Sujet national, seconde partie, exercice 3, juin 2016

Énoncé

Sujet d'étude : Les femmes dans la société française
Document
Citoyennes, le retard français
« À l'avant-garde des pays européens pour établir le suffrage universel masculin en 1848, la France fut un des derniers pays à reconnaître leurs droits politiques aux femmes, en avril 1944. À cette date, les Finlandaises bénéficiaient depuis trente-huit ans du droit de voter et d'être élues, les Allemandes depuis vingt-cinq ans, les femmes britanniques depuis seize ans […] ;
S'il a suffi d'une ordonnance pour donner le droit de vote aux femmes, l'exercice de leur droit d'être élues s'est révélé plus difficile. Durant les vingt premières années de la Ve République, de 1958 à 1978, les femmes sont moins de 4 % à siéger à l'Assemblée nationale. Et moins de 6 % jusqu'au milieu des années 1990. Aujourd'hui, seuls 27 % des députés sont des femmes, ce qui place la France au 48e rang du palmarès mondial, derrière le Turkménistan.
Pour assurer l'égalité réelle de candidature, l'idée radicale de parité a fini par s'imposer en France, inscrite depuis 1999 dans la loi constitutionnelle : « La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives. » […]
Quatorze ans après la réforme, la parité numérique est en passe d'être réalisée dans les assemblées élues au scrutin de liste, par exemple les conseils municipaux des villes de plus de 1 000 habitants (48 % d'élues en 2014). Mais la parité reste un objectif lointain dans les assemblées élues en totalité ou en partie au scrutin majoritaire (22 % d'élues au Sénat).
La réforme paritaire a aussi échoué sur l'obstacle de la hiérarchie des fonctions, qui reste très sexuée : en 2008, 86 % des maires étaient de sexe masculin. Les élections municipales de 2014 ont un peu changé les choses. La part de conseillères municipales est passée de 35 % à 40 % sur l'ensemble de la France – et à 48 % pour les villes de 1 000 habitants et plus. En revanche, à peine plus de 17 % de femmes ont été désignées têtes de liste (contre 16,5 % en 2008). Il revient toujours aux hommes d'occuper le sommet de la « pyramide » des pouvoirs. »
Source : d'après Frédéric Joignot, « Citoyennes, le retard français » Le Monde, 19 avril 2014.

Questions
1. Pourquoi l'expression « retard français » peut-elle être utilisée pour caractériser la place des femmes dans la vie politique en France ?
2. Expliquez le terme souligné. Identifiez les mesures qui ont été prises pour l'appliquer à la vie politique française.
3. Quelles limites rencontre la mise en œuvre de la parité ?
4. Montrez l'évolution de la place des femmes dans la vie politique française au cours de la seconde moitié du xxe siècle.

Corrigé

1. On peut parler d'un retard français dans l'intégration des femmes à la vie politique dans la mesure où ce n'est que très tardivement, en 1944, que les Françaises ont obtenu le droit de voter et d'être élues. Signalons néanmoins que des femmes ont fait leur entrée dans un gouvernement français dès 1936, durant le Front populaire. Ce retard est loin d'être comblé aujourd'hui, comme en témoigne le mauvais classement de la France au palmarès mondial de la féminisation des parlements.
2. La parité désigne l'égal accès des femmes et des hommes aux fonctions à responsabilité. Tandis que l'égalité suppose que les femmes ont les mêmes droits que les hommes, la parité va plus loin en ce qu'elle considère qu'elles doivent en conséquence être représentées à part égale avec les hommes dans les instances de pouvoir économiques ou politiques. Il s'agit, pour faire simple, de passer d'une égalité théorique à une égalité réelle. Pour y parvenir, une loi adoptée en 2000 a rendu obligatoire pour les partis politiques de présenter autant de candidates que de candidats aux élections sous peine de sanctions financières.
3. La mise en œuvre de la parité se heurte à deux types d'obstacles. D'abord, quand un scrutin ne se fait pas par liste mais de manière uninominale (par exemple l'élection présidentielle), on constate que la part des hommes est toujours beaucoup plus importante que celle des femmes parmi les candidats et donc parmi les élus. Ensuite, dans le cas d'un scrutin de liste où la loi impose l'égale représentation des femmes et des hommes, on constate que la tête de liste est majoritairement occupée par les hommes. Cela signifie que s'il y a aujourd'hui à peu près autant de femmes que d'hommes à exercer des fonctions de conseiller régional ou municipal, les présidents de conseils régionaux et les maires sont encore très majoritairement des hommes.
4. Dans la seconde moitié du xxe siècle, la place des femmes dans la vie politique française s'est sensiblement améliorée sans pour autant aboutir à une pleine égalité. En effet, les femmes se sont vu accorder des droits politiques équivalents à ceux des hommes, à commencer par celui de voter et d'être élues. Mais ces droits sont loin de s'être traduits dans les faits par un égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités politiques : aucune femme n'a accédé à la présidence de la République, une seule a été Premier ministre, et seule une petite partie des députés et des sénateurs sont des femmes. Pour tenter d'améliorer la représentation des femmes en politique, une loi sur la parité a été adoptée en 2000, qui a eu des effets positifs dans les conseils municipaux et régionaux et, dans une moindre mesure, aux élections législatives et sénatoriales. Mais un long chemin reste à parcourir pour espérer parvenir à une égalité complète.