La « croissance » est l'un des concepts économiques les plus utilisés par les hommes politiques et les journalistes. Il est donc important d'en comprendre les causes économiques et institutionnelles, ainsi que les enjeux écologiques et sociaux. Elle peut être définie comme l'augmentation de la production de biens et de services dans un pays d'une année sur l'autre. Son indicateur est l'augmentation du produit intérieur brut (PIB), la somme des valeurs ajoutées créées par les agents économiques en une année. Si le PIB d'un pays augmente entre l'année n et l'année n+1, alors ce pays connaît une croissance économique.
I. Accumulation des facteurs de production et gains de productivité
L'augmentation des richesses produites peut s'expliquer par l'accroissement du nombre des facteurs de production utilisés, ceux-ci regroupant le facteur travail et le facteur capital. Ainsi, si le nombre de travailleurs occupés grandit et si les entreprises et l'État accumulent du capital dans un pays, celui-ci connaît une croissance économique.Une croissance de ce type est vouée à se réduire puis à s'éteindre du fait de la « loi des rendements décroissants ». Énoncée pour la première fois par Anne Robert Turgot (1727-1781), celle-ci stipule que la hausse quantitative d'un facteur de production (la quantité de l'autre facteur de production étant considérée comme stable) provoque une augmentation moins que proportionnelle des quantités produites : donner toujours plus de marteaux à un seul ouvrier ne va pas augmenter sa production indéfiniment. Dès lors, une économie nationale ayant une croissance essentiellement liée à l'accumulation de facteurs de production va inévitablement voir cette croissance se réduire.
La croissance économique peut également s'expliquer par l'augmentation de l'efficacité des facteurs de production, on parle dans ce cas d'un « accroissement de la productivité globale des facteurs (PGF) » ou de « gains de productivité ». Une économie (ou une entreprise) en réalise lorsqu'elle produit davantage avec la même quantité de facteurs de production ou lorsqu'elle produit autant avec une quantité moindre.
Cette hausse peut avoir différentes causes, comme l'efficacité de l'organisation des tâches, l'amélioration des conditions de travail, la progression du droit des salariés, etc. Néanmoins, elle advient principalement grâce au progrès technique. Le meilleur moyen d'augmenter l'efficacité des travailleurs est souvent de leur fournir des outils plus perfectionnés.
II. Le rôle du progrès technique
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Longtemps estimé exogène, le progrès technique est aujourd'hui considéré comme endogène, c'est-à-dire généré par l'activité économique elle-même. Dans les années 1980, des économistes comme Robert Lucas, Robert Barro ou Paul Romer ont en effet montré que les investissements de toute nature (en capital physique, humain, public, en recherche-développement, etc.) génèrent des externalités positives pour l'ensemble de l'économie, enclenchant ainsi une spirale d'amélioration des connaissances et des techniques favorables à la croissance économique. La hausse du PIB engendre en effet une augmentation des revenus qui permet des investissements supplémentaires, sources de progrès technique et donc de croissance future. La croissance est donc un phénomène cumulatif : elle entraîne la croissance.
L'économiste autrichien Joseph Aloïs Schumpeter (1883-1950) a néanmoins montré qu'une innovation provoque souvent une « destruction créatrice » : si elle crée de l'activité économique (elle génère une hausse des investissements et/ou une hausse de la consommation), elle sinistre, voire détruit également d'autres secteurs qui peuvent devenir obsolètes (par exemple, l'invention puis la diffusion des téléphones portables a provoqué la disparition de nombreuses cabines téléphoniques publiques).
L'économiste autrichien Joseph Aloïs Schumpeter (1883-1950) a néanmoins montré qu'une innovation provoque souvent une « destruction créatrice » : si elle crée de l'activité économique (elle génère une hausse des investissements et/ou une hausse de la consommation), elle sinistre, voire détruit également d'autres secteurs qui peuvent devenir obsolètes (par exemple, l'invention puis la diffusion des téléphones portables a provoqué la disparition de nombreuses cabines téléphoniques publiques).
III. Le rôle des institutions
Si la croissance économique a des causes essentiellement… économiques, elle est également favorisée par des critères externes. Pour qu'un pays produise davantage, il est important qu'existe un contexte institutionnel, politique et social propice.
Un cadre légal fiable permet en effet d'encourager et de faciliter les échanges marchands : le respect des obligations contractuelles et des droits de propriété incite en effet à investir et à innover. Par exemple, un système de protection de la propriété intellectuelle (les « brevets ») est nécessaire pour qu'existent des dépenses de recherche : aucun agent économique n'investirait le moindre euro dans la « R&D » (recherche-développement) en sachant que son éventuelle découverte pourrait être copiée aussitôt. Par ailleurs, l'État peut encourager la recherche avec un système incitatif de subventions.
Un cadre légal fiable permet en effet d'encourager et de faciliter les échanges marchands : le respect des obligations contractuelles et des droits de propriété incite en effet à investir et à innover. Par exemple, un système de protection de la propriété intellectuelle (les « brevets ») est nécessaire pour qu'existent des dépenses de recherche : aucun agent économique n'investirait le moindre euro dans la « R&D » (recherche-développement) en sachant que son éventuelle découverte pourrait être copiée aussitôt. Par ailleurs, l'État peut encourager la recherche avec un système incitatif de subventions.
IV. Les défis sociaux et écologiques de la croissance économique
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Si la croissance économique est généralement bienfaitrice, elle n'est pas sans limites sur le plan social. Dans les pays développés, le progrès technique actuel, qui repose largement sur les innovations liées au numérique, a favorisé la demande d'emplois qualifiés. On parle dans ce cas de « progrès technique biaisé en faveur du travail qualifié ». Le progrès technique est donc à l'origine d'inégalités de revenus croissantes entre les individus qualifiés occupant des emplois bien rémunérés et d'autres qui occupent des emplois à « faible valeur ajoutée » moins bien payés.
Produire toujours davantage n'est également pas sans conséquence sur l'environnement. La croissance économique entraîne un épuisement des ressources naturelles (le pétrole, le gaz, etc.), engendre de la pollution atmosphérique et contribue au réchauffement climatique. De nombreux économistes ou intellectuels s'interrogent sur la viabilité de notre modèle économique, reposant sur la croissance. Ils se demandent s'il est « soutenable », c'est-à-dire si l'on peut continuer à produire toujours plus sans compromettre le bien-être des générations futures.
Le débat oppose deux points de vue. D'un côté, les partisans de la soutenabilité faible postulent que le progrès technique permettra, grâce aux innovations, de repousser toujours plus loin les limites écologiques de la croissance de façon à maintenir nos modes de vie pour les générations présentes et futures. Par exemple, la raréfaction du pétrole devrait inciter à trouver des alternatives à celui-ci. De l'autre côté, les défenseurs de la soutenabilité forte affirment que le capital naturel est irremplaçable (sites naturels, biodiversité végétale ou animale, etc.) et que les dégâts environnementaux sont donc irréversibles. Le progrès technique ne peut alors pas être considéré comme un moyen efficace pour prolonger la croissance du PIB et il est nécessaire de changer, au moins partiellement, nos modes de vie.
Produire toujours davantage n'est également pas sans conséquence sur l'environnement. La croissance économique entraîne un épuisement des ressources naturelles (le pétrole, le gaz, etc.), engendre de la pollution atmosphérique et contribue au réchauffement climatique. De nombreux économistes ou intellectuels s'interrogent sur la viabilité de notre modèle économique, reposant sur la croissance. Ils se demandent s'il est « soutenable », c'est-à-dire si l'on peut continuer à produire toujours plus sans compromettre le bien-être des générations futures.
Le débat oppose deux points de vue. D'un côté, les partisans de la soutenabilité faible postulent que le progrès technique permettra, grâce aux innovations, de repousser toujours plus loin les limites écologiques de la croissance de façon à maintenir nos modes de vie pour les générations présentes et futures. Par exemple, la raréfaction du pétrole devrait inciter à trouver des alternatives à celui-ci. De l'autre côté, les défenseurs de la soutenabilité forte affirment que le capital naturel est irremplaçable (sites naturels, biodiversité végétale ou animale, etc.) et que les dégâts environnementaux sont donc irréversibles. Le progrès technique ne peut alors pas être considéré comme un moyen efficace pour prolonger la croissance du PIB et il est nécessaire de changer, au moins partiellement, nos modes de vie.
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Pour aller plus loin…
Le progrès technique pour expliquer les cycles économiques
Joseph Aloïs Schumpeter a montré l'importance du progrès technique pour expliquer le caractère cyclique de la croissance. Un cycle économique est composé d'une première phase de croissance forte et d'une deuxième phase de croissance faible ou négative. Selon lui, les cycles longs (appelés aussi « cycles de Kondratiev ») s'expliquent par l'arrivée sur le marché d'une grappe d'innovations majeures « révolutionnaires ». Elles enclenchent une phase d'expansion économique d'environ vingt-cinq ans du fait de l'augmentation de l'investissement et de la consommation qu'elles provoquent.Ces innovations de produits ou de méthodes de production sont la récompense des recherches effectuées par des entrepreneurs innovateurs, véritables « briseurs de routine » aux yeux de Schumpeter. Puis l'innovation s'épuise progressivement au fur et à mesure que la demande est satisfaite. Les investissements commencent à ralentir, plongeant l'économie dans une phase de dépression durant environ vingt-cinq ans, jusqu'à l'arrivée d'une nouvelle grappe d'innovations majeures…
Exercice n°1
La croissance économique est mesurée :
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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La croissance économique décrit l'évolution du PIB d'un pays d'une année sur l'autre, elle est donc mesurée avec un taux de variation et par conséquent en pourcentage.
Exercice n°2
L'accumulation des facteurs de production, c'est l'idée que :
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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L'accumulation des facteurs de production désigne une hausse quantitative des facteurs de production utilisés. Par exemple, les entreprises ont accumulé des machines supplémentaires (augmentation quantitative du facteur capital, du stock de capital) et davantage d'actifs travaillent (augmentation quantitative du facteur travail).
Exercice n°3
L'accroissement de la productivité globale des facteurs s'explique essentiellement par :
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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Historiquement, l'augmentation de la PGF s'explique par les innovations techniques. Il peut y avoir néanmoins d'autres causes aux gains de productivité : modification de l'organisation du travail, meilleures qualifications des travailleurs, etc.
Exercice n°4
Quel événement pourrait nuire à la croissance économique d'un pays ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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Historiquement, les périodes de « troubles politiques » se traduisent généralement par un ralentissement ou par une baisse de la croissance économique. D'une manière générale, l'incertitude politique nuit à l'activité économique.
Exercice n°5
Que postule la thèse de la « soutenabilité forte » ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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Les partisans de la thèse de la « soutenabilité forte » estiment que la disparition d'espèces animales, le prélèvement des ressources naturelles, etc. ne pourront pas être compensés par l'accumulation d'autres richesses (matérielles, par exemple), et qu'il est donc fondamental d'agir rapidement pour protéger le capital naturel mondial et éviter sa destruction.