La conclusion (ou péroraison)
En rhétorique générale, la dernière partie du discours, la péroraison, est censée frapper les esprits. Dans un discours polémique, un appel vibrant à la sensibilité de l'auditoire est de mise. Mais dans un discours didactique, il s'agit surtout de synthétiser clairement son propos et de montrer toute la richesse de son sujet. Aucun discours n'épuise complètement un thème. L'orateur suggère donc une ou plusieurs pistes d'approfondissement. Quintilien lui-même distingue les péroraisons qui se situent « dans les passions » (discours engagé) et « dans les choses » (discours scientifique).
Récapituler et interpeller
Votre exposé de grand oral peut proposer un appel modéré à la sensibilité du jury. Vous vous efforcerez surtout de récapituler les grandes lignes de votre raisonnement (« les principaux chefs », selon Quintilien). Néanmoins, ce ne sera pas une répétition « pure et simple », mais un moyen de conclure sur une idée nouvelle, dans la continuité de votre raisonnement. Elle doit durer trente secondes environ.
Toujours en lien avec la question traitée, ses dernières phrases de votre exposé peuvent :
Toujours en lien avec la question traitée, ses dernières phrases de votre exposé peuvent :
• souligner les recherches qui restent à faire ;
• faire germer des considérations éthiques et morales ;
• exposer vos interrogations sur l'avenir ;
• nuancer le raisonnement suivi jusqu'alors.
La péroraison du discours de Victor Hugo à l'Assemblée nationale législative le 9 juillet 1849 (« Détruire la misère »)
Cette péroraison clôt le discours de Victor Hugo où il défend avec vivacité l'idée que la pauvreté doive être combattue de toute urgence.
« Vous le voyez, messieurs, je le répète en terminant, ce n'est pas seulement à votre générosité que je m'adresse, c'est à votre sagesse, et je vous conjure d'y réfléchir. Messieurs, songez-y, c'est l'anarchie qui ouvre les abîmes, mais c'est la misère qui les creuse. Vous avez fait des lois contre l'anarchie, faites maintenant des lois contre la misère ! »
Analyse
→ Dans la péroraison de ce discours polémique, Victor Hugo interpelle son auditoire avec deux apostrophes (« Messieurs »), la deuxième personne du pluriel et l'impératif (« songez-y »). Il les implique directement dans son appel vibrant, qui sollicite la sensibilité de tous.→Son recours aux allégories (« générosité », « sagesse », « anarchie », « misère ») confère une portée universelle à son propos. Ce faisant, il cherche à raisonner dans l'absolu, et non plus à choquer. Et il demande à ses confrères de mobiliser leur raison pour œuvrer contre la misère humaine. La phrase « c'est l'anarchie qui ouvre les abîmes, mais c'est la misère qui les creuse » sonne même comme une maxime. Ces allégories constituent un moyen efficace pour récapituler sans se répéter véritablement. Elles condensent la thèse défendue par Hugo, tout en piquant l'orgueil des députés. Ils n'ont même pas à être généreux, mais au moins à être intelligents…
Et pour l'épreuve ?
Certains sujets peuvent se prêter à être présentés avec un vif engagement, et même une certaine indignation. Mais vous n'aurez jamais à interpeller le jury de cette façon. La deuxième personne du pluriel est donc déconseillée.Mais vous pouvez utiliser des allégories, des concepts, des présents de vérité générale pour récapituler tout en variant votre façon de présenter vos idées. Une maxime peut venir couronner toute votre pensée.
Enfin, l'impératif peut être employé, mais plutôt à la première personne du pluriel (« Songeons-y ») afin de vous inclure dans l'exhortation.
Dans d'autres contextes
La touche finale d'un discours ou d'une prise de parole un peu prolongée a son importance. L'auditoire retient souvent les dernières phrases prononcées. Ce moment est particulièrement précieux quand vous devez défendre une opinion contre quelqu'un, ou du moins susciter l'engagement d'un auditoire.À ce moment-là, l'usage des apostrophes, des deuxièmes personnes ou des impératifs est opportun. Veillez à toujours trouver le bon ton, pour ne pas blesser inutilement votre adversaire, ou, au contraire, pour ne pas trop épargner son raisonnement. Si vous êtes convaincus de votre cause, employez tous les outils à votre disposition, de bonne guerre.
Au reste, dans des oraux plus formels, comme des entretiens, des examens ou des concours, essayez d'introduire une touche finale originale.
Un exemple de péroraison pour le Grand oral
Question : Pour quelles applications concrètes l'algèbre linéaire est-elle indispensable ? (mathématiques)
Quel champ complexe et vaste que celui de l'algèbre linéaire ! Bien qu'elle paraisse abstraite, comme nous l'avons vu, en découle néanmoins une multitude d'utilisations. Mais au-delà des CD audio ou du fonctionnement de Google, ses applications semblent infinies, des chiffrements de données aux modélisations architecturales. On pourrait affirmer, en définitive, que quand le progrès exprime son génie, ce sont les mathématiques et l'algèbre linéaire qui tirent les ficelles.Analyse
Cette péroraison reste centrée sur le cœur de la question posée, par une récapitulation astucieuse (abstraction de l'algèbre linéaire, puis exemples d'applications concrètes), qui sert de support à un élargissement du propos.Tout en restant sobre, la dernière phrase contient deux allégories sous forme de personnifications. Une telle originalité suffit pour ouvrir la réflexion vers l'avenir ou d'autres cas pratiques, et constitue un bon support aux questions à venir du jury, dans l'échange qui suivra.
Les connecteurs logiques de conclusion, comme « en définitive », « en somme », « somme toute », « finalement », « enfin », sont les bienvenus dans cette partie.
À éviter coûte que coûte
Faire une conclusion farfelue.Déconnecter la conclusion de la question.
Proposer une touche finale trop facile et attendue.
Suggérer des approfondissements que vous n'êtes pas capable d'effectuer.
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