Énoncé
Sujet d'étude : le Moyen-Orient et le pétrole
Document
La guerre du Golfe et l'enjeu énergétique
« […] L'Irak à lui seul possède environ 10 % des réserves pétrolières mondiales. L'Irak plus le Koweït en possèdent le double. Si on permettait à l'Irak d'absorber le Koweït, il aurait, en plus de l'arrogance, la puissance économique et militaire nécessaire pour intimider et forcer la main à ses voisins — des voisins qui ont la part du lion des réserves pétrolières du monde. Nous ne pouvons pas permettre qu'une ressource aussi essentielle soit dominée par un être aussi tyrannique(1). Et nous ne le permettrons pas. Les récents événements ont certainement montré qu'il n'existe pas de substitut au leadership américain. Face à la tyrannie, que personne ne doute de la crédibilité et du sérieux des États-Unis. Que personne ne doute de notre détermination. Nous défendrons nos amis. D'une façon ou d'une autre, le dirigeant de l'Irak doit apprendre cette vérité fondamentale.
Dès le début, en agissant en étroite coopération avec d'autres, nous avons cherché à modeler la réponse la plus large possible à l'agression irakienne. La coopération internationale et la condamnation de l'Irak ont atteint un degré sans précédent. […]
De concert avec nos amis et alliés, les bâtiments de la marine nationale des États-Unis patrouillent aujourd'hui dans les eaux du Moyen-Orient. Ils ont déjà intercepté plus de sept cents navires dans le cadre de l'application des sanctions. Trois dirigeants de la région avec lesquels j'ai parlé hier m'ont dit que ces sanctions donnaient des résultats. L'Irak commence à en sentir les effets. Nous continuons d'espérer que les dirigeants irakiens réévalueront le coût de leur agression. Ils sont coupés du commerce mondial. Ils ne peuvent plus vendre de pétrole. Et seule une proportion très faible des marchandises leur parvient. […]
Pour aider à couvrir les frais, les dirigeants de l'Arabie Saoudite, du Koweït et des Émirats arabes unis se sont engagés à fournir à nos forces sur le terrain les vivres et le carburant dont elles ont besoin. Une aide généreuse sera également fournie aux vaillants pays de la ligne de front, tels que la Turquie et l'Égypte. […] Cette crise a également un coût sur le plan énergétique. Les pays producteurs de pétrole sont déjà en train de compenser la production perdue de l'Irak et du Koweït. Plus de la moitié des pertes ont été compensées. Nous obtenons une coopération superbe. Si les producteurs, dont les États-Unis, continuent de prendre des mesures en vue d'accroître la production de pétrole et de gaz, nous pourrons stabiliser les prix et garantir qu'il n'y aura pas de difficultés. En outre, plusieurs de nos alliés et nous-mêmes avons toujours la possibilité de tirer sur nos réserves stratégiques de pétrole, si les circonstances l'exigent. Comme je l'ai déjà souligné, il est essentiel de s'efforcer de maintenir à un niveau aussi faible que possible nos besoins d'énergie.
Nous devons ensuite tirer parti de toutes nos sources d'énergie : charbon, gaz naturel, énergie hydroélectrique et énergie nucléaire. Notre inaction sur ce plan nous a rendus plus dépendants que jamais du pétrole étranger. Enfin, que personne ne songe à profiter de cette crise. »
Dès le début, en agissant en étroite coopération avec d'autres, nous avons cherché à modeler la réponse la plus large possible à l'agression irakienne. La coopération internationale et la condamnation de l'Irak ont atteint un degré sans précédent. […]
De concert avec nos amis et alliés, les bâtiments de la marine nationale des États-Unis patrouillent aujourd'hui dans les eaux du Moyen-Orient. Ils ont déjà intercepté plus de sept cents navires dans le cadre de l'application des sanctions. Trois dirigeants de la région avec lesquels j'ai parlé hier m'ont dit que ces sanctions donnaient des résultats. L'Irak commence à en sentir les effets. Nous continuons d'espérer que les dirigeants irakiens réévalueront le coût de leur agression. Ils sont coupés du commerce mondial. Ils ne peuvent plus vendre de pétrole. Et seule une proportion très faible des marchandises leur parvient. […]
Pour aider à couvrir les frais, les dirigeants de l'Arabie Saoudite, du Koweït et des Émirats arabes unis se sont engagés à fournir à nos forces sur le terrain les vivres et le carburant dont elles ont besoin. Une aide généreuse sera également fournie aux vaillants pays de la ligne de front, tels que la Turquie et l'Égypte. […] Cette crise a également un coût sur le plan énergétique. Les pays producteurs de pétrole sont déjà en train de compenser la production perdue de l'Irak et du Koweït. Plus de la moitié des pertes ont été compensées. Nous obtenons une coopération superbe. Si les producteurs, dont les États-Unis, continuent de prendre des mesures en vue d'accroître la production de pétrole et de gaz, nous pourrons stabiliser les prix et garantir qu'il n'y aura pas de difficultés. En outre, plusieurs de nos alliés et nous-mêmes avons toujours la possibilité de tirer sur nos réserves stratégiques de pétrole, si les circonstances l'exigent. Comme je l'ai déjà souligné, il est essentiel de s'efforcer de maintenir à un niveau aussi faible que possible nos besoins d'énergie.
Nous devons ensuite tirer parti de toutes nos sources d'énergie : charbon, gaz naturel, énergie hydroélectrique et énergie nucléaire. Notre inaction sur ce plan nous a rendus plus dépendants que jamais du pétrole étranger. Enfin, que personne ne songe à profiter de cette crise. »
Source : discours du président américain George Bush au Congrès, le 11 septembre 1990.
Questions
1. Présentez le document en insistant sur son auteur et le contexte.
2. Montrez que la guerre du Golfe a des conséquences sur le marché mondial de pétrole.
3. Relevez les solutions évoquées par George Bush pour résoudre les problèmes d'approvisionnement en pétrole.
4. Expliquez le rôle que les États-Unis jouent pour leurs « amis et alliés » au Moyen-Orient, en précisant qui sont ces derniers.
5. Montrez que le pétrole fait du Moyen-Orient une région stratégique.
Corrigé
1. Le document qui est soumis à notre analyse est un extrait d'un discours prononcé par le président des États-Unis George Bush (père) devant le Congrès américain en septembre 1990, au moment où vient d'éclater la crise du Golfe. Celle-ci résulte de l'invasion par l'Irak de Saddam Hussein de son voisin le Koweït.
2. La guerre du Golfe a d'importantes répercussions sur le marché mondial puisqu'elle implique deux pays qui représentent chacun près de 10 % de la production globale d'or noir. En déstabilisant leur appareil productif, elle provoque une diminution de l'offre. Le risque est donc d'assister à une pénurie de pétrole et par là même à un choc pétrolier (augmentation massive et brutale des cours).
3. Pour éviter ce scénario catastrophe qui pourrait asphyxier l'économie mondiale, le président Bush met en place des mesures préventives. En premier lieu, les États-Unis et leurs alliés producteurs de pétrole vont augmenter leur propre production d'or noir afin de compenser la diminution des productions irakienne et koweïtienne. Par ailleurs, les pays occidentaux envisagent de faire usage de leurs réserves stratégiques, c'est-à-dire du pétrole qu'ils stockent préventivement pour faire face à une éventuelle crise. Le président Bush envisage également de diversifier ses approvisionnements en pétrole en en achetant plus dans d'autres régions que le Moyen-Orient, et il invite enfin ses concitoyens à faire des économies d'énergie afin de réduire leur consommation.
4. Le président américain prend bien soin de préciser qu'il ne s'engage pas seul dans ce bras de fer avec l'Irak. Il insiste sur le fait que les États-Unis peuvent compter, au Moyen-Orient, sur de nombreux « amis ». Il évoque ainsi les pays arabes qui soutiennent Washington contre Bagdad : l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis et l'Égypte. Hors du monde arabe, le soutien de la Turquie, pays majoritairement musulman et membre de l'OTAN, est également important en termes d'image. Le président Bush ne mentionne en revanche pas son allié israélien car il sait que cette alliance pourrait plutôt détourner les opinions publiques arabes de son camp pour les jeter dans les bras de Saddam Hussein qui multiplie précisément dans cette intention les déclarations antisionistes.
5. Le Moyen-Orient est une région cruciale dans les relations internationales contemporaines. C'est en partie le résultat du fait que si elle est peu peuplée, cette région est très riche en ressources pétrolières et gazières. Or celles-ci sont indispensables au bon fonctionnement des économies modernes. Tout conflit dans la région est donc susceptible d'avoir de très graves répercussions dans le monde entier. C'est pourquoi les grandes puissances préfèrent y intervenir préventivement, notamment en y prépositionnant des troupes au sein de bases militaires. Leurs interventions ont cependant parfois des résultats opposés à ceux souhaités, comme l'a illustré l'intervention américaine en Irak de 2003 qui a provoqué une longue phase de hausse des cours du pétrole.