Une guerre « totale » est un conflit où un État met tout en œuvre pour remporter la victoire. Pendant la guerre de 1914-1918, toute la population est mobilisée : ceux qui ne combattent pas, à l'arrière, participent à l'effort de guerre, mais plus le conflit dure et plus l'État étend ses pouvoirs. Quelles en sont les conséquences ?
I. Employer tous les moyens disponibles
1. Des États renforcés
• En Allemagne, le pouvoir civil laisse la place aux militaires : Hindenburg impose une dictature. En Russie, le tsar Nicolas II gouverne seul. En France, l'« Union sacrée » suspend les luttes politiques ; régulièrement, les députés se heurtent aux militaires qui veulent prendre seuls, en secret, les décisions les plus importantes.
2. Une économie de guerre
• Dès la fin de 1914, on réalise que le conflit sera long. Les États mettent en place une économie de guerre : de nouveaux impôts sont créés, des emprunts lancés, du matériel est réquisitionné. De moins en moins de produits sont disponibles. Comme l'État favorise en même temps la création monétaire (par la planche à billets), l'inflation s'installe : la hausse des prix rend la vie quotidienne difficile. Dès 1915, l'Allemagne rationne la nourriture des civils. Manquant d'engrais et de bras, l'agriculture ne parvient pas à produire suffisamment. Des troubles éclatent. En 1917, des grèves ouvrières, s'inspirant de l'exemple russe, réclament de meilleures conditions de vie.
3. Propagande et censure
• Pour maintenir le moral du pays, l'État met en place une propagande officielle : des affiches et des campagnes de presse cherchent à ridiculiser l'adversaire et à exalter les chefs militaires ou le comportement héroïque, exemplaire des soldats. On ouvre les lettres des soldats, on censure les journaux. Cette manipulation est souvent grossière, et les Français surnomment « bourrage de crâne » cette propagande qui affirme, par exemple, que « les balles allemandes ne tuent pas ».
II. Mobiliser l'ensemble de la population…
1. … au front
• On envoie sur le front les réservistes, on engage des volontaires, on appelle de jeunes recrues. L'armée britannique, constituée de soldats de métier, instaure la conscription dès 1916. Les Alliés engagent également des troupes coloniales venues de l'Inde, de l'Afrique du Nord ou d'Afrique noire (les fameux « tirailleurs sénégalais » qui firent preuve d'un véritable héroïsme).
2. … à l'arrière
• La Première Guerre mondiale est aussi la première guerre industrielle. La guerre de position favorise l'emploi de nouvelles armes, particulièrement meurtrières (artillerie en usage intensif, mitrailleuses, avions, chars d'assaut, gaz de combat, comme à Ypres en 1915). Grâce aux progrès industriels, ces armes sont fabriquées à la chaîne. Certains ouvriers qualifiés sont rappelés du front et affectés à l'arrière dans les usines d'armement. Mais cela ne suffit pas. En 1916, l'Allemagne rend le travail obligatoire le dimanche. Surtout, les femmes doivent remplacer les hommes, aux champs, bien sûr, mais aussi dans les usines d'armement. En France, où elles fabriquent balles et obus, on les appelle les « munitionnettes ».
Exercice n°1
Le conflit de 1914-1918 a été qualifié de « guerre totale ». Que recouvre cette expression ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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La Première Guerre mondiale est le premier exemple, mais non le dernier, d'une guerre totale, c'est-à-dire qui mobilise la totalité des ressources d'une nation belligérante, et notamment le contrôle des esprits par la censure et la propagande.
Exercice n°2
Complète les phrases suivantes.
Écrivez les réponses dans les zones colorées.
Pour répondre aux besoins militaires, les remplacent les hommes dans les et aux champs. Celles qui travaillent dans les usines d'armement sont appelées les .
La Première Guerre mondiale favorise l'autonomie des femmes, jusque-là encore très dépendantes des hommes, tant socialement que juridiquement. On considère que cela marque une étape majeure du féminisme.
Exercice n°3
Comment appelle-t-on la propagande menée par le gouvernement français pendant la Première Guerre mondiale ?
Cochez la bonne réponse.
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La propagande (« Les balles allemandes ne tuent pas ») est très tôt dénoncée comme du « bourrage de crâne ». Il ne faut pas confondre avec la censure (contrôle de l'information), qui est une notion proche, ni avec la notion, plus lointaine, propre aux régimes autoritaires et totalitaires, de culte de la personnalité du chef.