Dominique de Villepin, discours à lONU, New York, le 14 février 2003, en opposition à la guerre en Irak

Le contexte
La volonté des États-Unis de déclarer la guerre à l'Irak en 2003 est une des répercussions directes des attentats du 11 septembre 2001. Après l'Afghanistan des Talibans et des combattants d'Al-Qaïda, le géant américain veut s'attaquer à un autre berceau du terrorisme, en prenant pour argument la présence supposée d'armes de destruction massive.
Le 14 février 2003, Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, prend la parole devant la tribune des Nations unies pour défendre la position de la France contre une intervention armée en Irak.
La clarté de la construction
D'abord, les arguments sont clairement exposés de façon binaire, sous forme d'alternatives. Tout d'abord, avant toute guerre, les preuves de la présence d'armes de destruction massive doivent être avérées et, seulement après cela, pourront être prises des décisions interventionnistes.
Dominique de Villepin, discours à l'ONU, New York, le 14 février 2003, en opposition à la guerre en Irak - illustration 1
Le présent de vérité générale
Si des armes sont effectivement trouvées, il préconise encore une fois une concertation pour éviter à tout prix la guerre : « car la guerre est toujours la sanction d'un échec », assène-t-il dans une formule choc au présent de vérité générale, au rythme d'alexandrin.
Dominique de Villepin, discours à l'ONU, New York, le 14 février 2003, en opposition à la guerre en Irak - illustration 2
Source : Shutterstock/© Microgen
L'ethos (ou image de soi) : la France, pays d'expérience
Il prend bien soin d'expliquer pourquoi la France peut éclairer sur ce sujet en utilisant l'argument de « l'expérience ». En effet, ce « vieux pays » sait ce que sont « les guerres, l'occupation, la barbarie ». Le monde entier sait la douleur qu'ont engendré les deux guerres mondiales pour la France.
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Prendre en compte l'auditoire : des talents diplomatiques
Habilement, pour ne pas mettre à mal les États-Unis et continuer le dialogue, il souligne que son pays « n'oublie pas tout ce qu'il doit aux combattants de la liberté venus d'Amérique et d'ailleurs ». Il valorise les États-Unis, en les présentant comme un pays libérant les opprimés, pour mieux convaincre d'éviter une guerre d'invasion.
Il invalide les présupposés de l'adversaire en mettant la paix du côté du « courage » et de l'efficacité.
Zoom sur… la posture
Le regard tout comme le ton employé véhiculent la conviction et entraînent l'adhésion de l'auditoire. Être convaincant dépend de la précision des éléments exposés mais aussi et surtout de la posture physique.
Si l'on devait améliorer la prestation, il aurait peut-être fallu lever davantage le nez de sa feuille pour que le message soit encore plus percutant.

Annexes

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