La liberté
La liberté est la capacité à agir comme on veut. Ce qui signifie que je suis le maître de mes décisions et que je ne suis ni limité ni contraint. Mais cette définition engage deux enjeux. D'abord, sommes-nous vraiment capables d'être libre ou bien est-ce une illusion ? Ensuite comment penser cette liberté au niveau de la loi et de l'État qui semblent à la fois me contraindre et me protéger ?
Pourquoi la liberté se trouve-t-elle paradoxalement dans la loi ? Dans son ouvrage Le Léviathan, Hobbes définit la liberté comme étant l'absence de contraintes. Il semblerait alors que l'État et ses lois soient contraires à celle-ci. Mais Hobbes montre que lorsque les hommes sont laissés à eux-mêmes, ils entrent en compétition. Chacun devient une entrave à la liberté de l'autre, ou même un danger pour lui. Pour être le maître de nos décisions, nous devons être assurés de notre sécurité : c'est là la condition de la liberté. Les lois qu'impose l'État ont donc deux effets. Elles restreignent ma liberté. Mais par cette restriction, elles me protègent de subir celle des autres.
Les contraintes étant inévitables, comment les concilier avec la liberté ? Ma volonté, mes envies, mes goûts ne sont pas indépendants de la société ou de mes gènes. Je suis orienté et influencé par la publicité, par une addiction ou encore par l'effet de groupe. Suivre sa volonté, ce n'est pas forcément être libre : en réalité, nous sommes l'objet d'influences et de causes dont nous n'avons pas conscience. C'est pourquoi, selon Spinoza, la liberté serait une illusion, du moins si on se contente de suivre notre volonté. Il montre, dans L'éthique, que la liberté est toujours liée à la connaissance. Car, si je connais le monde, si je me connais, et si je connais les causes qui agissent sur moi, alors je peux agir dessus et les maîtriser.
On peut alors repenser ce qu'est la liberté en prenant en compte l'obéissance à certaines règles. On pense habituellement qu'être libre, c'est être indépendant. Agir comme on le souhaite, sans avoir à demander la permission à quelqu'un, ce serait ça être libre. Mais pour Kant, l'indépendance est un degré de liberté très bas. On se contenterait de suivre ses désirs, désirs qui sont, eux, bien causés de l'extérieur. Dans la Critique de la raison pratique, il montre que la liberté c'est plutôt l'autonomie. C'est-à-dire le fait d'être capable de se fixer une loi et de la suivre. Ainsi, on décide pour soi, selon des règles qu'on a réfléchies. Il montre alors qu'obéir à la loi morale c'est être libre. Suivre l'impératif catégorique, comme il le désigne, montre notre capacité à comprendre et à décider pour nous-mêmes et par nous-mêmes.
Être libre, c'est donc être autonome, c'est-à-dire capable de se maîtriser en comprenant les contraintes qui pèsent sur soi et en se donnant ses propres règles.
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