Corrigé
Introduction
[Analyse du sujet et problématisation] Il faut distinguer les guerres israélo-arabes, qui ont opposé depuis 1948 l'État d'Israël et ses voisins, du conflit israélo-palestinien qui oppose Israël et les populations palestiniennes de la région. Ce conflit découle de l'exode des Palestiniens suite à la guerre de 1948, de la question des territoires occupés et de l'extension des colonies israéliennes. Nous verrons que l'imbrication des échelles nationales et internationales et l'implication d'un grand nombre d'acteurs rendent la perspective d'une paix bien fragile.
[Annonce du plan] Les racines de ce conflit plongent dans le contexte géopolitique du début du xxe siècle. Le conflit prend, dans la seconde moitié du xxe siècle, la forme des guerres israélo-arabes qui engendrent à leur tour le conflit israélo-palestinien, notamment à partir de 1967.
I. Les origines des conflits
1. L'émigration en Palestine
En 1920, la Palestine est placée sous mandat britannique. La déclaration de Balfour, en 1917, indiquait que l'empire était favorable à l'établissement d'un État juif en Palestine. L'émigration européenne, motivée par les persécutions et par l'idéologie sioniste, ne cesse alors de renforcer la communauté juive de Palestine : il y a 600 000 Juifs pour 1 200 000 Arabes en 1948.
2. Les promesses des puissances européennes
Les puissances européennes s'appuient sur les nationalismes arabes durant la Première Guerre mondiale pour vaincre l'Empire ottoman, promettant en contrepartie la constitution de royaumes arabes dans la région. Ces promesses ne sont pas tenues, et l'entre-deux-guerres est marqué dans la région par l'émergence du nationalisme arabe, qui revendique la création d'États arabes notamment en Palestine.
3. La remise du mandat britannique à l'ONU
Le nationalisme juif en Palestine gagne lui aussi en puissance, surtout après 1945, cherchant à obtenir le départ des Britanniques de Palestine. Ceux-ci se trouvent confrontés à une vague d'attentats et d'actions armées menées par des organisations clandestines paramilitaires juives. Face à une situation de plus en plus incontrôlable, les Britanniques remettent leur mandat en Palestine à l'ONU en février 1947.
II. Les guerres israélo-arabes
1. L'échec du plan de partage
En 1947, l'ONU propose un plan de partage de la Palestine en deux États, l'un juif, l'autre arabe, imbriqués l'un dans l'autre. Le plan est accepté par les dirigeants de la communauté juive en Palestine mais rejeté par la quasi-totalité des dirigeants de la communauté arabe. Les affrontements entre forces paramilitaires juives et milices arabes palestiniennes rendent rapidement impossible toute solution négociée. Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame l'indépendance de l'État d'Israël. Aussitôt, les armées égyptienne, jordanienne, irakienne et syrienne attaquent Israël.
2. Le déroulement des événements
Les forces juives sont, au départ, largement inférieures en nombre, mais les combattants bénéficient pour beaucoup d'entre eux, notamment les cadres, d'une expérience militaire qui va beaucoup compter face aux forces arabes, divisées, très mal formées et mal encadrées. Tandis que les milices palestiniennes assiègent Jérusalem dès le mois d'avril, les armées des pays arabes voisins pénètrent largement en Israël dans le courant du mois de mai. Dès juin cependant, une mobilisation intensive de la population civile permet à la jeune armée israélienne de rassembler près de 80 000 combattants, soit autant que les forces arabes. La victoire est assurée pour les forces israéliennes lorsque les différents cessez-le-feu sont signés avec les forces arabes entre février et juillet 1949. Après six mois de guerre civile entre Juifs et Arabes palestiniens et un an de guerre entre Israéliens et pays arabes, 720 000 Palestiniens ont pris la route de l'exode. À l'issue de la guerre, Israël annexe Jérusalem-Ouest en février 1949 et 77 % de l'ancienne Palestine. La Transjordanie met la main sur la Cisjordanie et devient la Jordanie, tandis que l'Égypte occupe Gaza.
3. Un conflit qui se poursuit
Par la suite, plusieurs autres guerres opposent Israël et des pays arabes voisins, notamment la guerre des Six Jours en 1967 et la guerre du Kippour en 1973. Les relations entre Israël et ses voisins se normalisent peu à peu, notamment avec les accords de Camp David par lesquels l'Égypte et Israël signent la paix (1978), mais les relations restent très mauvaises avec la Syrie, et Israël envahit le Liban en 1982 : le conflit est moins virulent, mais il n'est pas achevé.
III. Le conflit israélo-palestinien
1. Un type de conflit particulier
Le conflit israélo-palestinien se distingue des guerres israélo-arabes. Il oppose l'État d'Israël, non pas aux États arabes voisins, mais à des membres de la population palestinienne, notamment dans les territoires occupés. Ce conflit se rapproche ainsi davantage d'une guerre civile ou d'un conflit colonial. Le sentiment nationaliste existait parmi les populations palestiniennes au début du xxe siècle, mais il se distinguait peu du nationalisme panarabe de la région. Il s'accroît et prend un caractère particulier avec les expulsions de 1948 et surtout avec l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza par Israël en 1967.
2. L'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza
La question palestinienne prend racine dans l'exode de 720 000 Arabes palestiniens en 1948, qui fuient ou sont chassés d'Israël et se réfugient au Liban, en Jordanie ou en Égypte. Ce sont les ancêtres des 5 millions de réfugiés palestiniens actuels, et ils revendiquent depuis un droit au retour. En 1967, Israël occupe la Cisjordanie et la bande de Gaza. Le problème palestinien devient alors un problème israélien : l'armée d'Israël devient une force d'occupation, elle doit gérer les Palestiniens des territoires occupés, ce qui renforce leur nationalisme et leur désir d'indépendance.
3. À partir de la première Intifada
La première Intifada est déclenchée en 1987 par une génération qui a toujours vécu sous l'occupation israélienne. De jeunes Palestiniens presque désarmés affrontent l'armée moderne d'Israël au cours d'émeutes, ce qui frappe beaucoup l'opinion publique internationale. Cela enclenche un mouvement qui mène aux accords d'Oslo en 1993. Ils sont signés par Yitzhak Rabin et Yasser Arafat et prévoient l'instauration d'une Autorité palestinienne, c'est-à-dire d'un gouvernement palestinien dirigé par Arafat. Ce n'est pas un État : ses pouvoirs sont en effet uniquement limités à certains domaines (éducation, santé, protection sociale, police) et Israël conserve la souveraineté de fait sur les territoires palestiniens. Le processus de paix est rapidement mis à mal par l'assassinat d'Yitzhak Rabin par un extrémiste israélien en 1995, la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie et la division des Palestiniens entre le Hamas et le Fatah depuis 2006. Les Palestiniens divisés sont toujours sous domination israélienne, aussi la perspective d'un accord de paix semble particulièrement lointaine aujourd'hui.
Conclusion
Si les conflits israélo-arabes ont trouvé une issue diplomatique avec la signature d'un accord de paix entre Israël et l'Égypte en 1979, puis entre Israël et la Jordanie en 1990, la situation reste tout de même très précaire et les relations entre Israël et la Syrie exécrables. Aux frontières d'Israël, le conflit israélo-palestinien ne semble pas devoir trouver d'issue et l'évacuation par Israël de la bande de Gaza en 2005 n'a pas amélioré la situation, permettant même la victoire électorale du Hamas qui prône la destruction d'Israël. Les conflits israélo-arabes et israélo-palestiniens entremêlés restent une menace pour la stabilité de toute la région du Moyen-Orient.
Zoom sur…
Le sionisme
Le sionisme est une idéologie et un mouvement politique visant à donner un État au peuple juif et à le renforcer ou à l'étendre. Le sionisme a été fondé par Theodor Herzl au xixe siècle sur le modèle des États-nations européens et s'est renforcé avec les persécutions subies par les juifs européens et les pogroms en Russie. Animés par le sionisme, des juifs s'installent en Palestine dès le xixe siècle et y fondent des communautés selon un modèle communautaire socialiste. Après le génocide juif, la communauté internationale accepte l'idée du sionisme, ce qui favorise l'attribution d'un État aux Juifs de Palestine par le plan de l'ONU en 1947. Le sionisme est alors divisé en deux tendances : les sionistes de gauche souhaitent plutôt vivre en bonne entente avec les Arabes de Palestine, tandis que les sionistes de droite entendent fonder un État juif par la force. Ces derniers sont favorisés par l'hostilité des populations arabes et des États voisins, et c'est finalement leur vision d'un État religieux et de la séparation des populations qui a prévalu en Israël. Aujourd'hui, le terme de sioniste désigne plutôt les mouvements politiques qui considèrent que tous les juifs du monde sont citoyens d'Israël.
La question de la colonisation israélienne
La colonisation est l'un des principaux facteurs de conflits entre Israël et la Palestine. Depuis 1967, des colons israéliens revendiquant l'extension d'Israël s'installent en territoire palestinien avec le soutien de l'armée israélienne. Ils y fondent des communautés pratiquant l'agriculture, qui défendent leur implantation et deviennent parfois des villes. En 2005, les colonies de Gaza sont évacuées, mais la colonisation se poursuit en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Pour les colons israéliens, souvent animés par le nationalisme, c'est un moyen d'étendre le territoire d'Israël, et notamment d'occuper peu à peu tout Jérusalem afin que la ville puisse devenir une ville pleinement israélienne et la capitale du pays. C'est pourquoi ils sont soutenus par certains partis politiques israéliens, comme le Likoud de Netanyahu. De fait, la colonisation morcelle beaucoup le territoire palestinien, d'autant qu'un mur est édifié à partir de 2002 pour séparer Israéliens et Palestiniens, et empêcher les attentats à la roquette. Le mur protège les colonies et les routes d'accès, ce qui rend les circulations parfois très difficiles en Cisjordanie. La colonisation diminue la taille de la Palestine, renforce les tensions entre Israéliens et Palestiniens, et compromet le partage en deux États, puisque les territoires colonisés sont revendiqués par les Palestiniens, mais désormais occupés par des Israéliens. Elle a été condamnée par l'ONU en 2016, mais le processus se poursuit pourtant : aujourd'hui, environ 650 000 Israéliens vivent dans les colonies, soit un peu plus de 7 % de la population.