Entretien avec Mathilde Marguerit, professeur d'histoire-géographie et de théâtre, créatrice de projets théâtraux et cinématographiques

Mathilde Marguerit est professeure d'histoire-géographie depuis plus de 20 ans. Passionnée par son métier, elle a été formatrice académique pendant plusieurs années au sein de l'académie d'Amiens. Avec ses élèves de collège, elle a gagné de nombreux prix nationaux grâce à des projets théâtraux et cinématographiques autour de problématiques historiques et de citoyenneté.

Comment travaillez-vous l'oral dans vos matières ?
M. M. : On travaille la prise de parole principalement en classe, et avec la radio dont je dispose. Pour moi, l'oral, en 2023, ce n'est pas simplement se contenter d'échanges en classe : je pose une question, on me répond, ce qui est déjà, pour certains enfants, exceptionnel. Non, il faut aussi s'assurer que tous les enfants prennent la parole, ce qui est parfois compliqué car pour certains enfants, s'exprimer est infaisable.
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Y a-t-il une progression dans la prise de parole des élèves ?
M. M. : Je trouve que les élèves ont plus de répondant qu'avant, qu'ils sont parfois sans filtre. Mais en général, il n'y a pas assez de structure. Ce n'est pas parce que je réponds par « oui » ou « non » que je réponds réellement à la question. D'ailleurs, ce ne sont pas des réponses. Ce qu'il faut, c'est argumenter. Ensuite, il y a des élèves qui, selon leurs acquis, plus ou moins solides, ont besoin de nourrir leur oral. Paraphraser ou recracher des informations ne constitue pas un oral, il est nécessaire de faire des ajouts personnels, d'importer un peu de soi dans son oral, de se l'approprier. C'est un travail de longue haleine à effectuer dans toutes les matières.
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Quel est le rôle de la préparation de la prise de parole ?
M. M. : L'utilisation de la radio est quelque chose d'intéressant et formateur. Vous avez des élèves qui pensent s'exprimer à la perfection, qui arrivent en prenant le micro comme des stars et qui, finalement, produisent une chronique creuse, peu structurée malgré la préparation écrite qu'ils ont faite. Au contraire, vous avez l'exemple d'élèves plus laborieux qui ont mis plus d'une semaine à faire leur chronique de 2 minutes et qui passent en lisant correctement et en fournissant un beau discours. Être capable de s'en tenir au cahier des charges fait partie du jeu. 5 minutes, ce n'est pas 6 ou plus. Il faut également penser aux essais auprès de tierces personnes. Avoir un retour, prendre du recul sur son travail est essentiel à la réussite.
Si je dois reprendre les étapes, je dirais qu'il faut :
  • verbaliser son idée de sujet ;
  • enrichir son oral par des ressources et des documents ;
  • structurer sa présentation ;
  • travailler le style et la forme ;
  • se chronométrer, et même se filmer, c'est la mode !
Le regard extérieur sert à améliorer la performance et aide à l'acceptation de soi d'ailleurs. L'oral est donc bien présent dans nos pratiques d'enseignement.
Dans un oral, il faut bien distinguer l'idée d'exposer de celle de convaincre. Le concept de l'auditoire ne doit pas être omis. Le corps est aussi éminemment important. Il ne faut jamais oublier la dimension de l'émotion.
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