Quels facteurs contribuent à expliquer la mobilité sociale ? (dissertation)
Énoncé
Dissertation.
Quels facteurs contribuent à expliquer la mobilité sociale ?
Quels facteurs contribuent à expliquer la mobilité sociale ?
Document 1
Table de destinée : catégorie socioprofessionnelle du fils en fonction de celle du père en 2003 (données en gras) et en 1977 (données en italique) | Catégorie socioprofessionnelle du père | ||||||
CSP du fils | Agriculteur | Artisan, commerçant, chef d'entreprise | Cadre et profession intellectuelle supérieure | Profession intermédiaire | Employé | Ouvrier | Ensemble |
Agriculteur | 22 36 | 1 2 | 0 2 | 0 1 | 0 1 | 1 2 | 4 11 |
Artisan, commerçant, chef d'entreprise | 6 8 | 21 29 | 6 11 | 8 9 | 7 8 | 8 8 | 9 11 |
Cadre et profession intellectuelle | 9 3 | 22 14 | 52 48 | 33 23 | 22 15 | 10 4 | 19 9 |
Profession intermédiaire | 17 8 | 24 19 | 26 25 | 33 36 | 28 29 | 23 17 | 24 18 |
Employé | 9 6 | 9 8 | 6 6 | 9 11 | 17 15 | 12 9 | 11 9 |
Ouvrier | 37 39 | 24 28 | 9 8 | 17 19 | 26 31 | 46 60 | 34 42 |
Ensemble | 100 100 | 100 100 | 100 100 | 100 100 | 100 100 | 100 100 | 100 100 |
Champ : Hommes actifs ayant un emploi ou ancien actifs ayant eu un emploi, âgés de 40 à 59 ans, en 1977 et en 2003.
Source : Données sociales, INSEE, 2006.
Document 2
Source : Olivier MARCHAND, « 50 ans de mutations de l'emploi », INSEE Première, n° 1312, septembre 2010. |
Document 3
Part des diplômés et part des cadres selon l'origine sociale en % | Part des diplômé(e)s | Part des cadres trois ans après l'obtention du diplôme |
Enfants dont le père est cadre | | |
Bac + 5 et plus | 37 | 73 |
Bac + 3 et + 4 | 18 | 29 |
Bac + 2 | 18 | 8 |
| | |
Enfants dont le père n'est pas cadre | | |
Bac + 5 et plus | 11 | 62 |
Bac + 3 et + 4 | 12 | 25 |
Bac + 2 | 19 | 7 |
Champ : Diplômés du supérieur en emploi à la date de l'enquête dont la profession du père est connue.
Source : « Quand l'école est finie... », CEREQ, Enquête 2010.
Lecture : 37 % des jeunes dont le père est cadre achèvent leurs études avec un diplôme de niveau bac + 5, parmi eux 73 % sont eux-mêmes cadres trois ans plus tard.
Document 4
La bonne méthode
Mobiliser des connaissances issues du chapitre sur la mobilité sociale et du chapitre sur l'écoleMontrer au correcteur que l'on sait lire une table de mobilité
Ce qu'il ne faut pas faire
Oublier d'évoquer la mobilité structurelleNe raisonner qu'en termes de mobilité sociale ascendante
Corrigé
Introduction
Henri Mendras a montré que, durant la période 1954-1985, les classes populaires ont connu un mouvement d'up-grading, c'est-à-dire une mobilité sociale collective ascendante, compressant ainsi la structure sociale « par le bas ».La mobilité sociale désigne le changement de position sociale d'un individu ou d'un groupe social. La mobilité sociale peut être horizontale ou verticale, intragénérationnelle ou intergénérationnelle, etc. Pour étudier la mobilité sociale entre générations, les sociologues utilisent des tables de mobilité.
Aujourd'hui en France, quels sont les facteurs qui contribuent à expliquer la mobilité sociale ? Dans un premier temps, nous montrerons que l'évolution de la structure socioprofessionnelle contribue à la mobilité sociale. Dans un second temps, nous verrons que la mobilité sociale s'explique par les niveaux de formation. Enfin, nous étudierons le rôle de la famille dans la mobilité sociale.
Plan détaillé du développement
I. La mobilité sociale s'explique par les évolutions de la structure socioprofessionnelle
1.
La structure des emplois s'est transformée en France depuis les années 1960…
• Baisse des indépendants, salarisation (document 2).
• Tertiarisation (document 2).
• Augmentation de la qualification des emplois (document 2).
2.
…ce qui a provoqué une mobilité sociale structurelle.
• Il existe une mobilité « obligatoire » des fils d'agriculteurs vers d'autres groupes en raison de la baisse du travail dans le secteur agricole (document 1 : en 2003, seuls 22 % des fils d'agriculteurs sont eux-mêmes devenus agriculteurs).
• La reproduction sociale (lecture des chiffres de la diagonale de la table de destinées, document 1) se réduit pour les ouvriers (baisse de 14 points entre 1977 et 2003) en raison notamment de la baisse du nombre d'emplois ouvriers.
• L'augmentation des emplois qualifiés a provoqué une mobilité sociale ascendante vers le groupe des cadres et des professions intermédiaires (document 1, en 2003, 10 % des fils d'ouvriers sont devenus cadres contre seulement 4 % en 1977), etc.
II. La mobilité sociale s'explique par le niveau de formation (le rôle de l'école et du diplôme)
1. Il existe une massification scolaire (document 4 : pour chaque génération étudiée, la part des bacheliers augmente)…
2. …ayant entraîné une démocratisation scolaire (document 4 : la massification scolaire a davantage profité aux enfants d'ouvriers [+ 29 points entre 66-70 et 86-90] qu'aux fils de cadres ou professions intermédiaires [+ 16 points]).
3. Un diplôme plus élevé permet d'accéder plus facilement au groupe des cadres (document 3 : seuls 8 % des enfants de cadres titulaires d'un bac + 2 deviennent cadres contre 73 % pour les titulaires d'un bac + 5).
III. La mobilité sociale s'explique par les ressources et les configurations familiales
1. La mobilité sociale s'explique par la transmission (notamment) d'un capital culturel, économique et social, comme l'a montré Pierre Bourdieu (document 3).
2. La mobilité sociale s'explique par l'origine sociale (document 3 : le groupe social de la famille de naissance explique partiellement l'obtention d'un certain niveau de diplôme et explique la valorisation de celui-ci : à diplôme égal d'un niveau bac + 5 et plus, la proportion d'enfants de cadres devenus cadres (73 %) est plus élevée que celle des enfants dont le père n'est pas cadre (62 %)).
3. La mobilité sociale s'explique par des stratégies rationnelles des familles en fonction de leur position sociale, selon la théorie de Raymond Boudon.
Conclusion
Pour conclure, plusieurs facteurs contribuent à la mobilité sociale. Tout d'abord, les évolutions de la structure socioprofessionnelle en expliquent une partie, c'est la mobilité structurelle. Ensuite, les processus de massification et de démocratisation scolaires expliquent la mobilité sociale verticale ascendante : un niveau de formation élevé est essentiel pour envisager une mobilité sociale « vers le haut ». Enfin, la famille joue un rôle important : la transmission de différentes formes de capitaux, la configuration et les stratégies familiales ont leurs incidences en termes de mobilité sociale.Le récent mouvement des « gilets jaunes » a montré l'angoisse grandissante des classes moyennes concernant un risque de déclassement intra et intergénérationnel. Les réformes entreprises par le président Macron permettront-elles de remettre en marche l'ascenseur social ?