Stress et transit intestinal, sujet de métropole, juin 2024, exercice 2
Énoncé
Exercice sur 8 points
Un stress aigu est souvent associé à des troubles intestinaux, notamment une accélération du transit intestinal, c'est-à-dire que les produits issus de l'alimentation progressent plus rapidement qu'en situation normale dans l'intestin grêle puis dans le gros intestin.
QUESTION :
Proposer une explication au fait que le stress aigu accélère le transit intestinal chez les rongeurs.
Vous organiserez votre réponse selon une démarche de votre choix intégrant des données des documents et les connaissances utiles.
Document 1 : mesure de la concentration sanguine de corticostérone
Afin de les exposer à une situation de stress, des souris ont été soumises au stress de l'évitement de l'eau, c'est-à-dire qu'elles ont été placées sur une plate-forme surélevée à 1 cm au-dessus du niveau de l'eau, au centre d'un réservoir en plastique, pendant 1 h, 4 jours de suite.
Les concentrations sanguines en corticostérone de ces souris ainsi que celles de souris non soumises à ce stress ont été mesurées. La corticostérone est un équivalent du cortisol chez l'être humain. Chaque point du graphique correspond à la mesure réalisée chez une souris.
Les concentrations sanguines en corticostérone de ces souris ainsi que celles de souris non soumises à ce stress ont été mesurées. La corticostérone est un équivalent du cortisol chez l'être humain. Chaque point du graphique correspond à la mesure réalisée chez une souris.
Source : d'après Blin et al. (2023). Psychological stress induces anincrease in cholinergic enteric neuromuscular pathways mediates by glucocorticoid receptors |
Document 2 : étude des neurones du plexus myentérique, impliqués dans le transit intestinal
Document 2a : localisation du plexus myentérique dans l'intestin
Coupe transversale de l'intestin
Source : d'après T. Lebouvier (2008). Système nerveux entérique et maladie de Parkinson – Thèse pour le Diplôme d'État de Docteur en Médecine – Université de Nantes |
Les produits issus de l'alimentation, après être passés par la bouche, l'œsophage et l'estomac, progressent dans la lumière de l'intestin grêle puis du gros intestin. Leur avancée, que l'on appelle transit intestinal, est permise par des cycles de contraction-relâchement des muscles circulaires et longitudinaux lisses situés dans la paroi des intestins. Les plexus myentériques et sous-muqueux sont constitués de neurones regroupés en ganglions.
Document 2b : mesure de l'activité des neurones du plexus myentérique
Des fragments de gros intestin provenant de rats soumis au même protocole que les souris du document 1 ont été récupérés puis marqués par immunohistochimie afin de mettre en évidence la présence de la protéine Fos, qui est un marqueur de l'activité des neurones. La protéine Fos apparaît en gris clair sur les photographies. Les expériences ont été réalisées sur le début du gros intestin (= partie proximale) et sur la fin du gros intestin (= partie distale).
Photographies au microscope de ganglions du plexus myentérique de la partie proximale (a et b) et distale (c et d) du gros intestin de rats
Photographies au microscope de ganglions du plexus myentérique de la partie proximale (a et b) et distale (c et d) du gros intestin de rats
Source : d'après Miampamba et al. (2007). Water avoidance stress activates colonic myenteric neurons in female rats |
Document 2c : mesure de la concentration d'acétylcholine dans le plexus myentérique
Des neurones du plexus myentérique, dans lesquels ont été mis en évidence des récepteurs à la corticostérone, produisent de l'acétylcholine. Le CORT 108297 est un antagoniste des récepteurs à la corticostérone, c'est-à-dire qu'il peut se fixer durablement sur ces récepteurs sans les activer et en empêchant la corticostérone de s'y fixer. Des mesures de la concentration d'acétylcholine dans le plexus myentérique de souris ont été réalisées dans différentes conditions. | Groupe témoin | WAS | WAS + CORT 108297 |
---|---|---|---|
Concentration d'acétylcholine dans le plexus myentérique (en μmol/μg de protéines) | 1 | 1,5 * | 0,8 ° |
Groupe témoin : souris non soumises au stress de l'évitement de l'eau
WAS (Water avoidance stress) : souris soumises au stress de l'évitement de l'eau
CORT 108297 : souris à qui on a injecté du CORT 108297
* : différence significative par rapport au groupe témoin
° : différence non significative par rapport au groupe témoin
Document 3 : étude du transit intestinal dans différentes conditions
Document 3a : mesures de la capacité des muscles de la paroi de l'intestin à se contracter
Des bandes de paroi intestinale ont été récupérées sur des souris soumises à un stress de l'évitement de l'eau. Leur force de contraction a été enregistrée en continu à l'aide de capteurs de force isométrique. À un moment donné, ces bandes ont été soumises à une stimulation électrique (EFS), ce qui active les neurones du plexus myentérique.
La réponse a été enregistrée d'une part, en laissant les récepteurs à l'acétylcholine fonctionnels (à gauche) ou en les bloquant à l'aide d'un antagoniste de ces récepteurs, l'atropine (à droite). Les récepteurs à l'acétylcholine sont situés sur les cellules des muscles lisses de l'intestin.
La « hauteur » des signaux représente la force de contraction de la bande de paroi intestinale.
La réponse a été enregistrée d'une part, en laissant les récepteurs à l'acétylcholine fonctionnels (à gauche) ou en les bloquant à l'aide d'un antagoniste de ces récepteurs, l'atropine (à droite). Les récepteurs à l'acétylcholine sont situés sur les cellules des muscles lisses de l'intestin.
La « hauteur » des signaux représente la force de contraction de la bande de paroi intestinale.
Source : d'après Blin et al. (2023). Psychological stress induces an increase in cholinergic enteric neuromuscular pathways mediates by glucocorticoid receptors |
Document 3b : comptage du nombre de boulettes fécales émises
Les boulettes fécales (crottes) émises par différents lots de souris soumises au stress de l'évitement de l'eau ont été comptées avant d'être soumises au stress (D0) et après la période de stress (D4). Certaines ont au préalable subi une injection de CORT 108297. Chaque point du graphique correspond à la mesure réalisée chez une souris.
Source : d'après Blin et al. (2023). Psychological stress induces an increase in cholinergic enteric neuromuscular pathways mediates by glucocorticoid receptors |
Il s'agit d'un sujet dont la résolution nécessite la construction d'un raisonnement rigoureux, qui s'appuie sur l'analyse précise des documents. Ici, l'exploitation des documents peut s'effectuer selon l'ordre fourni par l'énoncé.
Conseils
1- Identifiez le problème scientifique posé par l'énoncé.2- Prenez connaissance des informations apportées par les documents.
3- Élaborez au brouillon un plan détaillé qui présente le raisonnement construit à partir des informations issues des documents et mises en relation avec les quelques connaissances nécessaires.
4- Vérifiez que le raisonnement ainsi construit est rigoureux et aboutit à la résolution du problème scientifique.
5- Rédigez directement sur votre copie, en présentant la réponse sous forme d'une introduction (posant la problématique), d'un développement structuré en différents paragraphes et d'une conclusion (présentant la réponse au problème et une ouverture).
6- Faites soigneusement référence aux documents lors de leur exploitation. Citez des valeurs chiffrées issues des documents, en précisant si les différences observées sont significatives ou non.
7- Ajoutez si besoin des schémas suffisamment grands, en couleur et accompagnés d'un titre (facultatif).
8- Relisez votre réponse pour corriger la rédaction et l'orthographe.
Exemple de plan détaillé à construire au brouillon
Notions | Documents étudiés | Connaissances |
---|---|---|
Un stress aigu entraine une augmentation de la concentration sanguine en corticostérone. | Document 1 | Stress aigu : ensemble de réactions de courte durée d'un organisme en réponse à un agent stresseur. |
Les contractions des muscles reliés aux neurones du plexus myentérique sont à l'origine du transit intestinal. | Document 2a | |
Le stress aigu augmente l'activité des neurones du plexus myentérique de l'intestin. | Document 2b | |
Le stress aigu augmente la concentration d'acétylcholine du plexus myentérique du gros intestin. Cette augmentation n'a pas lieu en présence d'antagoniste des récepteurs à la corticostérone. | Document 2c | Stress aigu : activation de l'axe hypothalamo-hypophyso-corticosurrénalien |
Bilan : le stress aigu, en activant l'axe hypothalamo-hypophyso-corticosurrénalien, entraine une augmentation de la concentration sanguine en corticostérone, activant les neurones du plexus myentérique, qui produisent davantage d'acétylcholine. | ||
La stimulation électrique des muscles de la paroi de l'intestin entraine leur contraction. Cette contraction n'a pas lieu en présence d'antagoniste des récepteurs l'acétylcholine. | Document 3a | Acétylcholine : neurotransmetteur produit par les neurones et se fixant sur des récepteurs des cellules musculaires. |
Le stress aigu entraine une augmentation de l'émission de boulettes fécales. Cette augmentation est réduite en présence d'un antagoniste des récepteurs à la corticostérone. | Document 3b | |
Bilan : le stress aigu entraine une augmentation de la concentration sanguine en corticostérone, activant les neurones du plexus myentérique, qui produisent davantage d'acétylcholine. La fixation de l'acétylcholine sur ses récepteurs des cellules des muscles lisses de l'intestin entraine leur contraction, d'où une accélération du transit intestinal à l'origine d'une émission accrue de boulettes fécales. |
Annexes
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