Lors des épreuves du baccalauréat, au-delà des connaissances (les « objectifs d'apprentissage »), vous êtes évalué sur votre capacité à collecter et à traiter l'information. Vous devez en effet être capable de comprendre des documents statistiques et d'en extraire les informations essentielles. Les documents liés à la croissance économique et à ses causes sont courants dans les exercices du baccalauréat et nécessitent une attention particulière dans leur analyse.
I. Différencier le PIB et la croissance du PIB
Le PIB correspond à la somme des valeurs ajoutées créées en une année sur un territoire, il est exprimé en euros. La croissance économique est la croissance du PIB entre deux années, elle est donc mesurée en pourcentage.Imaginons un pays dont les agents économiques (essentiellement les entreprises et les administrations publiques) ont créé au total 1 000 € de valeur ajoutée en 2019 : le PIB de ce pays est de 1 000 €. En 2020, les agents économiques produisent davantage et ce pays a un PIB de 1 020 €. Pour obtenir le taux de croissance économique du pays entre 2019 et 2020, il faut calculer un taux de variation : (valeur d'arrivée − valeur de départ) /valeur de départ × 100, soit : (1 020 − 1 000) /1 000 × 100 = 2 %. Ce pays a donc connu une croissance économique de 2 %.
Attention à ne pas confondre valeur nominale et valeur réelle. Pour étudier de manière pertinente les évolutions du PIB et donc la croissance économique, les économistes utilisent le plus souvent des données en termes réels, c'est-à-dire des grandeurs monétaires débarrassées des effets déformants de l'inflation. On parle dans ce cas de données « déflatées » (ou « en volume » ou « en monnaie constante »). À l'inverse, si les effets de l'inflation n'ont pas été retirés, on parle de valeur nominale (ou « en valeur » ou « en monnaie courante »).
II. Différencier la baisse de la croissance économique et le ralentissement de la croissance économique
Année | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 |
Croissance du PIB | 1,6 | 2,4 | 2,4 | 0,2 | −2,9 | 2,0 | 2,1 | 0,2 | 0,6 | 0,6 | 1,3 |
Il est important d'être précis sur le vocabulaire statistique et ne pas confondre la baisse et le ralentissement de l'évolution d'une variable. Si votre voiture ralentit, elle ne recule pas ! Par exemple, en 2009, la croissance française a été négative, cela signifie que le PIB français a baissé de 2,9 % par rapport à 2008. En revanche, entre 2011 et 2012, nous avons assisté à un ralentissement de la croissance économique en France. En 2011, le PIB français a augmenté de 2,1 % par rapport à 2010 tandis qu'en 2012, la hausse n'est plus que de 0,2 % : le PIB a continué d'augmenter, mais beaucoup moins vite.
III. Lire des taux de croissance annuels moyens
Taux de croissance annuels moyens (données arrondies), 1985-2010 (en %)
Pays | PIB |
France | 1,8 |
Irlande | 4,4 |
États-Unis | 2,6 |
Italie | 1,4 |
Belgique | 2,3 |
Corée du Sud | 6,1 |
Le document ci-dessus présente des données exprimées en « taux de croissance annuel moyen ». Il faut bien garder en tête l'adjectif « annuel ». Par exemple, en France, le taux de croissance du PIB a été de 1,8 % par an, et non sur l'ensemble de la période. Le taux de croissance annuel moyen ne nous dit pas quelle a été exactement la croissance annuelle du PIB, il ne nous donne qu'une moyenne sur la période allant de 1985 à 2010.
Vous devez être capable de mettre en évidence des écarts relatifs en calculant de tête des coefficients multiplicateurs (valeur la plus élevée/valeur la plus faible). Par exemple, ce document nous permet de constater que, chaque année, sur la période 1985-2010, la croissance du PIB de la Corée du Sud a été en moyenne plus de trois fois supérieure à celle de la France (coefficient multiplicateur : 6,1/1,8).
IV. Analyser les causes de la croissance économique dans un pays
Les économistes expliquent la croissance du PIB de deux manières : soit elle résulte de l'accumulation des facteurs de production, soit elle s'explique par l'accroissement de la productivité globale des facteurs (PGF). Le document ci-dessous nous permet de mesurer le poids respectif de chacune de ces deux causes de la croissance économique.
Les facteurs contribuant à la croissance de la production entre 1995 et 2009
Pays | Taux de croissance annuels moyens du PIB (en %) | Contribution du facteur travail (en points de %) | Contribution du facteur capital (en points de %) | Contribution de la productivité globale des facteurs (en points de %) |
États-Unis | 2,5 | 0,9 | 0,3 | 1,3 |
France | 1,7 | 0,7 | 0,3 | 0,7 |
Espagne | 2,9 | 1,2 | 1,6 | 0,0 |
Italie | 0,8 | 0,7 | 0,4 | −0,4 |
La première colonne du tableau présente les taux de croissance annuels moyens de quatre pays développés à économie de marché sur la période 1995-2009. Les données sont donc exprimées en pourcentage. Par exemple, sur la période 1995-2009, le PIB des États-Unis a augmenté en moyenne de 2,5 % par an.
Les colonnes suivantes mesurent la contribution à la croissance de l'accumulation du facteur travail, de celle du facteur capital et enfin de la productivité globale des facteurs. Par exemple, on peut étudier les causes de la croissance américaine sur la période 1995-2009 :
• Sur les 2,5 % de croissance annuelle moyenne, 0,9 point, donc 36 % (0,9/2,5 × 100), s'explique par l'accumulation du facteur travail : pour simplifier, un tiers de la hausse de la production sur la période est dû au fait que davantage de personnes ont travaillé aux États-Unis.
• 0,3 point (12 %) a pour cause l'accumulation du facteur capital, c'est-à-dire la hausse des capacités productives des États-Unis.
• 1,3 point (52 %) est dû à l'accroissement de la productivité globale des facteurs (PGF).
Ainsi, un peu plus de la moitié de la croissance américaine sur la période 1995-2009 s'explique par la hausse de la PGF. Lorsque ce facteur est déterminant, on parle d'une « croissance intensive ». À l'inverse, sur la période 1995-2009, l'Espagne a connu une croissance économique annuelle moyenne de 2,9 % reposant exclusivement sur l'accumulation du facteur travail (1,2 point) et du facteur capital (1,6 point), on parle dans ce cas de « croissance extensive ».
Ainsi, un peu plus de la moitié de la croissance américaine sur la période 1995-2009 s'explique par la hausse de la PGF. Lorsque ce facteur est déterminant, on parle d'une « croissance intensive ». À l'inverse, sur la période 1995-2009, l'Espagne a connu une croissance économique annuelle moyenne de 2,9 % reposant exclusivement sur l'accumulation du facteur travail (1,2 point) et du facteur capital (1,6 point), on parle dans ce cas de « croissance extensive ».
V. Comprendre la corrélation entre croissance du PIB et taux de chômage
Croissance du PIB et taux de chômage (en %) entre 1985 et 2016 en France
Source : INSEE, 2018. |
À l'aide de ce document, nous constatons, en France, une corrélation entre la croissance du PIB et le taux de chômage : lorsque la croissance économique accélère, le taux de chômage se réduit, et inversement. Par exemple, entre 1999 et 2000, la croissance du PIB est passée d'environ 3,4 % à 4 %, provoquant une baisse du taux de chômage d'un point de pourcentage (de plus de 8 % en 1999 à 7 % en 2000). À l'inverse, entre 2008 et 2009, le taux de croissance est passé d'environ 0,3 % en 2008 à −3 % en 2009, ce qui a mené à une hausse du taux de chômage, passé de 7 % de la population active en 2008 à 9 % en 2009.
Zoom sur…
La productivité horaire et le PIB
Taux de croissance du PIB en volume et de la productivité horaire du travail, entre 1976 et 2016, en %
Champ : France. Source : OCDE, 2017. |
Comprendre le document : Ce document présente des données « en volume » ou en termes réels, c'est-à-dire que les effets déformants de l'inflation ont été retirés. Les économistes se penchent essentiellement sur des données déflatées. Attention, entre 2000 et 2002, le PIB français n'a pas baissé : il a juste augmenté moins vite, puisque la France passe d'une croissance de 4 % en 2000 à une croissance d'environ 1 % en 2002.
Interpréter le document : Nous pouvons constater que la productivité horaire du travail et le PIB varient généralement « dans le même sens ». En effet, lorsque la productivité horaire du travail augmente de manière significative (+ 6,5 %), le PIB français augmente lui aussi (2,2 % environ). À l'inverse, le ralentissement de la productivité à la fin des années 1980 (la hausse de la productivité horaire passe 3,7 % en 1989 à 2 % en 1990) a provoqué un ralentissement de la croissance du PIB (approximativement de 4,3 % en 1989 à 2 % en 1990). Il y a donc certainement lieu d'établir une relation de causalité entre les deux variables.
Interpréter le document : Nous pouvons constater que la productivité horaire du travail et le PIB varient généralement « dans le même sens ». En effet, lorsque la productivité horaire du travail augmente de manière significative (+ 6,5 %), le PIB français augmente lui aussi (2,2 % environ). À l'inverse, le ralentissement de la productivité à la fin des années 1980 (la hausse de la productivité horaire passe 3,7 % en 1989 à 2 % en 1990) a provoqué un ralentissement de la croissance du PIB (approximativement de 4,3 % en 1989 à 2 % en 1990). Il y a donc certainement lieu d'établir une relation de causalité entre les deux variables.