Entretien avec Vanessa Kayo, comédienne, humoriste et autrice
Comédienne et humoriste, Vanessa Kayo s'est formée au cours Florent en même temps qu'elle travaillait comme professeur de lettres. Boulimique d'écriture, elle a commencé en 2012 à jouer la première version de son premier one woman show. Elle écrit également pour le théâtre et travaille régulièrement comme chroniqueuse à la radio ou à la télévision.
Quand vous est venue l'envie de jouer ?
V. K. : Dès toute petite, j'ai eu envie de faire rire les autres. Au début, un peu malgré moi, les gens me trouvaient drôle alors que moi, pas forcément. En réalité, mon rêve, c'était de devenir comédienne, mais comme je trouvais ça un peu trop prétentieux, j'ai pris le chemin de l'humour. Je me rappelle aussi qu'au bibliobus de chez moi, j'avais emprunté la K7 d'un spectacle de Muriel Robin, - à l'époque, on avait des K7 - et rien qu'avec la voix, sans même avoir les mimiques, je riais toute seule dans ma chambre. Qu'est-ce qu'elle me faisait rire ! J'ai eu envie de faire comme elle, sauf que j'ai eu du mal à me lancer. Ça me faisait peur de ne pas réussir.
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Est-ce que vous avez aussi commencé à écrire très jeune ?
V. K. : J'ai toujours écrit. Adolescente, je tenais un journal intime. En primaire, j'écrivais des histoires, surtout des débuts de roman très tristes avec des gens qui mouraient… rien à voir avec l'humour !
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Comment êtes-vous arrivée à devenir humoriste ?
V. K. : Dans un premier temps, j'ai été prof de lettres. En parallèle, j'ai décidé de suivre les cours Florent. J'avais déjà fait pas mal de théâtre avant, je savais placer ma voix, utiliser mon corps et on m'a motivée à me lancer dans le one woman show. J'ai fait une école spécialisée, puis j'ai écrit mon premier spectacle.
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Comment se passe l'écriture pour vous ?
V. K. : J'écris énormément, des idées, des inspirations, des situations… Après, selon les demandes, je suis plus ou moins rapide. Pour une chronique d'humour, je m'y prends deux à trois jours avant, pour que ce soit bien rodé le jour J. C'est pareil pour une vidéo courte. Quand j'écris un sketch, j'écris beaucoup et après, je trie. Je garde en général la moitié de ce que j'ai produit. Pour un spectacle, c'est très long. Ça se compte en mois. Il faut avoir de la matière, trouver un fil conducteur, s'assurer qu'il y ait de la cohérence. En général, ça répond à une problématique, je me dis : « Qu'est-ce que je veux livrer aux gens ? » et je pars de ça pour m'organiser.
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Justement, comment faites-vous pour structurer une chronique ou un sketch ?
V. K. : Moi, je pars d'une situation, je raconte une histoire dans laquelle les gens vont se reconnaître et puis, je trouve un angle. Je transforme la situation pour que ce soit drôle. Ce qui fait surtout rire les gens, c'est quand rien ne se passe comme on l'avait imaginé, c'est un angle que je peux prendre.
Lorsque j'écris un livre, je suis très méthodique dans la structure. Je fais très attention à la logique, aux enchaînements, à la continuité des chapitres. J'aime bien que ce soit carré.
Lorsque j'écris un livre, je suis très méthodique dans la structure. Je fais très attention à la logique, aux enchaînements, à la continuité des chapitres. J'aime bien que ce soit carré.
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Comment vous préparez-vous pour vos spectacles ?
V. K. : Au début, j'ai fait ça un peu toute seule. Après, j'ai fait appel à des metteurs en scène. En one, c'est particulier, même si on ne peut pas t'imposer quelque chose comme pour une pièce, c'est important de pouvoir être accompagné. Ça permet d'avoir un retour et de savoir si ce qu'on fait est bien, ou pas. On partage des idées également. Le plus difficile, c'est le rythme à tenir, les gens doivent rire régulièrement parce qu'ils viennent te voir pour ça !
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Comment faites-vous pour apprendre vos textes ?
V. K. : C'est beaucoup de travail. Je passe beaucoup de temps à répéter. Je répète seule dans ma tête, chez moi, dans la nature, je répète à voix haute, je me filme ou demande un regard extérieur. Ça m'aide à enlever les trucs parasites ou à soigner les petits détails. Je vois, de cette façon, où il faut plus de jeu, là où je dois appuyer sur un point au niveau d'un personnage ou trouver des mimiques à un moment bien précis. Sur scène, c'est comme une chorégraphie. Tout est prévu. Je sais exactement avec quel mot je dois faire tel ou tel autre geste, être à tel ou tel autre endroit. C'est vrai que parfois, il y a quelques petits imprévus, mais ils se gèrent facilement si on les accepte !
Et avant de rentrer en scène, comment ça se passe ?
V. K. : Je dédramatise la situation. À priori, les gens sont venus pour me voir, pour passer un bon moment donc il faut se forcer un peu à être détendu, et si ce n'est pas le cas, on fait semblant ! Je me dis que je vais leur apprendre des choses aussi. Je m'autocoache en me disant que je suis géniale, hilarante, et à force de faire semblant, on finit par y arriver et à y croire ! Sur scène, je ne suis plus Vanessa, je suis Mme Kayo et elle, elle est capable de tout !
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