On développe ici les différents outils conceptuels à utiliser pour expliquer de façon approfondie les différents arguments d'un texte.
I. Expliquer une phrase
Tous les éléments du texte n'ont pas la même valeur. Certains passages ne demandent pas le même niveau d'analyse : les premières lectures doivent permettre de mieux apercevoir les éléments centraux à expliquer. À ce stade, il faut chercher à clarifier le sens des passages qui semblent les plus importants si le texte est très long, ou tous les passages si le texte est plus court. Là encore, il faut procéder dans l'ordre :
• Définir les termes de la phrase. Comme en dissertation, il ne faut pas confondre un mot avec un autre (société n'a pas le même sens que gouvernement ou solitude le même qu'isolement) ;
• Comprendre ce qu'elle vise à produire : une définition, une contradiction, une distinction, etc. ;
• Trouver son rôle dans le texte. La difficulté est d'éviter d'atomiser le texte en concepts séparés, sans penser à leur rôle dans l'argumentation. Il faut essayer de faire des allers-retours entre le propos d'ensemble et le sens de l'élément à expliquer ;
• Mettre la phrase en perspective avec des connaissances philosophiques. Il ne faut pas hésiter à s'appuyer sur des connaissances du cours pour situer l'argumentation dans un courant philosophique, distinguer un argument d'un autre ou interroger le propos. On définit ainsi ce qui est propre à ce texte, et la position qu'il soutient par rapport à d'autres positions philosophiques.
1. Une phrase pas à pas
Sujet 2 : Cicéron, Paradoxes des stoïciens.
« Qu'est-ce, en effet, que la liberté ? Le pouvoir de vivre comme on veut ! »
La liberté, c'est « le pouvoir de vivre comme on veut ». Le terme pouvoir peut désigner plusieurs choses : la possibilité, la capacité ou le droit. Le texte n'étant pas orienté vers la question de la liberté au sens politique, on doit plutôt l'interpréter dans le sens de la capacité. [On définit précisément le sens d'un terme clé.] Pourquoi seule la sagesse permettrait-elle d'acquérir la capacité d'être libre ? [On pose une question portant sur le raisonnement.] « Vivre comme on veut » désigne le fait de mener sa vie en accord avec sa volonté : seule notre volonté nous dirige. Il faut donc être capable de maîtriser sa volonté et ses actions de façon à ce qu'elles coïncident : être libre demande une maîtrise de soi. [On propose une justification à l'aide du texte.] C'est pourquoi la suite du texte va expliquer pourquoi le sage est le seul à être capable de faire coïncider sa vie avec sa volonté. [On met en perspective l'élément expliqué avec le reste de l'extrait.]
« Qu'est-ce, en effet, que la liberté ? Le pouvoir de vivre comme on veut ! »
La liberté, c'est « le pouvoir de vivre comme on veut ». Le terme pouvoir peut désigner plusieurs choses : la possibilité, la capacité ou le droit. Le texte n'étant pas orienté vers la question de la liberté au sens politique, on doit plutôt l'interpréter dans le sens de la capacité. [On définit précisément le sens d'un terme clé.] Pourquoi seule la sagesse permettrait-elle d'acquérir la capacité d'être libre ? [On pose une question portant sur le raisonnement.] « Vivre comme on veut » désigne le fait de mener sa vie en accord avec sa volonté : seule notre volonté nous dirige. Il faut donc être capable de maîtriser sa volonté et ses actions de façon à ce qu'elles coïncident : être libre demande une maîtrise de soi. [On propose une justification à l'aide du texte.] C'est pourquoi la suite du texte va expliquer pourquoi le sage est le seul à être capable de faire coïncider sa vie avec sa volonté. [On met en perspective l'élément expliqué avec le reste de l'extrait.]
II. Établir le plan de son argumentation
On doit établir la façon dont l'auteur a construit son argumentation. Chaque texte est original : il ne suffit pas de dire qu'il y a une introduction, un développement et une conclusion ; il faut préciser à chaque passage ce qu'il introduit comme idée et son utilité. À cette fin, on reprend les concepts, les exemples ou les questions introduits pour tâcher d'en saisir le sens et les liens.
Pour construire le plan du texte, on s'appuie sur les connecteurs logiques :
Pour construire le plan du texte, on s'appuie sur les connecteurs logiques :
• « de plus », « encore », « ajoutons que », etc. : indiquent le prolongement d'une idée ;
• « donc », « ainsi », « alors », etc. : indiquent la conséquence d'une idée précédente ;
• « mais », « cependant », « au contraire », etc. : indiquent une opposition ou une nuance apportée ;
• « par exemple », « comme », etc. : indiquent une illustration ou une image de l'idée avancée.
Il faut bien distinguer les connecteurs logiques internes à une phrase de ceux qui sont liés à une étape d'argumentation.
Pour chaque passage du texte, il faut se demander si l'auteur :
Pour chaque passage du texte, il faut se demander si l'auteur :
• introduit un problème ou un concept ;
• nuance une idée ;
• remet en question une conception ;
• tire la conséquence de l'argument précédent ;
• ajoute un second argument d'un autre point de vue ;
• donne un exemple ;
• conclut à partir des arguments précédents.
Il faut alterner entre le propos général et le sens de la phrase pour mieux saisir le rôle argumentatif de celle-ci, et préciser ou corriger le sens de l'interprétation. Plus l'explication est précise, mieux on peut établir un plan rigoureux du raisonnement de l'auteur. À chaque étape, il s'agit de désigner précisément quel argument développe le texte et comment il est articulé avec la question abordée. Le but est de saisir ce qu'il va falloir expliquer et le lien avec la réflexion philosophique de l'auteur.
Surtout, il importe de garder à l'esprit que c'est une explication de texte : il faut renvoyer aux mots de l'auteur, idéalement en indiquant à quelles lignes du texte on se situe, particulièrement si le texte est long.
Surtout, il importe de garder à l'esprit que c'est une explication de texte : il faut renvoyer aux mots de l'auteur, idéalement en indiquant à quelles lignes du texte on se situe, particulièrement si le texte est long.
1. Le plan pas à pas
Sujet 1 : Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.
Dans un premier moment argumentatif, Rousseau propose de montrer la manière dont les comportements qui semblent naturels dépendent, en fait, d'une façon de vivre ou d'une éducation : ces comportements sont culturellement acquis.
Dans un second moment, Rousseau propose d'articuler les différences naturelles aux inégalités produites par la culture en montrant comment une différence innée est augmentée par la culture.
Puis, en opposant l'état de nature à la complexité des cultures, il conclut que l'origine des inégalités entre les hommes est culturelle.
Sujet 2 : Cicéron, Paradoxes des stoïciens.
L'extrait développe une argumentation partant de la thèse selon laquelle la sagesse est la condition de la liberté, car c'est la seule manière d'atteindre ce qu'est la liberté : agir selon notre volonté.
Dans une longue question rhétorique, qui enchaîne les différentes caractéristiques du sage et de la liberté, comme l'autonomie, le libre choix ou le contrôle de ses passions, le texte montre en quoi sa thèse est la seule conséquente.
Enfin, le texte oppose les obstacles qui plongent les hommes et les femmes dans l'absence de liberté, ce qui permet de retrouver la thèse initiale, mais cette fois démontrée : seul le sage est libre.
Dans un premier moment argumentatif, Rousseau propose de montrer la manière dont les comportements qui semblent naturels dépendent, en fait, d'une façon de vivre ou d'une éducation : ces comportements sont culturellement acquis.
Dans un second moment, Rousseau propose d'articuler les différences naturelles aux inégalités produites par la culture en montrant comment une différence innée est augmentée par la culture.
Puis, en opposant l'état de nature à la complexité des cultures, il conclut que l'origine des inégalités entre les hommes est culturelle.
Sujet 2 : Cicéron, Paradoxes des stoïciens.
L'extrait développe une argumentation partant de la thèse selon laquelle la sagesse est la condition de la liberté, car c'est la seule manière d'atteindre ce qu'est la liberté : agir selon notre volonté.
Dans une longue question rhétorique, qui enchaîne les différentes caractéristiques du sage et de la liberté, comme l'autonomie, le libre choix ou le contrôle de ses passions, le texte montre en quoi sa thèse est la seule conséquente.
Enfin, le texte oppose les obstacles qui plongent les hommes et les femmes dans l'absence de liberté, ce qui permet de retrouver la thèse initiale, mais cette fois démontrée : seul le sage est libre.
Ce que dit le texte | La question que soulève le texte |
Le sage seul est libre. | Le texte introduit un lien entre sagesse et liberté. Pourquoi la sagesse serait-elle la condition de la liberté ? |
Qu'est-ce, en effet, que la liberté ? Le pouvoir de vivre comme on veut ! | Le texte propose une définition de la liberté. Mais comment faire pour « pouvoir vivre comme on veut » ? |
Qui donc vit comme il veut sinon celui qui suit le droit chemin | Il faut suivre le droit chemin. Mais en quoi suivre le droit chemin, est-ce être libre ? N'est-ce pas faire comme tout le monde ? |
qui trouve son plaisir dans le devoir | Il faut accepter et aimer son devoir. Mais en quoi le devoir, qui semble contraire à la liberté, correspond-il à la liberté ? |
qui a examiné et prévu un plan de vie | Il faut être capable d'évaluer et de prévoir sa vie. Quel lien y a-t-il entre la connaissance, par l'examen de soi et la prévision, et la liberté ? |
qui n'obéit pas seulement aux lois par crainte, mais qui les observe et les respecte parce qu'il juge cette attitude la plus salutaire | Il y a une distinction entre l'obéissance à la loi par crainte, fondée sur les sentiments, et l'obéissance par jugement personnel et par choix. Mais qu'est-ce qui fait qu'une forme d'obéissance soit contraire à la liberté et non l'autre ? |
celui qui ne dit rien, ne fait rien, enfin ne pense rien que de son propre mouvement et de son propre gré | Le sage libre agit uniquement par sa propre volonté. On peut poser deux questions : en quoi quelqu'un qui obéit peut-il faire « selon son gré » ? Quelle forme de liberté nous est-elle proposée ici ? |
celui dont toutes les décisions et tous les actes trouvent en lui-même leur principe et leur fin | Le principe et le but de toutes ses décisions et actions, c'est lui-même. Mais pourquoi seul le sage en est-il capable ? Et quelle forme de liberté trouve-t-on ici ? |
qui ne laisse rien prévaloir sur sa volonté et sur son jugement | Son jugement et sa volonté sont indépendants. En quoi cette indépendance est-elle la condition de la liberté ? |
celui devant qui la Fortune même, à qui l'on attribue un très grand pouvoir, recule, s'il est vrai, comme l'a dit un sage poète, que « ce sont ses propres mœurs qui façonnent à chacun sa fortune ». | Le sage reste libre face au destin. Comment peut-il y avoir destin et liberté en même temps ? |
Au sage seul échoit donc la chance de ne rien faire malgré lui, rien à regret, rien par contrainte. | Rien « malgré lui », « à regret », « par contrainte » nous révèle trois indices de l'absence de liberté. Pourquoi l'homme sans sagesse ferait-il malgré lui, à regret, par contrainte et ne serait-il donc pas libre ? |