Une carotte de sédiments profonde de 5 m a été prélevée au fond du lac Salinas pour étudier les variations climatiques sur les 15 000 dernières années (document 1). Cette carotte présente différentes couches, constituées de matériaux volcaniques, de sédiments lacustres et de tourbes. Les couches de tourbe, riches en matière organique non entièrement décomposée, contiennent des atomes de carbone. Ces couches de tourbe peuvent alors être datées par radiochronologie en utilisant la méthode du ¹⁴C. En effet, dans la matière organique issue d'organismes morts, le rapport isotopique ¹²C/¹⁴C dépend uniquement, selon la loi de décroissance radioactive, du temps écoulé depuis la fermeture du système, ici la mort de l'organisme. Ainsi, la lecture du graphique présentant l'évolution du rapport ¹²C/¹⁴C en fonction du temps écoulé depuis la mort de l'organisme (document 2) permet de dater les échantillons A, B, et C de la carotte sédimentaire du lac Salinas, comme le présente le tableau suivant.
Tableau présentant la datation absolue des échantillons A, B et C de la carotte sédimentaire du lac Salinas

Échantillon	Profondeur	Rapport 14C/12C	Âge
A	0,4 m	9,86.10−13	entre 0 et 200 ans
B	2 m	3,10.10−13	9 600 ans
C	4,3 m	1,69.10−13	14 400 ans

Ainsi, grâce à la radiochronologie utilisant le ¹⁴C, les échantillons de tourbe de la carotte sédimentaire du lac Salinas ont pu être datés : l'échantillon A est daté de 0 à 200 ans, l'échantillon B de − 9 600 ans et l'échantillon C de − 14 400 ans. L'étude de l'abondance des pollens de différentes espèces végétales et celle des différentes diatomées des échantillons permettent de caractériser les modifications du milieu de vie de ces espèces depuis 15 000 ans et donc de reconstituer les évolutions climatiques sur cette période.

L'étude des grains de pollen des échantillons de tourbe de la carotte de sédiments du lac Salinas permet l'identification des différentes espèces présentes à l'époque de la formation de ces sédiments. Le comptage des grains de pollen des différentes espèces végétales dans les couches de la carotte permet de reconstituer l'évolution de l'abondance relative de ces pollens au cours du temps, comme le montre le diagramme pollinique du document 3.
Les pollens d'Asteraceae et de Poaceae sont principalement présents de la surface jusqu'à 2 m de profondeur, sachant qu'aucune donnée pollinique n'est disponible entre 75 et 200 cm. Pour des profondeurs supérieures à 2 m, des pollens de Cyperaceae et de Lycopodium sont présents, en plus de ceux des Asteraceae et des Poaceae. Or, selon le document 5a qui présente les milieux de vie actuels des espèces végétales produisant ces pollens, l'association des Asteraceae et des Poaceae est caractéristique des steppes sèches ou humides, alors que les espèces Cyperaceae ou Lycopodium sont spécifiques des milieux humides. Le principe d'actualisme appliqué ici permet de déterminer le climat d'une période donnée en se fondant sur les exigences écologiques actuelles des espèces végétales dont les grains de pollen sont issus. Ainsi, on peut en déduire que les pollens datant de l'actuel à − 9 600 ans (correspondant à une profondeur inférieure ou égale à 2 m) sont issus d'espèces végétales (Asteraceae et Poaceae) caractéristiques des steppes sèches ou humides. De − 9 600 ans à − 14 400 ans, la présence de pollens d'espèces caractéristiques de milieux humides (Cyperaceae et Lycopodium), associée à la présence de pollens d'espèces caractéristiques des steppes sèches ou humides (Asteraceae et Poaceae), indique qu'à cette période, le milieu était plus humide qu'il ne l'était entre l'actuel et − 9 600 ans. L'absence de données polliniques entre 75 et 200 cm de profondeur ne permet pas de préciser l'évolution de la végétation et donc du climat entre − 3 600 ans environ et − 9 600 ans. Cependant, on peut conclure que l'étude palynologique indique que l'environnement du lac Salinas serait devenu plus sec à partir de − 9 600 ans.

Les diatomées sont des algues unicellulaires vivant en milieu aquatique comme les lacs. Après leur mort, leur squelette peut être fossilisé dans les sédiments du fond de leur milieu aquatique. Les espèces de diatomées fossilisées dans la carotte du lac Salinas ont été identifiées et leur abondance relative en fonction de la profondeur a été estimée, comme le présente le document 4. Chaque espèce de diatomée présente une exigence plus ou moins forte vis-à-vis de la salinité de l'eau (document 5b).
Dans les échantillons sédimentaires profonds de 25 et de 95 cm, les diatomées Rhopalodia acuminata et Denticula sp., caractéristiques d'une forte salinité, sont retrouvées en abondance, associées à d'autres diatomées moins abondantes et caractéristiques d'une salinité moyenne de l'eau, comme Navicula mutica. Pour les échantillons profonds de 200 à 420 cm, déposés entre − 9 600 ans et − 14 400 ans, aucune diatomée caractéristique d'une salinité forte n'est observée, à l'exception de rares Rhopalodia acuminata à 200 cm de profondeur. Ces échantillons profonds contiennent des diatomées Cymbella alpina, Cymbella norvegica, Cymbella falaisensis, Fragilaria lapponica, Navicula gallica, Navicula cfr. disjuncta et Navicula bryophila, qui sont toutes caractéristiques d'une faible salinité de l'eau. On peut donc en déduire que l'environnement du lac Salinas est devenu plus salé à partir de − 9 600 ans.
Ainsi, l'étude palynologique des échantillons de tourbe de la carotte sédimentaire du lac Salinas et l'étude des populations de diatomées fossilisées dans cette même carotte permettent d'établir qu'au moins une variation climatique importante a affecté la région du lac Salinas au cours des 15 000 dernières années. Cette variation climatique correspond à un climat devenu plus sec vers − 9 600 ans. Le caractère plus sec du climat peut être dû à une augmentation de la température, ayant entraîné une augmentation de l'évaporation, ou à une diminution des précipitations, c'est-à-dire à une baisse de l'apport en eau par les pluies et les rivières. Il serait intéressant d'étudier d'autres indicateurs climatiques pour confirmer cette conclusion et expliquer l'origine de cette variation climatique.