La guerre d'Algérie
Fiche
L'Algérie est l'un des pays dont l'indépendance a été les plus compliquée. Il faut dire que c'était une colonie très originale, notamment du fait de son peuplement mixte. Cette indépendance obtenue dans la violence a cependant eu de lourdes répercussions sur l'avenir du pays.
Une situation explosive
L'Algérie occupe une place à part dans l'empire colonial français. Annexée à la métropole à partir de 1830, elle est la seule colonie française de peuplement, c'est-à-dire qu'une importante communauté d'habitants d'origine européenne y est installée, les « pieds-noirs ». Ceux-ci sont près d'un million, tandis que les musulmans arabes et berbères sont 9 millions. Longtemps, la loi a privilégié la minorité de pieds-noirs par rapport à la majorité musulmane, elle seule bénéficiant de la citoyenneté française. Ce n'est plus le cas au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mais les inégalités demeurent réelles, notamment sur le plan socio-économique. En effet, s'ils sont loin de vivre dans l'opulence, les pieds-noirs sont globalement plus riches que la masse des musulmans. Le problème vient surtout qu'une large partie d'entre eux s'oppose à toute mesure visant à accorder plus de pouvoirs aux musulmans, de peur de perdre le peu de privilèges qui leur restent. C'est dans ce contexte que le mouvement nationaliste algérien, qui réclamait préalablement l'égalité entre tous les habitants de l'Algérie, en vient à se radicaliser et à réclamer l'indépendance pure et simple. Une revendication qui est d'autant plus inacceptable pour Paris que l'on craint pour le sort des pieds-noirs si l'Algérie venait à acquérir son indépendance.Une guerre multiforme
Si certains la font remonter à la violente répression des manifestations nationalistes de Sétif et de Guelma en mai 1945, la guerre d'Algérie commence véritablement le 1er novembre 1954, date à laquelle le Front de Libération Nationale (FLN), un jeune groupe indépendantiste, déclenche une vague d'attentats coordonnés en Algérie. La traque s'organise pour arrêter ses instigateurs mais ceux-ci se renforcent progressivement, au point de contraindre la France à engager tous ses moyens militaires dans la bataille, en envoyant combattre le contingent (c'est-à-dire les jeunes Français dans le cadre de leur service militaire). Grâce à ces renforts, l'armée française parvient progressivement à démanteler les structures du FLN, mais pas à freiner la propagation de ses idées dans la population.
Parallèlement à cette guerre opposant le FLN à l'armée française, les dissensions font rage au sein de la population musulmane d'Algérie. D'abord parce que certains préfèrent combattre aux côtés de l'armée française plutôt que pour l'indépendance : ce sont les harkis qui, pour des raisons variées, sont enrôlés de gré ou de force dans l'armée française. D'autre part, tous les partisans de l'indépendance n'adhèrent pas au FLN. Certains sont membres d'un autre groupe indépendantiste, le Mouvement National Algérien (MNA) qui est engagé dans une lutte féroce avec le FLN pour prendre la tête de la lutte indépendantiste. Cette guerre fratricide fait plusieurs dizaines de milliers de morts et affaiblit le camp nationaliste.
Quant aux pieds-noirs et aux Français de métropole, eux aussi sont très divisés par la guerre. Si la majorité des pieds-noirs soutient l'action de l'armée contre les indépendantistes, une minorité prône au contraire la négociation, voire choisit de se rallier au FLN. Elle est la cible des plus radicaux des pieds-noirs qui, à la fin de la guerre, créent l'Organisation Armée Secrète (OAS), un groupe terroriste qui s'attaque au FLN mais aussi à tous ceux qu'elle considère comme des traîtres, à commencer par le général de Gaulle qui, à partir de 1958, commence à négocier en vue de l'indépendance de l'Algérie. En métropole, le soutien de la population à la guerre est faible et s'effrite avec le temps. Certains Français s'engagent même au sein du FLN en aidant ses militants, ce sont les « porteurs de valises ».
L'indépendance dans la douleur
Finalement, les accords d'Évian signés le 18 mars 1962 entre le FLN, qui a totalement vaincu le MNA, et le gouvernement français du général de Gaulle, aboutissent à la proclamation de l'indépendance algérienne en juillet. Mais les violences ne s'arrêtent pas pour autant. S'ouvre en effet une phase de règlements de comptes particulièrement sanglante. L'OAS d'abord, multiplie les attentats et les assassinats dès lors que sa cause devient de toute évidence perdue. Les harkis par ailleurs, considérés comme des traîtres par le FLN, font l'objet de massacres qui coûtent la vie à plusieurs dizaines de milliers d'entre eux, souvent dans des conditions atroces (tortures, actes de cruauté, etc.). Les pieds-noirs aussi sont la cible d'agressions, notamment à Oran le 5 juillet 1962. C'est dans ce contexte que l'immense majorité d'entre eux, choisit de s'exiler en France plutôt que de demeurer dans une Algérie indépendante qui ne semble pas en mesure d'assurer leur sécurité. Les harkis, qui tentent également de regagner la France, en sont dissuadés par les gouvernements français et seule une partie d'entre eux y parvient finalement. Ceux-là sont installés dans des camps censément provisoires mais qui s'avéreront définitifs. Leur sort est toujours préférable à celui de leurs compagnons contraints de rester en Algérie à la merci des règlements de compte.Exercice n°1Exercice n°2Exercice n°3
À retenir
Au terme d'une guerre de huit ans, l'Algérie obtient son indépendance, mais sort du conflit plus divisée que jamais. Il n'est dans ces conditions pas étonnant que les dirigeants du FLN, après avoir accaparé le pouvoir, se divisent très vite en plusieurs clans rivaux.© 2000-2024, rue des écoles