Texte de Célestine Hitiura Vaite, analyse de l'image (sujet inédit)

Énoncé

Texte
Dans ce chapitre, Loana, la mère de l'héroïne se souvient de sa demande en mariage à Tahiti. Voici l'histoire de la demande en mariage de Loana.
« Après la mort de sa mère, Loana est allée vivre chez une tatie éloignée et son mari, un Irlandais. La tatie et son mari étaient des catholiques très pratiquants. […]
Ils allaient à la messe à Sainte-Thérèse, et Tatie a inscrit Loana à la chorale de la paroisse parce qu'à son avis, Loana avait une voix magnifique et puis une fille qui chante pour le Bon Dieu a toutes les chances de se pêcher un bon mari – à l'église. Tatie, elle, n'avait pas rencontré son mari à l'église mais c'était une bonne prise quand même. Elle avait eu de la chance.
Alors Loana chantait dans la chorale à l'église tous les dimanches matin.
Un beau jour, Auguste et sa famille ont commencé à venir régulièrement à la messe à Sainte-Thérése – avant, ils allaient à la cathédrale.
Pour Auguste, ça a été le coup de foudre. Tous les dimanches il était là, assis au premier rang, et il admirait Loana : il ne faisait que ça. Elle ne le remarquait même pas, elle était trop occupée avec les cantiques(1).
Un jour, juste après la messe, la mère d'Auguste a engagé la conversation avec la tatie de Loana. Elle voulait en savoir un peu plus sur la jeune fille, et Tatie a dit : « Ah ma nièce, c'est une très bonne fille. Elle va à la messe tous les dimanches – c'est pas le genre à traîner sur la route. » Les deux femmes ont causé un bon moment et se sont quittées en s'embrassant comme si elles se connaissaient depuis toujours.
Le dimanche suivant, on a fait des présentations dans les règles et après ça, cinq dimanches de suite, Auguste et Loana ont fait la causette devant l'église après la messe.
Un jour, en rentrant de l'église, Tatie, avec un clin d'œil, a dit en riant à Loana : « Tu as pêché une sacrée pièce, ma fille. »
Il y a eu une demande en mariage et la tatie comptait bien sûr que Loana dirait oui, parce qu'Auguste venait d'une famille très respectable, et qu'il avait un bel avenir devant lui comme instituteur. C'était aussi un catholique très pratiquant et, en plus, il avait un visage agréable et des manières irréprochables.
Tatie dit à Loana : « Pense à cette demande en mariage, ma fille. Il faut y penser sérieusement. »
En attendant, on a décidé que le jeune homme viendrait en visite. C'est Tatie qui avait fixé la date et l'heure.
Auguste est arrivé à six heures précises comme l'avait demandé Tatie – il est arrivé avec une plante en pot pour Tatie, qui ne s'y attendait pas du tout.
Ils se sont assis à la table de la cuisine : Auguste et Tatie d'un côté et Loana de l'autre. »
Célestine Hitiura Vaite, L'Arbre à pain, Au vent des îles, 2002.

Image
À partir du sujet de Polynésie, septembre 2013 - illustration 1
Source : Le Douanier Rousseau, La Noce. © Wikimedia Commons/Domaine public.
Travail sur le texte littéraire et sur l'image
Les réponses aux questions doivent être entièrement rédigées.
Grammaire et compétences linguistiques
1. 
« Des catholiques très pratiquants »
a) Expliquez le mot « pratiquants ».
b) Donnez deux mots de la même famille.
a) Un mot peut avoir plusieurs sens selon le contexte où il est employé : on pratique un sport, un instrument de musique. Quel sens a ce mot quand il s'agit de religion ?
b) Pour former des mots de la même famille, on repère le radical puis on change le suffixe ou on ajoute un préfixe.
2. 
« Alors Loana chantait […] »
a) À quel temps est conjugué le verbe ?
b) Quelle est la valeur de ce temps ?
c) Relevez un indice temporel qui justifie cette valeur.
a) Pour identifier un temps, on observe la terminaison, la présence éventuelle d'un suffixe ; on définit aussi le contexte dans lequel ce temps est employé : ici, il s'agit d'un roman (voir le titre du livre).
b) Chaque temps possède une ou plusieurs valeurs ; par exemple, le présent employé dans un proverbe exprime une vérité générale : La nuit porte conseil.
c) La valeur d'un temps est parfois renforcée par un indice temporel ; par exemple, l'adverbe « bientôt » renforce la valeur de futur immédiat ou proche du présent : J'arrive bientôt. Repérez l'indice temporel dans la phrase du texte. Quel sens a-t-il ?
3. 
« Coup de foudre »
Expliquez cette expression ; dans quel sens est-elle employée ?
Un mot ou une expression peuvent avoir un sens propre et un sens figuré. Auguste a-t-il été frappé par la foudre, par un éclair, lors d'un orage ?
4. 
« Il admirait Loana : il ne faisait que ça. »
Remplacez les deux points par un mot coordonnant dont vous donnerez la nature.
Un mot coordonnant est une conjonction de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) ou un adverbe de liaison (puis, ensuite, cependant, etc.). Ces mots possèdent une valeur temporelle ou logique (opposition, addition, cause, etc.). Interrogez-vous sur la valeur des deux points employés pour lier les deux propositions.
5. 
Tatie a dit : « Ah ma nièce, c'est une très bonne fille. Elle va à la messe tous les dimanches […] »
Quelle forme de discours reconnaissez-vous ? Justifiez.
Rappel : les paroles sont rapportées de trois manières : discours direct, indirect, indirect libre. Chaque discours possède des caractéristiques propres : ponctuation, guillemets, temps verbaux, pronoms personnels, verbe introducteur. Observez et relevez les caractéristiques de cette phrase pour identifier le type de discours rapporté.
6. 
Transformez ce passage en discours indirect. Vous commencerez votre phrase par : Tatie a dit que…
Définition : le discours indirect transforme les paroles rapportées pour les intégrer dans le récit sous la forme d'une proposition subordonnée introduite par un verbe de parole. Vous devez modifier le temps des verbes « est » et « va » (en concordance avec « a dit »), et la personne du déterminant possessif « ma nièce ». Pouvez-vous garder tous les mots de la phrase ?
7. 
« Des manières irréprochables »
Décomposez le mot « irréprochables » et donnez son sens.
Un mot dérivé est formé d'un radical auquel on ajoute un préfixe, un suffixe ou les deux. Chaque partie du mot a un sens. Quel sens a le radical ? Quelles nuances les éléments ajoutés apportent-ils ?
8. 
« Pense à cette demande en mariage […] »
Quel est le mode utilisé dans cette phrase ? Quelle est sa valeur ?
Il existe plusieurs modes verbaux : indicatif, subjonctif, conditionnel, impératif, infinitif, participe. Certains ne se conjuguent pas avec les pronoms personnels (je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles). Observe la forme verbale « Pense ». Les modes expriment certaines valeurs.
9. 
« Qui avait fixé la date et l'heure. »
Donnez la nature et la fonction de cette proposition.
Une subordonnée est introduite par un mot subordonnant : conjonction de subordination, mot interrogatif (conjonction, adverbe, pronom, déterminant), mot relatif (pronom, adverbe). Repérez le mot subordonnant de cette proposition. Identifiez-le en relisant la phrase concernée. De quoi dépend cette subordonnée ? D'un verbe ? D'un nom ?
10. 
« En attendant, on a décidé que le jeune homme viendrait en visite. C'est Tatie qui avait fixé la date et l'heure.
Auguste est arrivé à six heures précises comme l'avait demandé Tatie – il est arrivé avec une plante en pot pour Tatie, qui ne s'y attendait pas du tout.
Ils se sont assis à la table de la cuisine : Auguste et Tatie d'un côté et Loana de l'autre. »
Réécrivez le texte à partir de « En attendant » et jusqu'à la fin en remplaçant « le jeune homme », « Auguste » et « ils se sont assis » par le pronom personnel « elles ». Vous effectuerez tous les changements nécessaires.
Effectuez toutes les modifications rendues nécessaires par le passage du masculin singulier (« Auguste », « le jeune homme ») au féminin pluriel (« elles »). Attention, il n'y a désormais que des personnages féminins autour de la table.
Compréhension et compétences d'interprétation
1. 
Pourquoi la mère d'Auguste rencontre-t-elle la tatie de Loana ? Relevez des éléments du texte.
Relisez le texte surtout à partir de « Un jour, juste après la messe… ». Interrogez-vous. Quels sont les projets de Tatie et de la mère d'Auguste ? Repérez et relevez les indices qui expliquent les raisons de cette rencontre. Relisez aussi l'introduction du texte en italique.
2. 
« Tu as pêché une sacrée pièce […] »
De qui parle la Tatie ? Quel trait de caractère de la Tatie cette remarque révèle-t-elle ?
Relisez le deuxième paragraphe pour répondre. Définissez le trait de caractère de Tatie en vous appuyant sur le sens de la métaphore « pêché une sacrée pièce ». Est-il question d'amour ici ?
3. 
Pourquoi est-il important qu'Auguste vienne « d'une famille très respectable » ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte.
Pour répondre, relisez votre réponse de la question 2 de cette partie. Repérez et relevez les passages qui justifient votre réponse (la famille d'Auguste est très pratiquante…).
4. 
Sur quels critères se marie-t-on selon la Tatie ? Rédigez votre réponse en tenant compte de vos réponses précédentes.
Rédigez une synthèse de vos analyses et réponses précédentes, notamment 1 et 7 de la partie grammaire et 1, 2 et 3 de cette partie.
5. 
Quel thème le texte et le tableau traitent-ils ?
Relisez le texte et l'introduction ; observez le tableau et son titre. Quel est le thème commun ?
6. 
Quelles impressions ce tableau suscite-t-il en vous ?
Observez la composition du tableau : plans, personnages, décor, attitudes, événement, etc. Quelles sensations éprouvez-vous en le regardant ? En quoi aiguise-t-il votre intérêt ?
Dictée
« Auguste est tombé à genoux et il a dit à Loana : « Je te jure que je ferai de toi une femme heureuse. »
Mais un soir que Loana était assise sous la véranda, en train de réfléchir, elle s'est rendu compte qu'elle n'avait pas envie d'être la femme d'Auguste. Elle n'éprouvait rien pour lui et elle savait que normalement on éprouve quelque chose pour l'homme qu'on va épouser. Elle savait, par exemple, que lorsque Tatie avait rencontré Gordon pour la première fois, elle s'était dit : « Cet homme-là, il est pour moi. Cet homme-là, je veux de lui ! » »
Célestine Hitiura Vaite, L'Arbre à pain, Au vent des îles, 2002.

Rédaction
Vous traiterez au choix l'un des deux sujets de rédaction suivants.
Votre rédaction sera d'une longueur minimale d'une soixantaine de lignes (300 mots environ).
Sujet de réflexion
Pensez-vous que la société moderne pose un regard positif et bienveillant sur le mariage arrangé ?
Procéder par étapes
Étape 1. Lisez attentivement le sujet. Repérez et soulignez les mots-clés : « la société moderne », « regard positif et bienveillant », « mariage arrangé ». Le thème est le mariage arrangé.
Étape 2. Repérez la forme du texte à produire : « Pensez-vous… ? ». Vous présenterez votre réflexion sur le thème en un développement organisé et argumenté même si le sujet ne le précise pas. Il faut donc respecter :
  • le genre argumentatif : le développement organisé, avec sa progression, ses analyses et ses arguments, ses exemples ;
  • le temps de l'argumentation : le présent et les temps qui s'articulent avec lui ;
  • la composition en parties et paragraphes.
Étape 3. Définissez votre point de vue, votre réponse, votre thèse.
Thèse 1. Oui, de nos jours, la société porte un regard positif et bienveillant sur le mariage arrangé. Trouvez au moins trois arguments et exemples pour défendre cette thèse (par exemple, les jeunes ne sont pas assez expérimentés, mûrs pour choisir leur conjoint ou conjointe).
Thèse 2. Non, de nos jours, la société ne porte pas un regard positif et bienveillant sur le mariage arrangé. Trouvez au moins trois arguments et exemples pour défendre cette thèse (par exemple, le mariage arrangé conduit à un échec assuré car l'union repose sur un arrangement économique et non sur la liberté ou l'amour).
Étape 4. Trouvez d'autres idées et arguments pour défendre la thèse choisie : qu'est-ce qui peut justifier un mariage arrangé ? Des intérêts sociaux, financiers ? Mariage arrangé ou mariage forcé ? Pensez aux œuvres que vous avez lues ou étudiées en classe, à la maison. Par exemple, certaines pièces de Molière.
Étape 5. Établissez le plan de votre argumentation :
  • L'introduction présente le thème et pose la question. Passez une ligne avant le développement.
  • Le développement expose votre point de vue, soutenu par au moins trois arguments et trois exemples. Un paragraphe développe un argument. Défendez votre thèse en utilisant des modalisateurs de certitude (assurément, j'affirme, incontestablement…) ou de nuance (peut-être, sans doute, emploi du conditionnel…), des figures de style comme l'hyperbole, l'énumération, les fausses questions (ou questions rhétoriques) ou le vocabulaire positif, mélioratif pour affirmer votre point de vue. Passez une ligne avant la conclusion.
  • La conclusion rappelle que vous avez répondu à la question posée en dressant un bilan rapide.
Étape 6. Rédigez en matérialisant les parties (sauts de ligne, retours à la ligne).
Étape 7. Relisez-vous.
Sujet d'imagination
Racontez la suite du texte, en tenant compte du cadre spatio-temporel ; vous respecterez les personnages, leur caractère, le temps des verbes.
Vous inclurez un dialogue argumenté où Loana donne son avis, sa réponse et ses sentiments sur son éventuelle union avec Auguste.
Vous donnerez au moins trois arguments en accord ou non avec la proposition d'Auguste.
Votre texte sera structuré en paragraphes.
Procéder par étapes
Étape 1. Lisez attentivement le sujet. Repérez et soulignez les mots-clés.
Étape 2. Repérez et encadrez la forme du texte à produire : « Racontez », « la suite du texte », « un dialogue argumenté », « Loana donne son avis, sa réponse et ses sentiments », « union éventuelle avec Auguste ». Il faut donc respecter :
  • la situation : demande en mariage, mariage arrangé ;
  • le genre narratif : le récit, avec son cadre spatio-temporel, sa chronologie, ses péripéties, ses passages descriptifs et son dialogue obligatoire, les personnages et leur caractère ;
  • la narration à la 3e personne ;
  • le dialogue argumentatif de Loana : acceptation ou refus du mariage (trois arguments au moins) ;
  • les temps du récit (ici imparfait et passé composé comme principaux temps) ;
  • la ponctuation, les temps et les personnes du dialogue (discours direct).
Étape 3. Trouvez des idées : déroulement de la rencontre, attitude et réactions des trois personnages, prise de parole de Loana, sa décision (oui ou non) et ses arguments (je suis trop jeune, je ne t'aime pas, etc.), réactions des autres personnages, sentiments (joie, déception, colère, etc.).
Étape 4. Établissez le plan de votre rédaction :
  • mise en place de la suite du récit (la cuisine, la table, attitude des personnages) ;
  • déclenchement de la prise de parole (qui parle en premier ? que dit-il/elle ?), discours argumenté de Loana ;
  • expression des divers sentiments et réactions ;
  • dénouement et conclusion : perspective d'avenir (mariage de Loana, départ de Loana ?).
Étape 5. Rédigez votre texte en formant des paragraphes pour les différentes parties.
Étape 6. Relisez-vous et corrigez d'éventuelles erreurs de ponctuation, d'orthographe.
(1)Cantique : chant religieux.

Corrigé

Travail sur le texte littéraire et sur l'image
Grammaire et compétences linguistiques
1. 
a) Le mot « pratiquants » signifie « qui observent les règles et les rites d'une religion » ; par exemple, un catholique pratiquant va régulièrement à la messe, respecte l'enseignement de la Bible.
b) L'adverbe pratiquement et l'adjectif praticable appartiennent à la même famille que « pratiquant ».
2. 
a) Ce verbe est conjugué à l'imparfait de l'indicatif.
b) La valeur de l'imparfait est ici l'habitude, la répétition.
c) Le complément circonstanciel de temps « tous les dimanches matin » justifie cette valeur d'habitude.
3. L'expression « coup de foudre » désigne un amour soudain et irrésistible. Elle est employée dans un sens figuré.
4. Il admirait Loana, donc il ne faisait que ça. Le mot de liaison est une conjonction de coordination.
5. Cette façon de rapporter les paroles est le discours direct ; il est introduit par le verbe « a dit », suivi des deux points. Les paroles rapportées sont entre guillemets ; on note aussi l'emploi du présent et les marques de 1re personne, le déterminant possessif « ma ».
6. Tatie a dit que sa nièce était une très bonne fille, qu'elle allait à la messe tous les dimanches et que ce n'était pas le genre à traîner sur la route.
7. L'adjectif « irréprochables » est composé d'un préfixe négatif ir-/in-, du radical reprocher et du suffixe -able. Cet adjectif signifie que l'on ne peut rien reprocher aux manières d'Auguste : elles sont bonnes et belles.
8. Le mode du verbe « pense » est l'impératif. Il a une valeur d'ordre, de conseil insistant car Tatie ajoute : « Il faut y penser sérieusement ».
9. « Qui avait fixé la date et l'heure » est une proposition subordonnée relative ; dans la construction emphatique « c'est… qui », la relative est complément de l'antécédent « Tatie ».
10. En attendant, on a décidé qu'elles viendraient en visite. C'est Tatie qui avait fixé la date et l'heure. Elles sont arrivées à six heures précises comme l'avait demandé Tatie – elles sont arrivées avec une plante en pot pour Tatie, qui ne s'y attendait pas du tout. Elles se sont assises à la table de la cuisine : elles et Tatie d'un côté et Loana de l'autre.
Compréhension et compétences d'interprétation
1. La famille d'Auguste, qui fréquentait la cathédrale, est venue régulièrement à Sainte-Thérèse, pour voir et écouter Loana. Puis, un jour, la mère d'Auguste « a engagé la conversation avec la tatie de Loana ». Elle se renseigne sur la jeune fille : « Elle voulait en savoir un peu plus ». Son intention est de marier Auguste à Loana. Depuis le début du texte, il est question de « se pêcher un bon mari ».
2. La « sacrée pièce » désigne Auguste. Elle veut dire que ce garçon est un parti très intéressant pour un mariage. La tante de Loana se montre intéressée, soucieuse des aspects matériels : situation sociale, profession d'Auguste, argent, biens…
3. Il est important qu'Auguste vienne « d'une famille respectable », c'est-à-dire respectée pour sa supériorité sociale (« il avait un bel avenir devant lui comme instituteur »), sa pratique de la religion catholique (« un catholique très pratiquant »), son honorabilité ; Auguste a aussi grâce à sa bonne éducation « des manières irréprochables ». Ainsi Loana fera un très bon mariage, elle qui est orpheline.
4. Selon la tatie, on se marie suivant des critères sociaux et professionnels, moraux : il faut appartenir à une bonne famille, honorable, avoir une bonne situation, un bon métier, d'excellentes manières. Les critères sont aussi religieux : il faut être un catholique pratiquant. Enfin, Tatie évoque un critère physique : « il avait un visage agréable ».
5. Les deux documents traitent du mariage.
6. Le tableau ressemble à une photographie de mariage : le peintre représente les mariés et leur famille, dans un décor champêtre (arbres en arrière-plan). Les personnages sont sérieux, les attitudes un peu figées car c'est un moment important, émouvant de la vie humaine. C'est une peinture assez naïve, par la simplicité du décor, la succession des plans (du chien aux arbres et au ciel bleu), le choix de quelques couleurs.
Dictée
Plusieurs verbes se conjuguent avec l'auxiliaire être. Le participe passé s'accorde avec le sujet : « Auguste est tombé », « Loana était assise ». Le participe passé ne s'accorde pas : « elle s'est rendu compte », « elle s'était dit » (c'est comme si le verbe était suivi d'un COD et d'un COS : elle avait rendu compte à elle-même, elle avait dit quelque chose à elle-même).
Plusieurs verbes sont conjugués à l'imparfait de l'indicatif, à la 3e personne du singulier : « elle n'avait pas », « elle n'éprouvait rien », « elle savait ». Attention : « je ferai » est au futur simple.
Au présent de l'indicatif, le verbe vouloir se termine par un -x : « je veux » (tu veux).
Le verbe aller sert parfois d'auxiliaire, il est suivi de l'infinitif : « on va épouser ».
Les noms genou, hibou, chou, caillou, bijou, joujou, pou prennent un x au pluriel.
Il ne faut pas confondre la préposition à et a (3e personne du présent de avoir) : « à genoux », « à Loana » ; « il a dit ».
Plusieurs mots se terminent par une consonne que l'on n'entend pas ; en mettant au féminin ou en cherchant un mot de la même famille, on peut identifier cette consonne : « dit » (dite), « sous » (soustraire, souscrire).
Quelques mots ont une orthographe source fréquente d'erreurs ou de confusions avec un homonyme : « est » / « et », « toi » (toit), « heureuse », « en train de » (entrain), « s'est » (c'est), « compte » (conte, comte), « fois » (foi, foie).
« Cet homme-là » : devant un mot masculin commençant par une voyelle ou un h non aspiré, on emploie le démonstratif cet : ce livre, cet ouvrage, cet habit. Il ne faut pas le confondre avec le féminin : cette femme, cette avenue, cette habitude. Notez le trait d'union et l'accent grave sur .
Rédaction
Sujet de réflexion
Plusieurs débats agitent notre société depuis quelque temps ; ils portent en particulier sur la famille, sur la place de la femme, l'égalité entre les sexes. La question du mariage revient régulièrement dans ces discussions : les couples mariés résistent-ils au temps et à l'usure du quotidien ? Est-il nécessaire de se marier pour vivre en couple ? Un aspect de ce sujet retient notre attention encore aujourd'hui : le mariage arrangé. Quel regard notre société porte-t-elle sur cette forme d'union ?
Les mariages arrangés existaient dans les siècles passés dans les familles royales pour des raisons politiques, ou encore économiques dans les familles aisées de la bourgeoisie et parfois même chez les paysans. Molière a d'ailleurs évoqué ce sujet dans plusieurs de ses comédies : L'Avare, L'École des femmes, par exemple. On aurait pu croire que cette pratique avait disparu dans notre société moderne. Sans doute les jeunes filles aimeraient-elles pouvoir choisir librement leur futur époux mais certaines influences, certaines traditions, certaines valeurs, l'autorité paternelle contribuent à faire perdurer le mariage arrangé. Comme dans le roman de Célestine Hitiura Vaite, les parents ont le projet d'un bon mariage avec le fils d'une famille respectable, à la situation aisée si possible, et d'une réputation irréprochable. Tout est organisé, planifié, décidé par les parents, parfois avant même que les jeunes gens se rencontrent. Où sont la spontanéité du coup de foudre, la découverte progressive de l'autre ? C'est une conception des rapports amoureux très différente. D'ailleurs certains, jeunes filles ou jeunes hommes, pensent quelquefois qu'ils manquent d'expérience, de lucidité pour bien choisir celui ou celle qui va partager leur vie ; c'est pourquoi ils acceptent l'arrangement passé entre les parents, soucieux de ne pas les décevoir, conscients que c'est dans l'intérêt du futur époux ou de la future épouse. Cependant, il arrive que la pression se fasse plus forte, que le choix soit irrévocable. On s'oriente alors vers un mariage forcé. Sans tomber dans les excès d'un féminisme étroit, des réactions, des protestations s'élèvent aujourd'hui de plus en plus contre cette forme de « violence » faite aux femmes principalement, cette atteinte à la liberté de chacune de choisir un mari, ce non-respect des droits individuels. Il est vrai que le développement de la scolarité, la poursuite d'études, l'accès des femmes au monde du travail favorisent chez elles un désir d'émancipation, d'autonomie, de liberté, d'égalité. De plus, le mariage est un acte majeur dans la vie des hommes, un moment de bonheur dans la vie d'un couple, ce qui n'est guère compatible avec une union arrangée. Par ailleurs, le mariage est codifié par la loi afin que les droits et libertés soient respectés. L'échange des consentements témoigne du choix librement consenti par les époux. Avoir le choix, c'est pouvoir accepter ou refuser le projet que l'on a négocié pour vous, à votre place. Un mouvement général, impulsé par les jeunes eux-mêmes, hommes et femmes, vers une plus grande participation dans le choix de leur conjoint semble s'imposer de nos jours. Cette évolution est inévitable ; elle n'est ni un manque de respect des parents ni une absence d'amour filial, elle est la manifestation d'une volonté de prendre en main sa destinée, son projet de vie, car on conçoit difficilement que le mariage se transforme en amour, alors que l'on sait bien que l'amour se transforme en mariage.
En conclusion, la société moderne ne porte pas un regard positif et bienveillant sur le mariage arrangé dans la mesure où il heurte trop les principes et valeurs largement défendus, la liberté individuelle, le droit de chacun à un choix libre, l'égalité entre homme et femme.
Sujet d'imagination
Tous trois se regardaient en silence, conscients de ce qui se jouait dans cette rencontre. Leur avenir. Comme à l'église, Auguste admirait Loana, n'osant prendre la parole le premier. Plusieurs minutes se sont écoulées. Alors Tatie, impatiente, a lancé la discussion en demandant à sa nièce ce qu'elle pensait de la proposition de mariage. Dans la tête de Loana, les idées se bousculaient. Devait-elle accepter et ainsi satisfaire Tatie ? Devait-elle refuser l'offre, au risque de décevoir sa tante et de s'attirer sa colère ? Que deviendrait-elle si Tatie la chassait de chez elle ? C'était une véritable tempête sous le crâne de la jeune fille.
Auguste, lui, n'espérait qu'une chose, que Loana dise oui, car il était fou d'elle depuis le premier jour où il l'avait aperçue. Il n'avait aucun doute, elle était la femme de sa vie. Prenant son courage à deux mains, il a demandé d'une voix tremblante : « Loana, veux-tu m'épouser ? Je te promets de te rendre heureuse toute notre vie. »
Tatie était contente qu'Auguste ait réussi à vaincre sa timidité ; elle espérait que sa nièce était convaincue et allait accepter ce mariage. Loana a regardé sa tatie puis a fixé Auguste dans les yeux.
« Je te remercie de ta proposition et je sais que tu es sincère quand tu affirmes que tu feras tout pour me rendre heureuse. J'ai conscience que vous tous attendez beaucoup de moi mais je dois refuser cette offre. Ce n'est pas ce que j'imagine pour ma vie future : je ne me vois pas mariée aussi jeune. Le mariage, maintenant, fermerait mon horizon, or je rêve de liberté, d'évasion, de voyage. Je ne veux pas rester ici à Tahiti, je veux découvrir d'autres pays. Partir ! J'aime mon île mais le monde est vaste. Et puis j'ai l'intention de poursuivre des études, et si possible des études supérieures, obtenir un diplôme, exercer un métier que j'aime et que j'aurai choisi. L'existence de femme au foyer, attendant le retour de son mari, lui préparant de bons petits plats, tenant la maison propre et en ordre, comme le fait ta mère par exemple, ne me satisfera pas, j'en ai la certitude absolue. Et je ne suis pas prête à devenir mère car je sais que nos familles insisteront pour que nous ayons des enfants rapidement. Non, je t'en prie… laisse-moi terminer. Si tu m'interromps, je crois que je n'aurai pas la force de tout expliquer. Il y a tant de choses à voir dans ce monde et j'espère pouvoir les admirer. Mais le plus important à mes yeux est que je veux choisir moi-même l'homme de ma vie. Tu ferais sans doute un bon mari, attentionné, ta situation te permettrait de m'apporter le confort matériel, la sécurité. Moi, je veux l'amour, le coup de foudre, la passion. Je veux sentir le frisson de tout mon être quand je verrai l'aimé, quand j'entendrai sa voix. Certes ce sont peut-être des rêves de jeune fille romanesque ou romantique mais c'est mon choix. Je crains qu'avec toi, Auguste, le mariage ne se transforme jamais en amour. Je lis la déception dans tes yeux, je ne peux t'offrir que mon amitié. »
Auguste était devenu pâle, immobile sur sa chaise. Soudain, il s'est levé et, en silence, a quitté la maison. Loana se retrouvait seule avec Tatie et redoutait sa réaction. Allait-elle la jeter dehors, elle qui apportait le déshonneur sur sa maison ?