Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l'URSS se retrouvent face à face. Ils ont combattu dans le même camp, mais leurs différences idéologiques et leur volonté de se poser en modèles les conduisent à s'opposer radicalement. Surtout, en 1945, chacun veut éviter la reconstruction d'une Allemagne qui s'allierait au camp opposé. Quel type de relations entretiennent-ils jusqu'en 1962 ?
I. 1947-1953 : la logique bipolaire
1. La rupture
• Dès 1946, l'Armée rouge favorise la mise en place de gouvernements communistes dans les pays d'Europe de l'Est qu'elle occupe. Dans son discours de Fulton, en 1946, Churchill dénonce le « rideau de fer » qui s'est « abattu sur l'Europe ».
• Inquiets, les Américains cherchent à contenir l'expansion soviétique. Ils proposent une aide financière et matérielle, le plan Marshall, aux pays européens qui se reconstruisent. Sous la pression de l'URSS, les démocraties populaires, ces pays d'Europe orientale dans l'orbite soviétique, refusent cette aide.
2. L'affrontement des deux camps
• L'affrontement des deux grands a la particularité de se produire par pays interposés, un affrontement direct entre les deux superpuissances nucléaires (1945 pour les États-Unis, 1949 pour l'URSS) étant impossible.
• En Europe, l'URSS soutient le « coup de Prague », coup d'État communiste de février 1948 en Tchécoslovaquie. Staline tente de prendre Berlin – toujours divisée en quatre secteurs d'occupation, dont un seul tenu par les Soviétiques – en décrétant le blocus de la ville. Les Américains le contournent grâce à un pont aérien massif : au bout de 11 mois, Staline abandonne. La république fédérale d'Allemagne (RFA) est alors créée à l'ouest, en mai 1949 ; à l'est, en octobre 1949 naît la République démocratique allemande (RDA). Ces deux Allemagnes sont le symbole de la guerre froide.
• En Asie, avec la victoire de Mao Zedong, la Chine devient communiste (1949). En 1950, les troupes communistes de la Corée du Nord envahissent la Corée du Sud. Les États-Unis et 19 autres pays interviennent, sous le drapeau de l'ONU, pour contrer cette nouvelle poussée communiste. La guerre de Corée débute. L'URSS, qui pratique la « politique de la chaise vide » pour exiger que la Chine communiste prenne la place de Taïwan au Conseil de sécurité, ne peut empêcher dès lors le vote du Conseil qui déclenche l'intervention. Au bout de plusieurs mois de durs combats et l'intervention de « volontaires chinois », le front se stabilise jusqu'en 1953.
3. Des alliances défensives
• Les deux blocs se constituent peu à peu. Des alliances militaires et économiques sont signées : l'OTAN (Europe occidentale et Canada) en 1949, l'ANZUS (Australie, Nouvelle-Zélande), l'OTASE (Asie du Sud-Est) et le pacte de Bagdad (de la Turquie au Pakistan) assurent la sécurité des alliés des Américains. Le bloc de l'Est répond avec la création du Pacte de Varsovie, en 1955, assorti d'une alliance économique, le Conseil d'assistance économique mutuelle (COMECON).
II. 1953-1959 : la « coexistence pacifique »
1. Le dégel
• La mort de Staline, en mars 1953, est l'occasion d'un certain dégel dans les rapports est-ouest : la guerre de Corée s'achève sur un statu quo (1953), l'URSS normalise ses relations avec la RFA. En 1956, Nikita Khrouchtchev propose que les deux grands vivent côte à côte, chacun avec son système. C'est la « coexistence pacifique », mais l'URSS poursuit en secret ses programmes d'armement, notamment nucléaire.
• Le mouvement de décolonisation explique en partie l'apaisement proposé par Khrouchtchev : avec le démantèlement des empires coloniaux apparaissent de nouveaux pays que l'URSS entend séduire en se montrant pacifiste. En 1956, les États-Unis et l'URSS soutiennent tous deux l'Égypte quand elle nationalise le canal de Suez.
2. Des tensions toujours vives
• Des tensions apparaissent à l'intérieur des blocs. Ainsi, en Europe de l'Est, les Soviétiques interviennent pour écraser toute tentative d'émancipation (entrée des chars russes à Budapest, en novembre 1956).
• La course aux armements se poursuit. L'URSS possède bientôt la bombe H (1953, deux ans après les États-Unis) et envoie dans l'espace le premier satellite artificiel, le Spoutnik, en 1957, militarisant l'espace et démontrant ainsi sa capacité à frapper n'importe quel point du globe.
III. 1959-1962 : le paroxysme de la guerre froide
• Purement tactique, l'apaisement des relations entre les deux blocs ne dure pas.
1. La question allemande
• En 1960, les négociations en cours concernant le sort de l'Allemagne sont brutalement interrompues. Un an plus tard, la tension monte d'un cran à Berlin : pour éviter l'émigration massive de ses ressortissants vers la RFA, l'Allemagne de l'Est (RDA) construit un mur infranchissable au cœur de la ville. La division des deux blocs n'a jamais été aussi tangible qu'avec le mur de Berlin, aussitôt baptisé « mur de la honte ».
2. La crise de Cuba
• La crise des fusées à Cuba (1962) constitue sans doute le point culminant de l'affrontement entre les deux blocs. En 1959, Fidel Castro prend le pouvoir à Cuba. Les États-Unis soutiennent un débarquement d'exilés cubains qui échoue (baie des Cochons, avril 1961). Castro demande alors la protection des Soviétiques, qui tentent d'installer des missiles nucléaires sur l'île. Le président américain John F. Kennedy ordonne le blocus de Cuba : les cargos soviétiques font demi-tour. Des négociations permettent d'éviter une confrontation directe entre les deux grands. Jamais la tension n'avait été aussi forte.
Exercice n°1
Complète les phrases suivantes.
Écrivez les réponses dans les zones colorées.
Dès 1946, les États-Unis et l'URSS s'opposent. Le monde se divise en deux blocs : l', autour des États-Unis, et l', autour de l'Union soviétique.
L'ancien Premier ministre britannique, W. , dénonce le « rideau de fer » qui sépare l'Europe en deux camps.
Les États-Unis proposent aux Européens une aide financière et matérielle : le plan .
La mort de Staline, en 1953, marque un certain dégel dans les relations est-ouest : c'est la pacifique.
L'ancien Premier ministre britannique, W. , dénonce le « rideau de fer » qui sépare l'Europe en deux camps.
Les États-Unis proposent aux Européens une aide financière et matérielle : le plan .
La mort de Staline, en 1953, marque un certain dégel dans les relations est-ouest : c'est la pacifique.
L'expression de Churchill (« un rideau de fer s'est abattu sur l'Europe »), dont l'anticommunisme était célèbre, est bien connue : elle dénonce la mainmise de l'URSS sur les pays d'Europe centrale, dont les régimes, progressivement noyautés par les communistes locaux, tombent les uns après les autres dans l'orbite de Moscou.
Exercice n°2
En 1956, le nouveau dirigeant de l'URSS adopte une politique de « coexistence pacifique ». Ce dirigeant est :
Cochez la bonne réponse.
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La période de la coexistence pacifique est en fait mise à profit par les Soviétiques pour accroître leur effort d'armement, notamment nucléaire. L'obsession de la parité stratégique (l'égalité nucléaire avec les États-Unis) constitue pour longtemps un axe majeur et déterminant de la politique étrangère soviétique.
Exercice n°3
En 1962, la tension est très grande entre les États-Unis et l'URSS. Ils s'opposent gravement pendant :
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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La résolution de la crise de Cuba a été négociée secrètement et était, en fait, moins exclusivement favorable aux États-Unis qu'on ne le croit généralement, notamment avec des concessions américaines dans le déploiement de missiles en Turquie, une zone très proche de l'URSS, elle aussi…