression des divers sentiments et réactions du narrateur ;
- dénouement et conclusion : réussite ou échec ? Perspective d'avenir pour le narrateur.
Étape 6. Relisez-vous et corrigez d'éventuelles erreurs de ponctuation, d'orthographe.
Corrigé
Travail sur le texte littéraire et sur l'image
Compréhension et compétences d'interprétation
1. On identifie deux lieux : le désert (introduction du texte), où se trouve le narrateur [« Ici » et « entre le sable et les étoiles »] et la maison de son enfance [« quelque part » et dans « un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls »]. Ces lieux s'opposent car le désert, c'est la réalité présente du narrateur, tandis que la maison de son enfance, elle, appartient « aux enchantements de [s]a mémoire », au « songe ». En outre, les bruits (voix humaines, chant des grenouilles), les odeurs, l'eau (« les mares »), la « fraîcheur », les présences, la végétation (« sapins noirs et tilleuls »>), les animaux (« des grenouilles »), s'opposent au silence du désert (« ce silence fait de mille silences »), à son aridité, à sa chaleur.
2. Plusieurs sensations sont ravivées par le souvenir de la maison : visuelles (« un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls » ; « une vieille maison » ; « les mares ») ; olfactives (« ses odeurs ») ; auditives (« des voix », « chant des grenouilles », « ce silence fait de mille silences », « se taisaient ») ; tactiles (« la fraîcheur ») ; gustatives (« le goût de ce désert »).
3. Les « mille repères » sont ceux créés par le souvenir de la maison de son enfance, et de son enfance elle-même. Au début du texte, depuis que le narrateur a été contraint de se poser dans le désert, il se sent dépouillé de tout, dépossédé de sa propre histoire, de sa vie, perdu dans cette immensité aride et vide, désorienté : « Je n'étais rien qu'un mortel égaré entre du sable et des étoiles », un « corps échoué sur une grève ». Heureusement une douce présence amicale s'insinue en lui, celle de la maison de son enfance. Alors les souvenirs surgissent, ravivent les sensations du passé, lui rappellent qui il est, d'où il vient. Ces « mille repères », venus de sa mémoire, lui permettent de se reconnaître lui-même, de retrouver son identité, son être, pour ne plus être ce corps échoué, seulement conscient de respirer. On note d'ailleurs l'opposition entre « absence » et « présence » qui confirme cette évolution.
4. Le thème de l'eau est présent dans tout ce passage : « eaux de source », « échoué sur une grève », « des grenouilles dans les mares », « neige ». L'eau joue un rôle essentiel dans le désert, où le voyageur souffre souvent de la soif. Une telle importance explique sans doute cette comparaison. Les songes, les souvenirs sont aussi vitaux que l'eau à l'aviateur isolé dans le désert. Mais la source est aussi jaillissement, écoulement de l'eau surgie des profondeurs de la terre. Les songes, les souvenirs jaillissent eux aussi des profondeurs de la mémoire, involontairement et de manière souterraine ; peu à peu, ils s'insinuent, coulent de plus en plus fort. Enfin, l'eau de source est pure, claire car c'est le point d'origine. Le narrateur remonte vers l'origine, ses racines, son enfance, sa maison, son parc. Cette « eau » fertilise en quelque sorte le désert qui, au départ, était totalement vide, aride, de même que les songes viennent nourrir et redonner du « sens » à celui qui ne se reconnaissait plus.
5. Comme nous l'avons indiqué à la question 4, le thème de l'eau est présent dans tout le texte ; la neige est de l'eau congelée qui tombe en flocons blancs et froids. Ici, le souvenir des piles de draps insiste sur le blanc et la fraîcheur (« la fraîcheur de ses vestibules »). On note plusieurs références au froid, à l'absence de chaleur. Si la chaleur du désert est intense et accablante le jour, la nuit, le froid est piquant et vif : « ni me réchauffer dans ma chair », « un message froid ». Encore une fois, la comparaison est liée à l'environnement du narrateur, à sa situation. Un immense paysage désertique, des dunes de sable blanc peuvent aussi ressembler à un paysage couvert de neige. Le narrateur n'est plus dans le réel, le désert et sa nuit froide, il a plongé dans le passé, dans son enfance, grâce à quelques sensations qui font surgir involontairement les souvenirs et transforment ce réel.
6. Cette page de Terre des hommes procure une émotion poétique grâce à quelques figures de style ou procédés fréquents en poésie : les comparaisons (« comme des eaux de source », « draps blancs comme neige »), les répétitions (« rien », « silence » et « silences »), les symétries de construction avec leurs effets de rythme (« plein du souvenir de ses odeurs, plein de la fraîcheur de ses vestibules, plein des voix qui l'avaient animée », les allitérations (« conscients de la seule douceur de respirer »). On relève même parfois quelques alexandrins : « conscients de la seule douceur de respirer », « Et cependant, je me découvris plein de songes ». Mais l'émotion poétique naît surtout du rapport du narrateur au monde, à l'espace et au temps ; il ne raconte pas les événements qu'il a vécus à la suite de son atterrissage forcé, il évoque ses sensations, le passage du réel à l'imaginaire – voire la confusion des deux –, les enchantements de sa mémoire auxquels il s'abandonne, « les yeux fermés ». Le réel est transformé, transfiguré : les grenouilles ne coassent pas, elles chantent, le « goût même d'éternité » lui vient à la bouche !
7. Cette photographie évoque la maison dont se souvient Saint-Exupéry quand il s'abandonne aux songes dans le désert. On retrouve la vieille maison, le parc, les arbres ; on imagine les bruits, les odeurs, l'ombre rafraîchissante les jours de chaleur.
8. Cette maison, avec son petit jardin, ses pots de fleurs, sa végétation provoque une impression de paix, de quiétude, de simplicité. La végétation n'est pas luxuriante : on aperçoit seulement quelques arbres, de petites haies de buis, une plante grimpante. La vie doit y être simple et tranquille. Mais, comme l'auteur, on imagine l'existence de ceux qui y ont vécu. Le souvenir d'une maison, notamment celle de notre enfance, me paraît très important car nous y avons grandi, rêvé, joué ; nous l'avons remplie de nos cris, de nos joies et de nos chagrins. C'est le lieu où a débuté notre vie, c'est pourquoi il est inoubliable ; la maison est un thème fréquent de l'autobiographie.
Grammaire et compétences linguistiques
1.
a) Cette construction grammaticale est impersonnelle car « il », le sujet du verbe « était », ne renvoie à rien ni personne de précis, d'identifiable ; le vrai sujet (ou sujet réel) du verbe est « un parc » (un parc était quelque part, chargé de sapins noirs…).
b) Cette formule fait penser à la formule d'ouverture du conte traditionnel, « Il était une fois… ».
2.
a) Le radical du nom « enchantement » est « chant », le préfixe « en- » et le suffixe « -(e)ment » sont ajoutés.
b) Un enchantement désigne soit un sortilège, un charme magique, soit un émerveillement, un ravissement. Le narrateur joue sans aucun doute sur la polysémie du mot ; en effet, une douce présence s'insinue peu à peu en lui, comme par la magie des songes ; il ne comprend pas immédiatement ce qui se passe. Mais quand il le comprend, il s'abandonne totalement à l'émerveillement, au ravissement que provoque le souvenir de sa maison d'enfance.
3. Nous n'étions rien que des mortels égarés entre du sable et des étoiles, conscients de la seule douceur de respirer…
Et cependant, nous nous découvrîmes pleins de songes.
Et cependant, nous nous découvrîmes pleins de songes.
Dictée
Cet extrait comporte des verbes à l'imparfait ; les terminaisons sont identiques pour les trois groupes (-ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient) : « Il n'y avait », « aucun autre chemin ne pouvait », « Ils ne disaient rien », « Ils ne voulaient rien », « Le vent passait », « Ils marchaient », « la fatigue et la soif les enveloppaient » (le verbe s'accorde ici avec ses deux sujets coordonnés, « la fatigue et la soif »), « La faim les rongeait » (verbes en -ger : n'oubliez pas le e entre le g et le a ; le pronom personnel « les », placé devant le verbe, est son COD, il ne commande absolument pas l'accord de « rongeait » qui se fait avec le sujet « faim »).Trois verbes sont conjugués au plus-que-parfait de l'indicatif (auxiliaire + participe passé) : « Ils étaient nés » (avec l'auxiliaire être, le participe passé s'accorde avec le sujet) ; « La sécheresse avait durci » (avec l'auxiliaire avoir, le participe passé est généralement invariable ; il ne s'accorde avec le COD que si celui-ci est placé avant le verbe ; ici, le COD « leurs lèvres et leur langue » est placé après le verbe « avait durci », donc le participe passé « durci » ne s'accorde pas - et surtout pas avec le sujet « la sécheresse » !) ; « Ils étaient devenus » (avec l'auxiliaire être, le participe passé s'accorde avec le sujet).
Un verbe est conjugué au conditionnel passé (auxiliaire + participe passé) : « Ils n'auraient pas pu ».
Un verbe est conjugué au présent de l'indicatif : « le soleil brûle » (n'oubliez pas l'accent circonflexe). Trois verbes sont à l'infinitif car ils dépendent :
- d'un autre verbe qui n'est pas l'auxiliaire être ou avoir (« ne pouvait les conduire », « n'auraient pas pu parler » ;
- d'une préposition : « sans s'arrêter ».
Les adjectifs attributs du sujet, introduits par le verbe devenir, s'accordent avec le sujet ; attention, ici, ces adjectifs sont éloignés du verbe par un complément de temps (« depuis si longtemps ») ou de comparaison (« comme le désert ») : « Ils étaient devenus […] muets […] pleins de lumière ».
Plusieurs mots se terminent par une consonne que l'on n'entend pas ; en les mettant au féminin ou en trouvant un mot de la même famille, vous pouvez identifier cette consonne muette : « désert » (désertique), « vent » (venteux, venter), « travers » (traverser), « depuis », « longtemps » (long+temps), « muets » (muettes).
Plusieurs mots comportent une consonne doublée : « terre », « personne », « passait », « comme », « s'arrêter », « enveloppaient », « sécheresse ».
Attention aux homonymes : « n'y avait » (il y avait) / « ni personne » ; « la faim » (affamé) / la fin ; « et » (conjonction de coordination : la fatigue et puis la soif) / est (verbe être).
Écoutez bien les liaisons, elles renseignent sur la terminaison d'un mot : « Ils étaient nés », « aucun autre chemin », « sur eux », « à travers eux », « la première aube », « la fatigue et la soif », « les enveloppaient », « leurs lèvres et leur langue », « Ils étaient devenus », « brûle au centre ».
Rédaction
Sujet de réflexion
« La solitude, ça n'existe pas », chantait autrefois Gilbert Bécaud. En effet, nous vivons constamment avec autrui, dans des groupes plus ou moins importants, liés à des situations ou des lieux de vie : le couple, la famille, l'école, la rue, le quartier, l'immeuble, l'entreprise, le camping, etc. Constamment, nous sommes sous le regard des autres, en contact avec les autres. La vie sociale constitue une dimension essentielle de notre condition d'homme, sans doute plus encore aujourd'hui que par le passé. Or il semblerait que nous ayons besoin de moments de solitude. Pour quelles raisons ?
Tout d'abord, la vie moderne, avec ses progrès techniques, nous relie les uns aux autres grâce au téléphone mobile : nous pouvons être joints partout, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, même pour des motifs futiles. Les SMS, les tweets, les blogs, les réseaux sociaux en général sont devenus des modes de communication omniprésents dans nos vies, au point que notre intimité est difficile à préserver, au point que certains sont harcelés de messages ! On ne pourrait plus se passer de ces échanges. Pourtant, chacun a besoin de calme, de sérénité, besoin de se retrouver seul avec lui-même. Comment imaginer de vivre seulement au milieu de la foule dans la rue, au supermarché, au cinéma, sur la plage des vacances ? Nous devons aussi exister par nous-mêmes et pour nous-mêmes, car trop souvent nous n'existons que dans la dépendance de l'autre, qu'il soit l'ami(e), le mari ou l'épouse, la classe, la bande de copains… Cultiver son jardin secret me paraît essentiel pour développer harmonieusement notre personnalité, notre être, notre singularité. Ainsi, le journal intime est un lieu privilégié de retour sur soi, sur ce que l'on a vécu, ressenti, sur nos rêves et nos aspirations, loin de toute contrainte extérieure. D'ailleurs, de nombreuses personnes tiennent leur journal, et pas uniquement des écrivains.
Cet exemple nous conduit donc à penser que la réflexion, la méditation sont des moments de retrouvailles personnelles qu'il faut respecter. Ainsi, loin de tout comportement grégaire, sans subir l'influence plus ou moins forte de l'autre ou des autres, nous nous recentrons sur notre existence, notre pensée, pour nous écouter, dans le silence et la liberté. Car ce sont des moments de liberté irremplaçables. Certains objecteront peut-être que c'est de l'égoïsme ou de l'individualisme. Eh bien, absolument pas ! On ne doit pas se sentir coupable de prendre du temps pour soi, rien que pour soi. Trop de gens aujourd'hui ont peur du « vide », peur de rester seuls avec eux-mêmes, de penser à leur condition, à la condition humaine et aux problèmes qu'elle pose. Alors ils plongent dans le tourbillon de la vie en groupe, des échanges, dans le vertige d'une communication intense mais superficielle : on communique, on parle, on discute mais en réalité on ne dit rien, rien d'important ; on parle pour parler, pour ne pas rester seul(e), pour maintenir un contact car on craint la solitude, l'isolement ou le rejet. Or la lecture, par exemple, est un acte solitaire qui nous enrichit de la rencontre d'auteurs, de personnages, de destinées singulières ou ordinaires ; elle permet de mieux se connaître, mieux se comprendre, d'explorer des possibilités inconnues.
Enfin, ces moments de solitude nourrissent notre être, l'enrichissent ; cette richesse intérieure, si nous savons la développer, favorise en retour notre sens du réel et des responsabilités, renforce notre vie sociale, notre ouverture aux autres. Nos relations, nos rapports avec autrui n'en sont que meilleurs, plus forts, plus profonds. C'est un peu ce que le poète Baudelaire mettait en pratique quand il parcourait les rues de Paris : il avait besoin d'être parmi les autres, de les observer, mais il savait préserver des moments de solitude positive pour effectuer un retour sur lui-même, riche de ces contacts multiples et variés.
En conclusion, la solitude n'est pas l'isolement, ce n'est pas être abandonné de tous ; elle est une sorte de préparation à la vie sociale, par une authentique découverte de soi, grâce à des moments de totale indépendance, durant lesquels le « moi » se cherche, se connaît, reconnaît ses différences, s'enrichit pour mieux s'ouvrir ensuite sur cette autre dimension de notre condition d'homme : la relation à autrui.
Cet exemple nous conduit donc à penser que la réflexion, la méditation sont des moments de retrouvailles personnelles qu'il faut respecter. Ainsi, loin de tout comportement grégaire, sans subir l'influence plus ou moins forte de l'autre ou des autres, nous nous recentrons sur notre existence, notre pensée, pour nous écouter, dans le silence et la liberté. Car ce sont des moments de liberté irremplaçables. Certains objecteront peut-être que c'est de l'égoïsme ou de l'individualisme. Eh bien, absolument pas ! On ne doit pas se sentir coupable de prendre du temps pour soi, rien que pour soi. Trop de gens aujourd'hui ont peur du « vide », peur de rester seuls avec eux-mêmes, de penser à leur condition, à la condition humaine et aux problèmes qu'elle pose. Alors ils plongent dans le tourbillon de la vie en groupe, des échanges, dans le vertige d'une communication intense mais superficielle : on communique, on parle, on discute mais en réalité on ne dit rien, rien d'important ; on parle pour parler, pour ne pas rester seul(e), pour maintenir un contact car on craint la solitude, l'isolement ou le rejet. Or la lecture, par exemple, est un acte solitaire qui nous enrichit de la rencontre d'auteurs, de personnages, de destinées singulières ou ordinaires ; elle permet de mieux se connaître, mieux se comprendre, d'explorer des possibilités inconnues.
Enfin, ces moments de solitude nourrissent notre être, l'enrichissent ; cette richesse intérieure, si nous savons la développer, favorise en retour notre sens du réel et des responsabilités, renforce notre vie sociale, notre ouverture aux autres. Nos relations, nos rapports avec autrui n'en sont que meilleurs, plus forts, plus profonds. C'est un peu ce que le poète Baudelaire mettait en pratique quand il parcourait les rues de Paris : il avait besoin d'être parmi les autres, de les observer, mais il savait préserver des moments de solitude positive pour effectuer un retour sur lui-même, riche de ces contacts multiples et variés.
En conclusion, la solitude n'est pas l'isolement, ce n'est pas être abandonné de tous ; elle est une sorte de préparation à la vie sociale, par une authentique découverte de soi, grâce à des moments de totale indépendance, durant lesquels le « moi » se cherche, se connaît, reconnaît ses différences, s'enrichit pour mieux s'ouvrir ensuite sur cette autre dimension de notre condition d'homme : la relation à autrui.
Sujet d'imagination
Un frisson parcourut tout mon corps. Jamais je ne reverrais le parc, ses sapins et ses tilleuls, la maison de mon enfance, animée des voix de mes êtres chers… Je sentis alors monter en moi un désir, une volonté de plus en plus farouche de réagir, de ne pas me laisser submerger par le désespoir, de ne pas abandonner la lutte pour survivre, pour vivre. L'énergie de l'enfant que j'avais été, de cet enfant intrépide qui battait sans cesse la campagne, qu'il pleuve ou qu'il vente, m'inondait de sa chaleur bienfaisante. Je me secouai et m'encourageai de la voix : « Tu ne vas pas renoncer, rester coincé ici dans cette immensité de dunes ! Attendre les secours ? Pourquoi ? Avant qu'on comprenne que tu as disparu, que les secours se mettent à ta recherche et qu'on repère ton avion dans cet océan de sable, le soleil t'aura desséché, mon pauvre vieux ! À toi d'agir ! »
Les souvenirs d'enfance m'avaient étrangement redonné courage. Mais que pouvais-je faire ? Impossible de réparer mon avion : je n'avais pas les outils qu'il fallait, ni les pièces nécessaires. Appeler les secours ? Ma radio demeurait désespérément muette. Elle avait certainement souffert lors de mon atterrissage forcé dans ces dunes. Abrité sous une aile de l'appareil, j'envisageais les possibilités de me sortir de cette situation très délicate. Marcher. Marcher vers l'ouest, vers la mer, afin de trouver un point d'eau, une oasis, peut-être un village, ou de rencontrer une caravane de nomades. C'était la seule solution car, avant de me poser, j'avais rapidement calculé ma position. Partir dans les autres directions, c'était s'enfoncer encore plus dans le désert, risquer de s'égarer, de perdre définitivement toute chance d'être secouru, sauvé.
Je levai la tête pour observer le ciel constellé d'étoiles, très brillantes dans cette nuit obscure, loin des lumières de la vie moderne. Je repérai l'ouest. Dans l'avion, je rassemblai tout ce qui pourrait m'être utile : un chapeau pour me protéger du soleil ardent, un grand mouchoir, les quelques vivres que j'avais emportées pour ce vol, un bidon d'eau et une boussole. La charge ne devait pas être trop lourde, sinon elle épuiserait rapidement mes forces.
Je n'attendis pas le lever du jour afin de profiter de la fraîcheur nocturne. Je grimpai au sommet d'une dune. L'immensité du désert s'offrit à mes yeux. Courageusement, je me mis à marcher. Mes pieds s'enfonçaient dans le sable de la dune, rendant la progression lente et difficile. Parfois ils butaient contre une pierre et me déséquilibraient. Peu à peu les ténèbres se déchiraient ; je sentais dans mon dos la chaleur du soleil levant. D'un coup, la lumière jaillit de l'horizon et inonda le monde. Je protégeai ma tête et mon cou des rayons brûlants de l'astre du jour grâce au chapeau et au mouchoir.
Je marchai… marchai… un pas après l'autre. Comme un automate. La fatigue m'accablait. Une pause fut la bienvenue. Je regardai ma montre. Cinq heures s'étaient écoulées depuis que j'avais abandonné mon avion. Quelle distance avais-je parcourue ? Impossible de l'évaluer tant la progression était pénible dans de telles conditions. Le soleil m'éblouissait. La sueur inondait mon corps. Je bus quelques gorgées d'eau et mangeai un biscuit. Je m'assoupissais lorsqu'un bruit familier me tira de ma torpeur. Un moteur ! Un moteur d'avion ! Aussitôt, je bondis, me mis à agiter les bras, à crier, à hurler afin que le pilote me voie, m'entende. Malheureusement, l'appareil poursuivait sa route. Le pilote ne m'avait pas repéré, minuscule fourmi au milieu de cette immensité désertique.
Me cherchait-il ? Avait-il découvert mon avion ? Deux sentiments contradictoires me déchiraient le cœur : le désespoir de me sentir abandonné à mon triste sort et l'espoir de pouvoir être enfin sauvé. Peut-être les débris de mon avion et les traces de mes pas guideraient-ils finalement le pilote vers moi ? Fallait-il attendre ou continuer ma route vers l'ouest ?
Les souvenirs d'enfance m'avaient étrangement redonné courage. Mais que pouvais-je faire ? Impossible de réparer mon avion : je n'avais pas les outils qu'il fallait, ni les pièces nécessaires. Appeler les secours ? Ma radio demeurait désespérément muette. Elle avait certainement souffert lors de mon atterrissage forcé dans ces dunes. Abrité sous une aile de l'appareil, j'envisageais les possibilités de me sortir de cette situation très délicate. Marcher. Marcher vers l'ouest, vers la mer, afin de trouver un point d'eau, une oasis, peut-être un village, ou de rencontrer une caravane de nomades. C'était la seule solution car, avant de me poser, j'avais rapidement calculé ma position. Partir dans les autres directions, c'était s'enfoncer encore plus dans le désert, risquer de s'égarer, de perdre définitivement toute chance d'être secouru, sauvé.
Je levai la tête pour observer le ciel constellé d'étoiles, très brillantes dans cette nuit obscure, loin des lumières de la vie moderne. Je repérai l'ouest. Dans l'avion, je rassemblai tout ce qui pourrait m'être utile : un chapeau pour me protéger du soleil ardent, un grand mouchoir, les quelques vivres que j'avais emportées pour ce vol, un bidon d'eau et une boussole. La charge ne devait pas être trop lourde, sinon elle épuiserait rapidement mes forces.
Je n'attendis pas le lever du jour afin de profiter de la fraîcheur nocturne. Je grimpai au sommet d'une dune. L'immensité du désert s'offrit à mes yeux. Courageusement, je me mis à marcher. Mes pieds s'enfonçaient dans le sable de la dune, rendant la progression lente et difficile. Parfois ils butaient contre une pierre et me déséquilibraient. Peu à peu les ténèbres se déchiraient ; je sentais dans mon dos la chaleur du soleil levant. D'un coup, la lumière jaillit de l'horizon et inonda le monde. Je protégeai ma tête et mon cou des rayons brûlants de l'astre du jour grâce au chapeau et au mouchoir.
Je marchai… marchai… un pas après l'autre. Comme un automate. La fatigue m'accablait. Une pause fut la bienvenue. Je regardai ma montre. Cinq heures s'étaient écoulées depuis que j'avais abandonné mon avion. Quelle distance avais-je parcourue ? Impossible de l'évaluer tant la progression était pénible dans de telles conditions. Le soleil m'éblouissait. La sueur inondait mon corps. Je bus quelques gorgées d'eau et mangeai un biscuit. Je m'assoupissais lorsqu'un bruit familier me tira de ma torpeur. Un moteur ! Un moteur d'avion ! Aussitôt, je bondis, me mis à agiter les bras, à crier, à hurler afin que le pilote me voie, m'entende. Malheureusement, l'appareil poursuivait sa route. Le pilote ne m'avait pas repéré, minuscule fourmi au milieu de cette immensité désertique.
Me cherchait-il ? Avait-il découvert mon avion ? Deux sentiments contradictoires me déchiraient le cœur : le désespoir de me sentir abandonné à mon triste sort et l'espoir de pouvoir être enfin sauvé. Peut-être les débris de mon avion et les traces de mes pas guideraient-ils finalement le pilote vers moi ? Fallait-il attendre ou continuer ma route vers l'ouest ?