Corrigé
L'analyse du sujet
Détroit d'Ormuz : il se situe dans le golfe Arabo-Persique, au Moyen-Orient. Il est placé sous la double souveraineté d'Oman et de l'Iran mais la libre circulation y est, en théorie, garantie par une convention des Nations unies.
Point de passage stratégique : lieu de circulation important pour les différents acteurs en jeu.
Commerce mondial : échanges de toute nature, aussi bien les produits manufacturés que les matières premières, à l'échelle planétaire.
Zone sous tension : lieu où existent des conflits, des rivalités entre les acteurs, notamment les États riverains.
Il s'agit donc de montrer l'importance stratégique, aux échelles régionale et planétaire, de ce détroit.
L'analyse du document
Le détroit connecte les pays du Golfe à leurs principaux partenaires économiques. Ici, la légende traite à la fois des enjeux économiques (partie 1) et des tensions existantes dans cet espace (partie 2). Un figuré indiquant « couloir de circulation international », révèle que ce petit espace est emprunté par de nombreux navires. Un autre figuré, indiquant les « flux pétroliers », montre que ce type de marchandises transite dans le détroit. Attention, une carte ne dit pas tout : il faut également faire appel à ses connaissances pour montrer que d'autres produits circulent dans le détroit.
I. Le détroit d'Ormuz, au cœur des échanges internationaux
1. Le principal lieu de circulation du pétrole mondial
Dans le détroit d'Ormuz transite, en moyenne, 30 % de la consommation mondiale de pétrole, avec 20 à 21 millions de barils par jour. C'est un point de passage stratégique car il relie les lieux de production aux lieux de consommation. En effet, le détroit est situé en plein cœur de la principale route Asie-Europe.
Exemple : l'Arabie Saoudite, qui est une pétromonarchie. Le détroit constitue la seule voie de sortie de son pétrole pour ses côtes orientales, contrairement à l'Iran, dont les côtes se trouvent à la sortie du détroit.
2. Un lieu où transitent d'autres productions
D'autres navires de commerce empruntent ce passage, des porte-conteneurs ou des vraquiers. L'explosion des échanges de marchandises s'accompagne d'une augmentation du nombre de navires empruntant ce bras de mer. Les risques de collision sont donc importants et le détroit est sous haute surveillance des États riverains pour sécuriser la navigation.
II. Le détroit, une zone conflictuelle
1. Un espace convoité en raison des ressources en hydrocarbures
L'étude de la légende révèle la présence de ressources d'hydrocarbures dans le sous-sol marin. Ils peuvent être exploités par quatre États qui en tirent des revenus conséquents : l'Arabie Saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis et l'Iran. En effet, selon le droit maritime entré en vigueur en 1994, un État dispose de la totale souveraineté sur un espace maritime s'étendant jusqu'à 200 milles nautiques (environ 370 kilomètres). Dans le cadre d'une zone maritime très étroite, la délimitation respecte une répartition à parts égales, ce que l'on nomme « limite d'équidistance validée entre les côtes ». Un accord officiel entre les États voisins peut également être signé. Malgré cette législation, il existe des tensions autour du partage de cette zone.
Exemple : le litige entre les Émirats arabes unis et l'Iran.
Les pays du Golfe sont depuis des années à la pointe des techniques d'extraction des hydrocarbures contenus dans le sous-sol marin. Il s'agit de l'off shore, qui représente aujourd'hui près de 30 % de la production mondiale de pétrole et environ 27 % de la production mondiale de gaz. L'épuisement avéré des réserves d'hydrocarbures dans le sous-sol terrestre explique les enjeux que représentent ces gisements pour les États riverains.
2. Un détroit sous la surveillance de puissances étrangères
La présence de puissances étrangères est illustrée sur la carte par les bases militaires des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne. On compte sept bases militaires étasuniennes. Cette présence, qui s'explique par la volonté américaine de garantir l'approvisionnement en hydrocarbures, est vivement remise en cause par l'Iran. Le moindre incident dans la zone peut ainsi être interprété comme une provocation.
Exemple : les événements de juin 2019 au cours desquels deux navires de commerce, l'un japonais et l'autre norvégien, ont été attaqués. Les États-Unis ont alors accusé l'Iran d'avoir organisé ces attaques, ce qui a entraîné une montée des tensions.
Cette militarisation illustre les tensions politiques vives qui règnent entre les États riverains, en particulier autour de l'Iran, perçu comme une menace par les Émirats arabes unis ou l'Arabie Saoudite. La naissance du régime islamique en Iran a fait de la religion chiite la religion d'État dans un espace dominé par des États sunnites. Or, l'Iran, qui contrôle la plus large côte longeant le détroit, a donc la capacité de pouvoir le bloquer.
Zoom sur…
La guerre des tankers
En 1984, lors de la guerre qui oppose l'Irak à l'Iran (1980-1988), les deux États déplacent le conflit dans le détroit d'Ormuz : c'est la « guerre des tankers ». Les pétroliers deviennent des cibles de tirs d'obus et de mines. Il s'agit pour les deux États, et particulièrement pour l'Irak, d'empêcher les exportations d'hydrocarbures qui sont nécessaires au financement du conflit. L'État irakien entend exercer des pressions sur son voisin afin que ce dernier ferme le détroit d'Ormuz pour déstabiliser le commerce du pétrole. Cela entraîne en effet l'intervention des flottes occidentales, et notamment française, pour sécuriser le commerce international. Les États-Unis renforcent leur soutien à l'Irak et durcissent les sanctions vis-à-vis de la République islamique d'Iran. La guerre des tankers illustre les enjeux géostratégiques et géopolitiques qui entourent le détroit d'Ormuz à l'échelle régionale et internationale.
L'Iran et le détroit d'Ormuz
Le 27 décembre 2011, le régime iranien annonce que le pays fermera le détroit d'Ormuz en cas de sanctions visant les exportations iraniennes de pétrole et dictées par des décisions de plusieurs États : il s'agit de sanctionner plus fortement l'Iran en raison de la poursuite de son programme nucléaire, perçu comme une menace pour la paix dans la région du Moyen-Orient. Les autorités iraniennes n'ont finalement pas mis leur menace à exécution, car une fermeture aurait eu des conséquences importantes pour l'économie du pays.
Les tensions récentes dans le détroit d'Ormuz
En juillet 2019, la saisie d'un navire britannique par l'armée iranienne dans le détroit met le feu aux poudres. Cet événement s'ajoute en effet à la multiplication d'incidents qui ont endommagé plusieurs navires de commerce. L'administration américaine s'empare de ce dernier fait pour justifier l'application de nouvelles sanctions à l'égard de l'Iran et déployer des soldats en Arabie Saoudite.
Chiffres clés
• En 2018, selon l'Agence d'information sur l'énergie américaine (l'EIA), plus de 21 millions de barils de pétrole transitent chaque jour dans le détroit, loin devant les détroits de Malacca avec 16 millions de barils par jour et de Suez avec 4,6 millions de barils par jour.
• Le détroit mesure 33 km de large à son endroit le plus étroit, ce qui rend difficile la navigation. Cette distance est celle qui sépare l'Angleterre et la France au point le plus resserré de la Manche.
• 2 400 pétroliers empruntent en moyenne chaque année le détroit et une centaine chaque jour.
Un tiers du pétrole mondial transporté par voie maritime passe le détroit d'Ormuz.
• L'Asie orientale est la 1re destination des flux pétroliers de la région, avec environ 40 à 80 % des exportations loin devant l'Europe et les États-Unis.