Comment expliquer l'engagement politique dans les sociétés démocratiques ?
Il existe aujourd'hui une grande variété de formes d'engagement politique. En effet, dans les sociétés démocratiques, il y a différentes manières de « faire de la politique » et de participer plus ou moins activement à « la vie de la cité ». Une société démocratique, définie de manière sociologique, est une société où une égalité des droits est assurée et dans laquelle les individus peuvent s'exprimer. Les principes d'égalité et de liberté y sont centraux.
I. Une variété de l'engagement politique dans les sociétés démocratiques
Dans les sociétés démocratiques, l'engagement politique peut prendre des formes très diverses et plus ou moins actives. L'une d'entre elles est évidemment l'exercice du droit de vote lors des élections. Le vote constitue en effet l'engagement politique « ordinaire » même s'il n'est ni exclusif ni obligatoire. Le fait qu'un individu vote ne signifie pas nécessairement qu'il soit actif politiquement et, par ailleurs, un individu peut être engagé politiquement sans pour autant exercer son droit de vote.
Une seconde manière de s'engager politiquement est le militantisme, c'est-à-dire le fait de participer activement à la défense d'une cause ou d'une idéologie dans le cadre d'un parti politique, d'un syndicat ou d'une association politique (SOS Racisme, Greenpeace, etc.).
La consommation engagée passe, quant à elle, par l'achat de produits dont la production ou la commercialisation défendent certaines valeurs, écologiques par exemple, ou par le boycott de produits dont la production ou le producteur ne respecterait pas certains principes politiques, sociaux, ou écologiques.
Exercice n°1Une seconde manière de s'engager politiquement est le militantisme, c'est-à-dire le fait de participer activement à la défense d'une cause ou d'une idéologie dans le cadre d'un parti politique, d'un syndicat ou d'une association politique (SOS Racisme, Greenpeace, etc.).
La consommation engagée passe, quant à elle, par l'achat de produits dont la production ou la commercialisation défendent certaines valeurs, écologiques par exemple, ou par le boycott de produits dont la production ou le producteur ne respecterait pas certains principes politiques, sociaux, ou écologiques.
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II. Comment expliquer l'engagement dans les sociétés démocratiques ?
La théorie sociologique a montré que, rationnellement, les individus n'ont pas d'intérêt à se mobiliser (faire grève, par exemple). Alors, comment expliquer l'existence de mobilisations collectives ?
L'économiste et sociologue américain Mancur Olson (1932-1998) a mis en évidence un paradoxe de l'action collective : si un individu veut agir de façon purement rationnelle, il n'a a priori pas intérêt à se mobiliser (en faisant grève pour réclamer une hausse de salaire par exemple). En effet, la grève induit un coût individuel en temps, en énergie et en argent. Or, si la mobilisation est « gagnée » par les personnes engagées (la direction de l'entreprise accorde une augmentation de salaire à tous les salariés), le gain est collectif. Ainsi, un individu pris isolément a intérêt à se comporter « en passager clandestin » : il ne se mobilise pas et ne supporte donc pas les coûts de la mobilisation, mais il peut, le cas échéant, profiter des bénéfices de la mobilisation menée par les autres. Il y a donc une contradiction (et donc un paradoxe) entre l'intérêt collectif et l'intérêt individuel. Or, si tous les individus font ce même raisonnement rationnel, il n'y a pas de grève.
Comment dès lors expliquer l'engagement individuel malgré ce paradoxe ? L'émergence des mobilisations collectives peut s'expliquer de différentes manières. Tout d'abord, pour pousser les individus à se mobiliser, on peut soit réduire les coûts de la mobilisation (caisse de grève, par exemple) soit augmenter les coûts de la non-participation (« rejet » par les collègues mobilisés). On parle dans ce cas d'incitations sélectives. Ensuite, des individus peuvent se mobiliser politiquement pour des rétributions symboliques. Daniel Gaxie a montré qu'il fallait aussi expliquer la mobilisation autrement que par la défense d'une cause de manière dévouée et désintéressée : un individu peut ainsi retirer un avantage matériel (un emploi, une promotion), ou simplement symbolique (la satisfaction individuelle de défendre des idées) de sa participation.
Enfin, la mobilisation collective peut s'enclencher, s'éteindre ou ne pas avoir lieu en fonction de la structure d'opportunités politiques : la conjoncture — et donc le contexte politique — est plus ou moins favorable à la naissance et à la poursuite d'une action collective.
Exercice n°2L'économiste et sociologue américain Mancur Olson (1932-1998) a mis en évidence un paradoxe de l'action collective : si un individu veut agir de façon purement rationnelle, il n'a a priori pas intérêt à se mobiliser (en faisant grève pour réclamer une hausse de salaire par exemple). En effet, la grève induit un coût individuel en temps, en énergie et en argent. Or, si la mobilisation est « gagnée » par les personnes engagées (la direction de l'entreprise accorde une augmentation de salaire à tous les salariés), le gain est collectif. Ainsi, un individu pris isolément a intérêt à se comporter « en passager clandestin » : il ne se mobilise pas et ne supporte donc pas les coûts de la mobilisation, mais il peut, le cas échéant, profiter des bénéfices de la mobilisation menée par les autres. Il y a donc une contradiction (et donc un paradoxe) entre l'intérêt collectif et l'intérêt individuel. Or, si tous les individus font ce même raisonnement rationnel, il n'y a pas de grève.
Comment dès lors expliquer l'engagement individuel malgré ce paradoxe ? L'émergence des mobilisations collectives peut s'expliquer de différentes manières. Tout d'abord, pour pousser les individus à se mobiliser, on peut soit réduire les coûts de la mobilisation (caisse de grève, par exemple) soit augmenter les coûts de la non-participation (« rejet » par les collègues mobilisés). On parle dans ce cas d'incitations sélectives. Ensuite, des individus peuvent se mobiliser politiquement pour des rétributions symboliques. Daniel Gaxie a montré qu'il fallait aussi expliquer la mobilisation autrement que par la défense d'une cause de manière dévouée et désintéressée : un individu peut ainsi retirer un avantage matériel (un emploi, une promotion), ou simplement symbolique (la satisfaction individuelle de défendre des idées) de sa participation.
Enfin, la mobilisation collective peut s'enclencher, s'éteindre ou ne pas avoir lieu en fonction de la structure d'opportunités politiques : la conjoncture — et donc le contexte politique — est plus ou moins favorable à la naissance et à la poursuite d'une action collective.
III. Qui s'engage ?
On peut, par exemple, étudier l'engagement politique à la lumière du taux d'adhésion à un syndicat. Or, l'engagement syndical est faible en France : seuls 11 % des salariés adhèrent à une organisation syndicale. Ce taux de syndicalisation (part des syndiqués dans le total des salariés) est un des plus faibles des pays de l'OCDE. Il dépend de plusieurs variables, notamment sociodémographiques, des secteurs d'activité, privé ou public, de la taille des entreprises, etc..Selon une étude (2016) de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), le taux de syndicalisation dépend par exemple de la catégorie socioprofessionnelle : les cadres et les membres des professions intermédiaires (11,8 %) se syndiquent davantage que les ouvriers (10,1 %). Le niveau de diplôme est donc une variable explicative du taux de syndicalisation : plus on est diplômé, plus on a tendance à adhérer à une organisation syndicale. Par ailleurs, l'âge et la génération jouent également un rôle : les moins de 30 ans ne sont que 3,6 % à être syndiqués contre 16,6 % pour les salariés âgés de 50 à 59 ans. Enfin, les hommes se syndiquent légèrement plus que les femmes.
La consommation engagée est, quant à elle, plutôt le fait des femmes que des hommes et cette forme d'engagement politique est surtout le fait des diplômés.
IV. Les transformations et la diversité des objets, des acteurs et du répertoire de l'action collective dans les sociétés démocratiques
Jusque dans les années 1970, dans le cadre de la société industrielle, marquée par le mouvement ouvrier, les actions collectives étaient très souvent des conflits du travail, c'est-à-dire des mobilisations menées par des salariés — ouvriers regroupés en syndicats — contre la direction de leur entreprise ou l'État, centrées sur des revendications matérielles et économiques (augmentations de salaire, conditions de travail, etc.). Aujourd'hui, les mouvements collectifs et leurs acteurs se sont largement diversifiés, ils portent désormais plus sur de nouveaux enjeux de mobilisation, par exemple les « luttes minoritaires », c'est-à-dire celles visant à défendre les droits des « minorités » et à combattre les discriminations dont elles sont victimes. Les revendications sont donc aujourd'hui davantage culturelles et « post-matérialistes ».
Dans ce contexte postindustriel, si les syndicats et les partis politiques sont toujours présents, associations et groupements de tous types occupent souvent la première place. Et, selon les mobilisations, les participants sont tout autant des membres des classes moyennes ou des cadres que des ouvriers ou des membres des classes populaires.
Depuis les années 1970, les formes que prennent les actions collectives se sont elles aussi progressivement diversifiées. Les sociologues utilisent la notion, développée par Charles Tilly (1929-2008), de répertoire d'action collective pour désigner cette gamme de formes que peuvent prendre les actions collectives. Au-delà du traditionnel tandem grève-manifestation, d'autres types de mobilisations tels que concerts de soutien, happenings, occupations… sont, en effet, de plus en plus pratiqués.
Exercice n°3Exercice n°4Exercice n°5Dans ce contexte postindustriel, si les syndicats et les partis politiques sont toujours présents, associations et groupements de tous types occupent souvent la première place. Et, selon les mobilisations, les participants sont tout autant des membres des classes moyennes ou des cadres que des ouvriers ou des membres des classes populaires.
Depuis les années 1970, les formes que prennent les actions collectives se sont elles aussi progressivement diversifiées. Les sociologues utilisent la notion, développée par Charles Tilly (1929-2008), de répertoire d'action collective pour désigner cette gamme de formes que peuvent prendre les actions collectives. Au-delà du traditionnel tandem grève-manifestation, d'autres types de mobilisations tels que concerts de soutien, happenings, occupations… sont, en effet, de plus en plus pratiqués.
ZOOM SUR…
Une baisse significative du taux de syndicalisation en France depuis 1949
Source : DARES, octobre 2018. |
Ce document nous renseigne sur l'évolution du taux de syndicalisation en France depuis 1949. Le taux de syndicalisation est la part des salariés adhérant à un syndicat. Ainsi, nous pouvons constater que, en 1949, 30,1 % des salariés adhéraient à un syndicat contre seulement 10,8 % aujourd'hui. La chute du taux de syndicalisation en France est donc importante même si l'on note une légère hausse par rapport au début des années 1990 où le taux de syndicalisation a atteint son niveau le plus bas (9,4 %).
Les moyens d'action politique les plus efficaces pour influencer les décisions politiques en France (en pourcentage du total des réponses apportées)
Question posée à un panel représentatif de la population française : « Selon vous, qu'est-ce qui permet, en premier, aux citoyens d'exercer le plus d'influence sur les décisions prises en France ? »
Source : d'après Baromètre de la confiance politique / Vague 9, Opinionway pour Sciences Po CEVIPOF, janvier 2018. |
Ce document est le résultat d'un sondage réalisé par le centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) en janvier 2018. Un panel représentatif de la population française était invité à s'interroger sur les moyens les plus efficaces pour influencer les décisions politiques. Fort logiquement, pour 48 % des Français, le vote reste le principal moyen d'action politique. Il est peut-être plus étonnant de constater que, selon les Français interrogés, le boycott d'entreprises ou de produits est plus efficace pour influer sur les décisions que la grève et la manifestation, qui ne sont efficaces que pour environ 10 % des Français.
Exercice n°1
Vrai ou faux ? L'engagement politique se limite au vote dans les sociétés démocratiques.
Cochez la bonne réponse.
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Si le vote est une composante essentielle de l'engagement politique, celui-ci n'y est pas limité : il comprend aussi le militantisme politique, associatif, syndical, la consommation engagée…
Exercice n°2
Selon Mancur Olson et le paradoxe de l'action collective, un individu rationnel a intérêt :
Cochez la bonne réponse.
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Mancur Olson a montré qu'un individu n'a pas intérêt a priori à se mobiliser (participer à une grève par exemple) car, si la mobilisation aboutit (augmentation de salaires, par exemple), l'individu en percevra les gains sans en avoir supporté les coûts en temps, en énergie et en argent. Selon cette lecture, un individu a donc ainsi rationnellement intérêt à se comporter en passager clandestin.
Exercice n°3
La structure d'opportunité politique, c'est :
Cochez la bonne réponse.
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La structure d'opportunité politique désigne le contexte politique dans lequel se trouve une société. Ce contexte politique est plus ou moins propice à une mobilisation. Dans certains cas, une mobilisation collective (une manifestation, par exemple) a plus de chance d'aboutir — par exemple, lorsque le gouvernement est peu populaire. À l'inverse, juste après des élections, il est souvent peu efficace de se mobiliser pour s'opposer à un gouvernement qui vient d'être élu.
Exercice n°4
En France, le taux de syndicalisation :
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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Le taux de syndicalisation en France a baissé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale puisqu'il est passé d'environ 30 % des salariés à environ 11 %, soit une baisse de 19 points de pourcentage. La France a un taux de syndicalisation deux fois moins élevé que les autres pays de l'OCDE.
Exercice n°5
Le répertoire de l'action collective, c'est :
Cochez la bonne réponse.
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Le répertoire de l'action collective désigne l'ensemble des moyens qui peuvent être utilisés pour exprimer un mécontentement ou défendre une idée : grève, manifestation, pétition, boycott, occupation, etc. Dans les sociétés démocratiques, le répertoire de l'action collective s'est élargi laissant davantage place à des formes « originales » de mobilisations (happenings, envahissement, action dénudée, les avocats jetant leurs robes devant les caméras…).