Comment définir la vérité ? La vérité peut être considérée comme l'adéquation entre le jugement et la réalité. La notion de vérité ne doit pas être confondue avec celle de réalité. La réalité est l'ensemble des choses qui ont une existence objective et constatable, alors que la vérité repose sur la correspondance entre une proposition et la réalité à laquelle elle réfère. On distingue le vrai du faux à partir du moment où on se prononce sur cette réalité. Autre erreur à ne pas commettre : il convient de distinguer les vérités subjectives, qui relèvent de l'opinion et de la croyance, des vérités objectives, qui s'appuient sur des preuves ou des démonstrations.
Mais quels sont les critères pour éviter ces écueils ? Dans le domaine logico-ontologique, la vérité est comprise comme vérité-correspondance. Le critère opérant alors est l'isomorphisme entre la structure du langage et la réalité.
En épistémologie, c'est-à-dire en théorie de la connaissance, la vérité doit être comprise comme une croyance tenue pour vraie. La question est donc de savoir ce qui justifie qu'un individu ou un groupe d'individus considère telle proposition sur le réel comme vraie. Ici, l'évidence ne suffit pas car ce qui semble vrai ne l'est pas nécessairement.
Dans le domaine de la logique pure, la vérité prend la signification de vérité-cohérence. Le critère à l'œuvre est celui des règles de la logique et notamment le principe de non-contradiction. C'est la cohérence interne d'une proposition qui permet de la considérer comme vraie. L'esprit est alors en accord avec ses propres conventions.
Peut-on dès lors se reposer sur des certitudes ? Le scepticisme philosophique repose sur l'épochè, la suspension définitive du jugement. Selon les sceptiques, le doute est nécessairement radical. Il faut renoncer à la croyance en l'existence d'une vérité objective et universellement partagée. La vérité est donc affaire de subjectivité. Comme l'énonce Protagoras : « L'homme est la mesure de toute chose. » À l'inverse, la certitude est le premier symptôme d'une pensée stérile, qui ne produit plus de nouvelles connaissances.
Pour Bertrand Russell, cette « arrogance dogmatique » est le symptôme évident d'un esprit borné, d'une pensée sclérosée par les préjugés. Le dogmatisme érige son opinion subjective en vérité objective, censée valoir pour tous.
Finalement, le doute peut devenir un moyen d'accéder à la vérité. C'est la démarche cartésienne du doute méthodique et ordonné. Ce doute permet d'établir la certitude indubitable de notre existence en tant que sujet pensant. Il permet aussi de constituer un fondement solide pour la découverte d'autres vérités.