Introduire et conclure
L'introduction et la conclusion sont des étapes essentielles de la dissertation. À partir de l'introduction, le correcteur observe la saisie du problème et les perspectives envisagées. La conclusion permet quant à elle de mettre en valeur la réflexion menée.
I. Construire une introduction
Une introduction doit comporter :
• une accroche qui peut servir de mise en contexte du sujet. Pour cela, on peut partir d'une œuvre que vous connaissez, d'un exemple, d'un sujet d'actualité ou d'histoire. Cette partie de l'introduction est facultative : on peut entrer directement dans le sujet. Partir d'une accroche permet surtout d'éviter de bloquer sur les premiers mots de la dissertation ;
• des définitions qui mènent vers des axes de réflexion ;
• la problématique ;
• le plan.
1. L'introduction pas à pas
Sujet 1 : « La solitude est-elle la clé du bonheur ? »
[Contexte.] Combien de peines de cœur pourrions-nous éviter si nous restions seuls ? Combien de trahisons, de secrets révélés, d'insultes, de mépris éviterions-nous en étant isolés les uns des autres ? L'expression populaire « mieux vaut être seul que mal accompagné » sous-entendrait que l'on puisse être « bien accompagné ». Est-ce vraiment le cas ? Est-ce qu'autrui n'est pas toujours une souffrance ? La solitude serait-elle la clé du bonheur ?
[Définitions.] La solitude, c'est l'état de celui qui est seul, par choix. Au contraire de l'isolement, la solitude n'entraîne pas la souffrance d'être laissé de côté. La solitude, c'est être en paix avec soi-même, sans ressentir le besoin des autres ni le manque de leur absence. [On va à présent définir le reste des termes les uns par rapport aux autres : on établit les liens.] Si on la propose comme clé, c'est-à-dire comme condition du bonheur, c'est que, au contraire, les autres semblent être une gêne, un obstacle au bonheur. En effet, une autre conscience, une autre volonté, une autre liberté que la mienne me contraint par ses actions à supporter une situation que je n'ai pas choisie : on me parle alors que je n'en ai pas envie, on m'observe lorsque je voudrais cacher ce que je fais… Autrui est vécu comme une contrainte, une opposition à mon bonheur. Si l'on comprend le bonheur comme un état de sérénité, de tranquillité dans lequel mes désirs sont accomplis et non pas limités par la présence d'autrui, la solitude est bien la condition d'une satisfaction sereine de mes désirs. [On introduit aussi la pluralité de ces liens qui nous conduisent à poser le problème.] Mais cette description d'autrui est sans doute trop partielle : si certains moments seul me satisfont, je ressens aussi le besoin de communiquer, d'être en contact avec autrui, et l'isolement prolongé est souvent mal vécu. Ce serait alors qu'au contraire la solitude serait cause de malheur.
[Problématique.] Comment penser que la solitude est la clé du bonheur si le sentiment d'isolement semble être un sentiment contraire à la satisfaction que l'on trouve dans le bonheur et si, en même temps, la solitude permet de trouver une sérénité à laquelle autrui peut faire obstacle ?
[Annonce du plan.] Dans un premier temps, nous montrerons en quoi autrui est plus un tourment qui empêche le bonheur qu'un moyen d'y accéder ; à choisir le moindre des deux maux, il vaudrait mieux alors la solitude que la compagnie. Sans compagnie cependant, la vie elle-même, autant que la satisfaction, semble impossible : comment gérer alors cette relation à l'autre pour éviter le malheur qu'elle peut causer ? Enfin, nous proposerons une hypothèse : le bonheur n'est ni dans la solitude totale ni dans la perte de soi à travers autrui, mais dans une forme de sagesse qui permet d'être accompli et en accord avec les conditions du bonheur. [À chaque étape, on précise le propos pour guider le correcteur, on ne se contente pas de dire que l'on affirmera que oui puis que non…]
Sujet 2 : « Parler, est-ce imposer sa vision du monde ? »
[Contexte.] Entre la radio, la télévision, les réseaux sociaux et les téléphones, notre monde révèle notre besoin de communication : nous sommes sans cesse à nous parler, à nous communiquer des idées, des points de vue, à débattre, discuter et disputer.
[Définitions.] Parler, c'est avant tout faire usage du langage de façon à exprimer notre point de vue sur le monde qui nous entoure. On forme nos idées dans les mots, que l'on exprime alors à l'oral ou à l'écrit, et que l'on transmet à une autre conscience, qui devient alors le réceptacle de notre pensée. [On établit un premier lien.] Parler serait ainsi un processus de communication : il s'agirait de transmettre une information de quelqu'un à quelqu'un d'autre. [On établit un second lien.] Cependant, il n'y a pas seulement communication, mais aussi débat, discussion, dispute… Utiliser le langage, c'est aussi prendre une position par rapport à tous les autres usages du langage : on oppose notre point de vue à celui des autres. Les mots que l'on emploie, notre ton, notre langue vont chercher à dicter et à diriger le point de vue de notre interlocuteur. Dans sa conscience, il n'est confronté qu'à ses pensées, mais par le langage, il est aussi confronté à des pensées d'autrui qui réclament une réaction. Quand quelqu'un nous dit qu'il aime telle chanson, soudainement s'ouvre une perspective que l'on avait manquée et à propos de laquelle on peut débattre. [On introduit la pluralité de ces liens qui nous conduisent à poser le problème.] Parler, c'est donc communiquer, mais cette communication peut être à sens unique et chercher à s'imposer, c'est-à-dire contraindre à penser selon le point de vue exprimé.
[Problématique.] On peut se demander si parler, c'est communiquer de façon à échanger, sur un pied d'égalité, des informations ou si, dans l'usage du langage, on ne trouve pas une forme de violence qui cherche à modifier le point de vue de l'interlocuteur.
[Plan.] Nous montrerons d'abord en quoi toute prise de parole tend à porter en elle une forme de conflit, en distinguant le débat, qui est une forme de combat, et la discussion, plus propice à la complicité. Nous nous demanderons si ce conflit n'est qu'accidentel ou si le fait de vouloir imposer sa vision du monde n'est pas, au fond, essentiellement et nécessairement lié à la prise de parole. Enfin, nous envisagerons le dialogue philosophique comme une façon d'échapper à cette violence des points de vue qui s'imposent et s'opposent.
[Contexte.] Combien de peines de cœur pourrions-nous éviter si nous restions seuls ? Combien de trahisons, de secrets révélés, d'insultes, de mépris éviterions-nous en étant isolés les uns des autres ? L'expression populaire « mieux vaut être seul que mal accompagné » sous-entendrait que l'on puisse être « bien accompagné ». Est-ce vraiment le cas ? Est-ce qu'autrui n'est pas toujours une souffrance ? La solitude serait-elle la clé du bonheur ?
[Définitions.] La solitude, c'est l'état de celui qui est seul, par choix. Au contraire de l'isolement, la solitude n'entraîne pas la souffrance d'être laissé de côté. La solitude, c'est être en paix avec soi-même, sans ressentir le besoin des autres ni le manque de leur absence. [On va à présent définir le reste des termes les uns par rapport aux autres : on établit les liens.] Si on la propose comme clé, c'est-à-dire comme condition du bonheur, c'est que, au contraire, les autres semblent être une gêne, un obstacle au bonheur. En effet, une autre conscience, une autre volonté, une autre liberté que la mienne me contraint par ses actions à supporter une situation que je n'ai pas choisie : on me parle alors que je n'en ai pas envie, on m'observe lorsque je voudrais cacher ce que je fais… Autrui est vécu comme une contrainte, une opposition à mon bonheur. Si l'on comprend le bonheur comme un état de sérénité, de tranquillité dans lequel mes désirs sont accomplis et non pas limités par la présence d'autrui, la solitude est bien la condition d'une satisfaction sereine de mes désirs. [On introduit aussi la pluralité de ces liens qui nous conduisent à poser le problème.] Mais cette description d'autrui est sans doute trop partielle : si certains moments seul me satisfont, je ressens aussi le besoin de communiquer, d'être en contact avec autrui, et l'isolement prolongé est souvent mal vécu. Ce serait alors qu'au contraire la solitude serait cause de malheur.
[Problématique.] Comment penser que la solitude est la clé du bonheur si le sentiment d'isolement semble être un sentiment contraire à la satisfaction que l'on trouve dans le bonheur et si, en même temps, la solitude permet de trouver une sérénité à laquelle autrui peut faire obstacle ?
[Annonce du plan.] Dans un premier temps, nous montrerons en quoi autrui est plus un tourment qui empêche le bonheur qu'un moyen d'y accéder ; à choisir le moindre des deux maux, il vaudrait mieux alors la solitude que la compagnie. Sans compagnie cependant, la vie elle-même, autant que la satisfaction, semble impossible : comment gérer alors cette relation à l'autre pour éviter le malheur qu'elle peut causer ? Enfin, nous proposerons une hypothèse : le bonheur n'est ni dans la solitude totale ni dans la perte de soi à travers autrui, mais dans une forme de sagesse qui permet d'être accompli et en accord avec les conditions du bonheur. [À chaque étape, on précise le propos pour guider le correcteur, on ne se contente pas de dire que l'on affirmera que oui puis que non…]
Sujet 2 : « Parler, est-ce imposer sa vision du monde ? »
[Contexte.] Entre la radio, la télévision, les réseaux sociaux et les téléphones, notre monde révèle notre besoin de communication : nous sommes sans cesse à nous parler, à nous communiquer des idées, des points de vue, à débattre, discuter et disputer.
[Définitions.] Parler, c'est avant tout faire usage du langage de façon à exprimer notre point de vue sur le monde qui nous entoure. On forme nos idées dans les mots, que l'on exprime alors à l'oral ou à l'écrit, et que l'on transmet à une autre conscience, qui devient alors le réceptacle de notre pensée. [On établit un premier lien.] Parler serait ainsi un processus de communication : il s'agirait de transmettre une information de quelqu'un à quelqu'un d'autre. [On établit un second lien.] Cependant, il n'y a pas seulement communication, mais aussi débat, discussion, dispute… Utiliser le langage, c'est aussi prendre une position par rapport à tous les autres usages du langage : on oppose notre point de vue à celui des autres. Les mots que l'on emploie, notre ton, notre langue vont chercher à dicter et à diriger le point de vue de notre interlocuteur. Dans sa conscience, il n'est confronté qu'à ses pensées, mais par le langage, il est aussi confronté à des pensées d'autrui qui réclament une réaction. Quand quelqu'un nous dit qu'il aime telle chanson, soudainement s'ouvre une perspective que l'on avait manquée et à propos de laquelle on peut débattre. [On introduit la pluralité de ces liens qui nous conduisent à poser le problème.] Parler, c'est donc communiquer, mais cette communication peut être à sens unique et chercher à s'imposer, c'est-à-dire contraindre à penser selon le point de vue exprimé.
[Problématique.] On peut se demander si parler, c'est communiquer de façon à échanger, sur un pied d'égalité, des informations ou si, dans l'usage du langage, on ne trouve pas une forme de violence qui cherche à modifier le point de vue de l'interlocuteur.
[Plan.] Nous montrerons d'abord en quoi toute prise de parole tend à porter en elle une forme de conflit, en distinguant le débat, qui est une forme de combat, et la discussion, plus propice à la complicité. Nous nous demanderons si ce conflit n'est qu'accidentel ou si le fait de vouloir imposer sa vision du monde n'est pas, au fond, essentiellement et nécessairement lié à la prise de parole. Enfin, nous envisagerons le dialogue philosophique comme une façon d'échapper à cette violence des points de vue qui s'imposent et s'opposent.
Conseil de rédaction
On peut facilement se sentir bloqué par les premiers mots de l'introduction, ne pas savoir comment commencer, ne pas trouver ses mots… Il faut se lancer : après les premières phrases, les mots viennent plus facilement. Il est toujours possible de reprendre les premiers mots de l'introduction une fois la dissertation rédigée.Ce qu'il ne faut pas faire
Une introduction ne doit jamais commencer par « De tout temps… ».
II. La conclusion pas à pas
La conclusion est une étape importante : elle permet de rappeler au correcteur le cheminement mené à partir du problème posé. Il faut donc reprendre la question posée puis montrer quelle réponse on y a apportée. Pour cela, il faut rappeler les étapes argumentatives, avec le concept central de chaque mouvement de la démonstration. Enfin, une réponse finale doit être proposée.Sujet 1 : « La solitude est-elle la clé du bonheur ? »
On s'est demandé si la solitude était la clé du bonheur. [Rappel du sujet.] On a vu que la solitude était une solution de fuite alors qu'autrui devenait une menace et un obstacle à mon bien-être. La solitude semblait permettre la sérénité nécessaire au bonheur. [Rappel de l'idée défendue dans la première partie.] Mais si elle apporte de la sérénité, la solitude manque d'accomplissement et risque de faire tomber dans un ennui frustrant : la compagnie semble alors devenir nécessaire au bonheur. Dès lors, comment concilier la souffrance de l'altérité et le besoin d'autrui ? [Rappel de la deuxième partie.] Plusieurs options semblent pouvoir émerger. Parmi elles, deux conditions s'imposent. D'abord, si l'on veut être heureux, il faut apprendre à l'être seul et par soi : autrui ne pourra jamais m'apporter la sérénité que je dois connaître par moi-même. Je serai alors satisfait dans la solitude comme dans la compagnie. La deuxième condition est de trouver la juste altérité, soit dans une personne, soit dans un temps, pour pouvoir être serein et satisfait avec autrui sans qu'il devienne un piège étouffant. [Rappel de la troisième partie.] La fuite dans la solitude ne permet donc pas le bonheur, c'est bien plutôt la sagesse, qui se porte envers soi et dans le choix de la compagnie, qui permet d'être heureux. [Réponse au sujet.]
Sujet 2 : « Parler, est-ce imposer sa vision du monde ? »
On voit donc que parler n'est pas neutre. [On rappelle implicitement la question posée en annonçant une réponse.] Cette action semble sans cesse imposer un point de vue, que ce soit par l'affrontement qui se produit lorsque nous rencontrons un autre point de vue [rappel de la première partie], ou lorsque la langue ou les mots influencent les points de vue et les débats [rappel de la deuxième partie]. En effet, il semble que par essence le langage porte un point de vue qui s'impose à nous, à chaque prise de parole. Pour s'en sortir, une solution est envisageable : apprendre à dialoguer pour renouer avec le sens original du langage, qui doit aider au partage et à la communication [rappel de la troisième partie]. Cet usage de la parole permet un retour réfléchi sur son propre point de vue, et interroge également les présupposés des mots de notre langue et leur rôle dans nos présupposés. L'usage irréfléchi de la parole tend à opposer les visions du monde, tandis que l'usage réfléchi permet une communication honnête et respectueuse. [Réponse au sujet.]
Se relire
Avant de rendre sa copie, il faut consacrer quelques minutes à la relecture : il s'agit non seulement de s'assurer de la correction de la langue, mais aussi de vérifier que les différentes idées se trouvent clairement établies et qu'un point de l'argumentation n'a pas été oublié. Il ne faut donc pas hésiter à se relire au fur et à mesure de la rédaction.Faire des relectures précises est utile et conseillé : une relecture pour l'orthographe d'usage, une autre pour la conjugaison (concordance des temps et accord des verbes avec le sujet), une autre pour la syntaxe (tous les mots sont-ils dans le bon ordre ?), une enfin concernant les idées (n'ai-je rien laissé de côté ?).
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