Deux choix à mûrir
L'accent est mis, pour le Grand oral, sur la dimension personnelle du choix des deux questions. Votre priorité consiste à vous approprier les questions pour lesquelles vous optez. Pourquoi cet enjeu me tient-il particulièrement à cœur ? En quoi cette question est-elle vive dans le monde actuel ? Que pourrai-je faire dans un avenir plus ou moins proche pour m'y impliquer véritablement ? Ces deux sujets doivent correspondre à ce que vous souhaitez faire de votre vie.
Un choix personnel
Vous n'êtes tenu de livrer vos convictions et vocations intimes que dans une certaine mesure. Personne ne viendra vérifier si ce que vous avancez est scrupuleusement vrai. Le tout est de défendre vos idées avec force, charisme et cohérence. Si vos recherches sur les deux questions sont assez travaillées et approfondies, votre prestation ne manquera pas d'apparaître comme sincère et authentique.→ Reportez-vous à l'étape no 1 du carnet de bord.
Un choix sur plusieurs mois
Le grand oral est une épreuve de co-construction avec différents interlocuteurs. Les recherches pour trouver deux sujets prennent plusieurs mois et s'affinent progressivement. Lors des vingt minutes que vous passerez avec votre jury, il cherchera à déceler votre implication lors de la préparation en amont. Des recherches menées l'avant-veille, et un exposé construit la veille, s'en ressentiront, à votre détriment.
L'ensemble de l'oral évalue tous les efforts que vous avez pu fournir pendant des mois. C'est un moyen de prendre au sérieux votre quête des fameuses deux questions, mais aussi de vous imposer moins de pression pour la prestation elle-même – même s'il en faut un peu, naturellement !
L'ensemble de l'oral évalue tous les efforts que vous avez pu fournir pendant des mois. C'est un moyen de prendre au sérieux votre quête des fameuses deux questions, mais aussi de vous imposer moins de pression pour la prestation elle-même – même s'il en faut un peu, naturellement !
L'hésitation, chez le philosophe Paul Ricœur
Dans son essai, Le Volontaire et l'Involontaire (1950), Paul Ricœur consacre un chapitre entier au concept d'hésitation. Selon lui, toute recherche comporte des hésitations et toute décision évacue les hésitations, même s'il arrive de regretter. L'hésitation est ainsi un « choix qui se cherche ». Tout choix immédiat rend impossible l'hésitation, et, certes, évite l'angoisse, mais aussi entrave le désir et la satisfaction.La recherche des deux questions du grand oral passe ainsi nécessairement par une série d'hésitations. Celles-ci sont vectrices d'inquiétudes, mais aussi de plaisir. Dans le cas contraire, les questions auraient été mal choisies ! Acceptez donc de prendre votre temps pour choisir, évaluer vos idées, avant d'arrêter une décision.
Les interlocuteurs
Comment procéder pour ses recherches ? Avant tout, trouvez de bons interlocuteurs. Vos professeurs de spécialité seront vos premiers guides. Ils vous suggéreront des pistes concrètes de réflexion, en lien avec leur discipline, et éventuellement d'autres.Parmi les membres de votre cercle familial ou amical, n'hésitez pas à partager vos idées ou vos doutes. Ces interlocuteurs pourront vous aider à plusieurs moments de votre préparation. Mais vous comprendrez rapidement que la sélection des deux questions n'est pas la moindre des étapes. Toute stimulation initiale est bienvenue.
Enfin, vous pouvez aussi solliciter des personnes que vous ne connaissiez pas jusqu'alors. Correspondre avec des spécialistes du sujet qui vous intéresse est un atout précieux. La plupart du temps, ils vous seront conseillés par des personnes que vous connaissez déjà, comme vos professeurs ou parents. Vous pouvez aussi directement entrer en contact avec des journalistes qui ont écrit sur votre sujet, ou encore des centres de recherche par le biais d'Internet. Ne l'entreprenez que sur des sites reconnus et fiables, par exemple en envoyant des courriels.
Mentor dans la mythologie grecque
Dans l'Odyssée, d'Homère, Mentor, ami d'Ulysse, est le précepteur de son fils, Télémaque. Il l'incite notamment à partir à la recherche de son père. Le roman Les Aventures de Télémaque (1699), où l'écrivain français Fénelon donne un rôle majeur à Mentor, a obtenu un tel succès que le nom commun « mentor » est passé dans la langue française. Il désigne une personne expérimentée qui prodigue des conseils à une personne plus jeune mais déterminée. Dans le roman, Mentor accompagne Télémaque à travers la plupart de ses épreuves, et chacune de ses recommandations lui permet de faire les bons choix. Pour le Grand oral, élisez aussi un mentor qui vous connaisse bien, ou du moins avec qui vous partagerez l'essentiel de votre cheminement.
→ Reportez-vous à l'étape no 2 du carnet de bord.
L'utilisation d'Internet
© ijeab/iStock |
Un bon usage d'Internet vous mettra sur la bonne voie à plusieurs étapes de votre questionnement. La recherche d'information sur la toile répond à trois principes fondamentaux : savoir chercher l'information, déterminer la crédibilité de l'information trouvée, savoir exploiter cette information.
Le problème, pour la première étape, c'est que vous ne savez pas forcément quoi chercher. Vous ne pouvez donc réellement vous lancer que si vous avez déjà une idée en tête, au moins vaguement. D'où la nécessité d'avoir déjà débroussaillé le terrain avec des interlocuteurs de confiance. Il est possible de se laisser aller au hasard d'Internet, de certains sites d'information ou de vidéos. Mais une fois que l'idée a germé, il convient de l'approfondir méthodiquement.
Pour ce faire, cherchez un maximum de mots-clés en lien avec la question, par exemple en vous posant les six questions essentielles : Quoi ? Qui ? Quand ? Où ? Comment ? Pourquoi ? Les réponses à ces questions permettent de cerner tous les aspects de votre sujet.
Les mots-clés doivent être les plus monosémiques possible (une seule signification) pour que les résultats qui arrivent correspondent bien à votre sujet. Par exemple, les mots « direction », « sens », « tour », « temps », sont extrêmement polysémiques. Leur signification dépend de leur contexte. Pour mener une recherche efficace, il faut donc trouver des synonymes ou les associer à d'autres termes précis. Si vos résultats ne vous satisfont pas, utilisez des opérateurs de recherche.
Quant à la crédibilité de l'information, deux cas de figure se présentent : les sites internet reconnus et fiables ; et les publications sur des sites moins reconnus, voire décriés, dont parfois les analyses sont absentes ou superficielles, ainsi que les blogs plus confidentiels.
Dans le premier cas, les données scientifiques ont de grandes chances d'être correctes et les raisonnements intelligents. Prenez tout de même garde à certains partis pris politiques. Vous avez le droit de les évoquer, mais ne les confondez pas avec des faits. Quant au deuxième cas, méfiez-vous-en par principe et vérifiez de nouveau toutes données ou analyses qui vous paraissent suspectes. Ces sources ne vous serviront pas de preuves. Reste qu'elles peuvent vous inspirer dans votre réflexion. Et si ces sites s'appuient eux-mêmes sur des sources scientifiques, issues d'ouvrages ou de revues, notez la référence et vérifiez-la. Votre professeur de spécialité (ou autre mentor) saura vous dire le degré de sérieux de cette référence. Par ailleurs, l'outil « Décodex » du site du Monde (www.lemonde.fr/verification/), qui recense de nombreux sites, permet de vérifier leur degré de fiabilité.
Enfin, une fois l'information acquise, si vous la reprenez ponctuellement telle quelle, rendez justice à son auteur. N'oubliez pas de citer les références.
Le problème, pour la première étape, c'est que vous ne savez pas forcément quoi chercher. Vous ne pouvez donc réellement vous lancer que si vous avez déjà une idée en tête, au moins vaguement. D'où la nécessité d'avoir déjà débroussaillé le terrain avec des interlocuteurs de confiance. Il est possible de se laisser aller au hasard d'Internet, de certains sites d'information ou de vidéos. Mais une fois que l'idée a germé, il convient de l'approfondir méthodiquement.
Pour ce faire, cherchez un maximum de mots-clés en lien avec la question, par exemple en vous posant les six questions essentielles : Quoi ? Qui ? Quand ? Où ? Comment ? Pourquoi ? Les réponses à ces questions permettent de cerner tous les aspects de votre sujet.
Les mots-clés doivent être les plus monosémiques possible (une seule signification) pour que les résultats qui arrivent correspondent bien à votre sujet. Par exemple, les mots « direction », « sens », « tour », « temps », sont extrêmement polysémiques. Leur signification dépend de leur contexte. Pour mener une recherche efficace, il faut donc trouver des synonymes ou les associer à d'autres termes précis. Si vos résultats ne vous satisfont pas, utilisez des opérateurs de recherche.
Quant à la crédibilité de l'information, deux cas de figure se présentent : les sites internet reconnus et fiables ; et les publications sur des sites moins reconnus, voire décriés, dont parfois les analyses sont absentes ou superficielles, ainsi que les blogs plus confidentiels.
Dans le premier cas, les données scientifiques ont de grandes chances d'être correctes et les raisonnements intelligents. Prenez tout de même garde à certains partis pris politiques. Vous avez le droit de les évoquer, mais ne les confondez pas avec des faits. Quant au deuxième cas, méfiez-vous-en par principe et vérifiez de nouveau toutes données ou analyses qui vous paraissent suspectes. Ces sources ne vous serviront pas de preuves. Reste qu'elles peuvent vous inspirer dans votre réflexion. Et si ces sites s'appuient eux-mêmes sur des sources scientifiques, issues d'ouvrages ou de revues, notez la référence et vérifiez-la. Votre professeur de spécialité (ou autre mentor) saura vous dire le degré de sérieux de cette référence. Par ailleurs, l'outil « Décodex » du site du Monde (www.lemonde.fr/verification/), qui recense de nombreux sites, permet de vérifier leur degré de fiabilité.
Enfin, une fois l'information acquise, si vous la reprenez ponctuellement telle quelle, rendez justice à son auteur. N'oubliez pas de citer les références.
La singularité des questions choisies
Vous n'allez pas réinventer la roue. Vous devez reprendre des enjeux déjà formulés et traités par d'autres personnes. Un sujet de recherche, même le plus pointu, n'est jamais entièrement personnel. On peut avoir une idée brillante. Mais de toute façon, le cadre du Grand oral n'offre pas la possibilité de la développer au-delà de ce qui est déjà su.Alors, comment savoir si les questions choisies sont suffisamment originales ? La question doit tout d'abord être précise – mais pas trop. Par exemple, si vous entreprenez d'étudier les conséquences de l'élevage intensif sur l'environnement, plusieurs possibilités s'offrent à vous.
Vous pouvez cibler une certaine technique d'élevage intensif : l'élevage en stabulation libre, par opposition à la stabulation entravée, et ce quels que soient les animaux ou les aires géographiques.
Au contraire, plutôt qu'une technique particulière, votre question peut aussi être centrée sur un pays, une région, un continent. Il est même possible de comparer des lieux similaires – climat, géographie, politique, économie, culture – pour en tirer des conclusions. Par exemple : quelles sont les conséquences sur l'environnement de l'élevage intensif en Écosse et en Nouvelle-Zélande ?
Enfin, vous pouvez proposer en sciences de la vie et de la Terre un projet extrêmement précis sur une espèce particulière : les techniques d'élevage intensif de la daurade royale (sparus aurata) de la naissance à l'âge de deux mois.
Toutefois, ces sujets, si précis et problématisés soient-ils, ne sont pas encore totalement singuliers. Il faut les rattacher à un aspect de votre vie. Vous n'avez pas à vous confier, à révéler des détails intimes ou gênants sur vous-même. Il s'agit surtout de montrer au jury que vous avez pris votre sujet à cœur. Mettez-vous donc en situation de présenter la question retenue à l'aune de vos propres aspirations, idéaux ou goûts. Visualisez-vous en train de défendre personnellement les points de vue qui éclaireront la question posée. Alors, vous aurez sûrement atteint un niveau de singularité suffisant. Pour paraître authentique et crédible, le mieux reste d'y croire…
Pour reprendre le projet précédent sur l'élevage intensif de daurade royale, il est tout à fait possible d'évoquer votre fascination pour ces poissons que votre grand-père pêchait sur des chalutiers. Vous vous êtes alors demandé si ce poisson pouvait être aussi heureux dans un élevage, s'il avait le même goût et quelles seraient les conséquences écologiques de cette pratique… Et justement, votre parcours futur comme ingénieur agronome (ou administrateur des affaires maritimes) vous conduira à vous pencher plus précisément sur la question. Mais sans évoquer votre grand-père, vous pouvez aussi mentionner des images de millions de daurades pressées dans une petite cuve, qui tournent en rond de leur naissance à leur mort.
Le thème et les variations en musique
En musique, un thème désigne une mélodie ou un rythme général. Celui-ci peut subir des modifications légères dans les notes, les tonalités, les tempos ou les instruments, de sorte que l'on reconnaît tout de même le thème. On appelle ces changements des variations sur un thème. Chaque variation se distingue du thème par son caractère propre, et simultanément en reprend l'esprit. De grands chefs-d'œuvre ont été obtenus ainsi, à l'image des Variations Goldberg composées en 1741 par Jean-Sébastien Bach.Votre question doit être comme une variation autour d'un thème déjà traité. La variation, vous la trouverez en sondant les différents angles du sujet, ainsi que le rapport personnel que vous entretenez avec lui. Vous lui donnez alors une coloration que le jury ressentira comme originale. Gardez en tête cette métaphore musicale, qui implique que votre travail ne constituera pas une pâle copie d'un sujet rebattu, mais une petite touche singulière apportée à un thème majeur.
→ Reportez-vous à l'étape no 3 du carnet de bord.
Problématiser
Vous devez problématiser le sujet que vous aurez trouvé et que vous vous serez approprié. Il s'agit de mettre en exergue les enjeux majeurs, ou problèmes, contenus dans ce sujet.
Dans différentes matières, comme en français, ou en histoire-géographie, vous avez l'habitude de proposer une problématique. Cette question doit être suffisamment précise pour pouvoir être raisonnablement traitée en un temps limité, et suffisamment ouverte pour en développer la réponse par des angles bien variés. Vous y apporterez même plusieurs réponses possibles, en autant de parties qui composeront votre exposé.
Les questions bien problématisées commencent souvent par :
Dans différentes matières, comme en français, ou en histoire-géographie, vous avez l'habitude de proposer une problématique. Cette question doit être suffisamment précise pour pouvoir être raisonnablement traitée en un temps limité, et suffisamment ouverte pour en développer la réponse par des angles bien variés. Vous y apporterez même plusieurs réponses possibles, en autant de parties qui composeront votre exposé.
Les questions bien problématisées commencent souvent par :
• En quoi… ?
• Pourquoi… ?
• Dans quelle mesure… ?
• Par quels moyens… ?
Mais surtout, la problématisation est un processus que vous préparez au tout début de votre exposé. Une bonne problématique est une question bien préparée dans les quelques phrases qui la précèdent.
Reprenons la question de Grand oral : « Quelles sont les conséquences sur l'environnement de l'élevage intensif en Écosse et en Nouvelle-Zélande ? » En soi, la question convient très bien en tant que problématique vive. Mais elle sera d'autant plus opportune qu'elle aura été introduite par quelques phrases de problématisation.
En voici un exemple :
« La comparaison d'un phénomène écologique entre deux pays dotés d'un climat et d'une géographie similaires ne va pas de soi, surtout quand ils sont situés chacun dans un hémisphère. Des données diffèrent forcément. Il faut donc suivre une méthodologie comparative rigoureuse. Dans le cas présent, l'Écosse et la Nouvelle-Zélande paraissent comparables quant au climat et à une certaine biodiversité. Mais leurs élevages intensifs n'utilisent pas les mêmes techniques, et ne polluent pas de la même manière. Quelles sont donc les conséquences sur l'environnement de l'élevage intensif en Écosse et en Nouvelle-Zélande ? »
Reprenons la question de Grand oral : « Quelles sont les conséquences sur l'environnement de l'élevage intensif en Écosse et en Nouvelle-Zélande ? » En soi, la question convient très bien en tant que problématique vive. Mais elle sera d'autant plus opportune qu'elle aura été introduite par quelques phrases de problématisation.
En voici un exemple :
« La comparaison d'un phénomène écologique entre deux pays dotés d'un climat et d'une géographie similaires ne va pas de soi, surtout quand ils sont situés chacun dans un hémisphère. Des données diffèrent forcément. Il faut donc suivre une méthodologie comparative rigoureuse. Dans le cas présent, l'Écosse et la Nouvelle-Zélande paraissent comparables quant au climat et à une certaine biodiversité. Mais leurs élevages intensifs n'utilisent pas les mêmes techniques, et ne polluent pas de la même manière. Quelles sont donc les conséquences sur l'environnement de l'élevage intensif en Écosse et en Nouvelle-Zélande ? »
Raconter sa vie ?
Intégrer des aspects personnels dans la présentation d'un sujet général répond à deux exigences, surtout dans le cadre d'un examen. Aucune anecdote de votre vie ou impression ne doit être gratuite. Elle doit étayer votre sujet et la problématique que vous avez définie. De plus, il faut se limiter à un nombre restreint d'allusions de ce type. L'expérience personnelle sert l'expérience collective. Partez toujours de ce principe.© 2000-2024, rue des écoles