« Jaurès a été notre réconfort dans notre action passionnée pour la paix. Ce n'est pas sa faute ni la nôtre, si la paix n'a pas triomphé. Avant d'aller au grand massacre [...] je crie devant ce cercueil toute notre haine de l'impérialisme et du militarisme aveugle qui déchaînent l'horrible crime. [...] Cette guerre, nous ne l'avons pas voulue. Acculés à la lutte, nous nous levons pour repousser l'envahisseur, pour sauvegarder le patrimoine de civilisation et l'idéologie généreuse que nous a légués l'histoire. Nous ne voulons pas que sombrent les quelques libertés si péniblement arrachées aux forces mauvaises [...]. C'est en harmonie de cette volonté que nous répondons « présent » à l'ordre de mobilisation. Jamais nous ne ferons de guerre de conquêtes. Empereurs d'Allemagne et d'Autriche-Hongrie, hobereaux de Prusse et grands seigneurs autrichiens qui, par haine de la démocratie, avez voulu la guerre, nous prenons l'engagement de sonner le glas de votre règne. Nous serons les soldats de la liberté pour conquérir aux opprimés un régime de liberté, pour créer l'harmonie entre les peuples par la libre entente entre les nations, par l'alliance entre les peuples. Cet idéal nous donnera la possibilité de vaincre. »
Léon Jouhaux, Discours prononcé sur la tombe de Jean Jaurès, 1914
Le 31 juillet 1914, quelques jours avant la déclaration de guerre, Jean Jaurès est assassiné par l'extrémiste Raoul Villain qui l'accuse d'être un traître et un ennemi de son pays. Avec Jaurès s'éteint le chef de file du pacifisme qui, des années durant, a milité contre la guerre : leader de la SFIO, il refusait en effet de voir s'entre-tuer des « frères » de classe et a mené une vaste campagne contre la loi des Trois ans de service militaire (1913).
Lors de ses funérailles, Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT, prononce un discours qui marque l'entrée de la SFIO dans l'Union sacrée (regroupant toutes les tendances politiques dans un front commun contre l'ennemi). Loin de désavouer l'œuvre et le pacifisme de Jaurès, il affirme cependant la nécessité de s'engager dans la guerre pour défendre la liberté.
Lors de ses funérailles, Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT, prononce un discours qui marque l'entrée de la SFIO dans l'Union sacrée (regroupant toutes les tendances politiques dans un front commun contre l'ennemi). Loin de désavouer l'œuvre et le pacifisme de Jaurès, il affirme cependant la nécessité de s'engager dans la guerre pour défendre la liberté.