Comment ont-ils imaginé la création du monde et l'apparition des dieux ?
Quelles formes ont-ils donné à leurs divinités ?
I. Les mythes de la création
1. Au commencement était le Noun
Plusieurs mythes de la création du monde, la cosmogonie, coexistent en Égypte ancienne, selon les différents sanctuaires.
• Quelle que soit l'histoire transmise par les prêtres égyptiens, la création du monde débute toujours par le chaos, représenté par le Noun, l'océan primordial. Cette eau obscure dont on ne connaît ni la profondeur, ni l'étendue, renferme le dieu créateur ou démiurge.
• Un jour, le démiurge vient de lui-même à l'existence et sort du Noun. Il se pose sur la première butte de terre, également surgie de l'océan primordial. Il procède alors à la création du monde.
2. L'œuvre d'Atoum d'Héliopolis
• Pour les prêtres d'Héliopolis, l'un des plus grands centres religieux, le démiurge est le dieu Atoum, le dieu du soleil, figuré comme un homme. Seul, sur la première butte de terre, Atoum fait jaillir sa semence et crée ainsi le premier couple de dieux : Shou, l'Air, et Tefnout, l'Humidité.
• Les enfants d'Atoum conçoivent à leur tour Geb, dieu de la Terre, et Nout, déesse du Ciel, qui naissent enlacés. Atoum ordonne à son fils Shou de les séparer. Avant d'être désunis, Geb et Nout mettent au monde Osiris, Seth, Isis et Nephtys. Le monde est alors prêt à accueillir les hommes et le reste de la création.
3. Les cosmogonies d'Hermopolis et de Memphis
• D'après un deuxième récit, dû aux prêtres d'Hermopolis, les forces créatrices contenues dans le Noun s'incarnent en quatre couples de génies serpent et grenouille. Ces huit dieux portent hors du Noun une fleur de lotus qui s'ouvre pour laisser apparaître le Soleil. Selon une autre version, le Soleil est sorti d'un œuf façonné et emporté hors de l'eau par les huit serpents et grenouilles.
• Pour les prêtres de Memphis, qui mettent au point le troisième mythe de la création, le démiurge n'est autre que Ptah, dieu à forme humaine. Ptah crée le monde par la parole. Il conçoit d'abord les hommes, les animaux et la végétation dans son cœur, qui est, pour les Égyptiens, le siège de la pensée et de l'intelligence. Il prononce ensuite leur nom pour les faire exister.
• Une fois l'univers formé, le Noun ne disparaît pas. Le monde est menacé de retourner au chaos si le culte n'est pas régulièrement rendu aux dieux dans les temples.
II. De nombreux dieux
1. Une ville, un dieu
• Il n'y a pas une ville ou une même une simple bourgade qui n'honore son dieu. Les prêtres en font un démiurge en lui attribuant l'œuvre des grands dieux créateurs. L'importance d'un dieu dépend de celle de son agglomération.
• La fortune d'Amon, par exemple, est directement liée à celle de Thèbes. Quand Thèbes, obscure localité de Haute-Égypte, se hisse au premier rang des villes égyptiennes, Amon, son dieu, devient le chef du panthéon égyptien et le dieu d'empire.
2. Des formes variées
• La vraie forme et le vrai nom des dieux restent inconnus des hommes. S'ils les connaissaient, ils pourraient agir magiquement sur les dieux et les tenir en leur pouvoir… ce que ces derniers veulent absolument éviter.
• Les divinités se présentent sous un aspect qui décrit une facette de leur personnalité ou de leur nature. Ainsi quand une déesse a la forme d'une vache ou d'une lionne, cela ne signifie pas que les Égyptiens adorent ces animaux. Avec la vache, ils évoquent simplement le côté maternel d'Hathor et avec la lionne le caractère féroce de Sekhmet.
• Les dieux apparaissent sous trois formes différentes : animale, humaine et mi-animale, mi-humaine.
- L'aspect animal est le plus ancien. Il remonte à l'époque prédynastique (4000-3100 av. J.-C.). Les Égyptiens vénèrent alors les forces naturelles, effrayantes, sous l'apparence d'un animal.
- Vers 3100 av. J.-C., alors que se produit l'unification de l'Égypte, ses habitants prennent conscience de leur pouvoir. Ils ont désormais une plus grande confiance dans l'homme. Cela les incite à donner une forme humaine à leurs dieux.
- Enfin, vers 2700 av. J.-C. apparaît la forme hybride avec un corps d'homme et une tête d'animal qui combine les deux aspects précédents.
Certaines divinités peuvent prendre tour à tour ces trois formes. C'est le cas d'Hathor qui est figurée comme une vache, une femme ou une femme à tête de vache.
3. Comment reconnaître les dieux ?
• Quelques divinités sont identifiables à leur tête d'animal comme Thot à tête d'ibis (oiseau à long bec) ou Sobek à tête de crocodile. Mais beaucoup de dieux sont incarnés par la même bête, notamment le faucon.
• La coiffure différencie bien mieux les divinités. Ainsi parmi les dieux à tête de faucon, il est impossible de confondre Rê-Horakhty, coiffé du disque solaire et d'un cobra, avec Montou paré du disque solaire surmonté de deux plumes et orné de deux cobras, ou encore avec Horus, couronné du pschent (la double couronne). Pourtant, Isis arbore parfois la coiffure d'Hathor, de hautes cornes de vache entourant le disque solaire. On ne la distingue alors qu'en lisant son nom ou en observant le type de scène dans laquelle elle figure.
• Tous les dieux portent la barbe à l'extrémité recourbée, sauf Ptah qui a une barbe droite, comme le roi. La calotte étroite, qui enserre sa tête, et son corps enveloppé dans un linceul permettent de ne pas le confondre avec le pharaon.
III. Les grands dieux de l'Égypte
1. Quatre dieux majeurs
Atoum/Rê d'Héliopolis, Ptah de Memphis, Amon-Rê de Thèbes et Osiris sont les quatre principales divinités du pays.
• Soleil, créateur du monde, Rê est l'un des plus anciens dieux d'Égypte. Dans la journée, il traverse le ciel et éclaire la terre. Le soir, transformé en vieillard, il s'enfonce sous terre, dans le monde des morts où il navigue toute la nuit. Après avoir triomphé de tous les périls, il renaît le matin à l'horizon, sous la forme du scarabée. Il est vénéré dans le temple d'Héliopolis.
• Ptah reçoit un culte dans le temple de Memphis (aujourd'hui détruit), qui est l'un des plus grands du pays. C'est un dieu créateur et le patron des artisans.
• Amon-Rê, dieu de Thèbes, s'impose comme le chef de tous les dieux et le protecteur de la royauté et de l'empire.
• Osiris, enfin, est le très populaire dieu des morts.
2. Des dieux toujours présents
• Parmi les divinités les plus fréquemment figurées dans les temples, se rangent Thot, dieu de l'écriture et de la sagesse, messager des dieux ; Hathor, déesse de la joie, de l'amour et de la nécropole de Thèbes ; Sekhmet, épouse de Ptah à tête de lionne, qui répand la maladie et les épidémies mais les guérit aussi ; Khnoum, à tête de bélier, vénéré à Éléphantine, où il a créé les hommes sur son tour de potier et où il veille sur la crue du Nil ; Anubis, à tête de chien noir, le dieu de la momification ; Isis et Nephtys, les sœurs d'Osiris, qui l'aident à ressusciter les morts ; Hapy, le dieu du Nil et de la fécondité, qui a l'aspect d'un homme avec une poitrine de femme ; Maât, femme avec une plume sur la tête, qui est l'incarnation de l'équilibre du monde créé par les dieux et de la Vérité.
3. Aton, un dieu éphémère
• Vers 1342 av. J.-C., Aménophis IV (Akhénaton) impose à l'Égypte Aton, le dieu unique, et pourchasse tous les autres dieux. C'est le premier monothéisme de l'histoire.
• Représenté sous l'aspect du disque solaire qui émet des rayons terminés par des mains, Aton est un dieu abstrait, sourd et muet, avec lequel les Égyptiens ne peuvent communiquer directement. Ils sont obligés d'adresser leurs prières au roi qui les transmet au dieu.
• Aussi dès la mort du roi, les Égyptiens s'empressent-ils d'abandonner ce dieu qu'ils n'ont jamais aimé pour revenir au culte des divinités traditionnelles.
Exercice n°1
Comment les dieux égyptiens sont-ils représentés ?
Cochez la bonne réponse.
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L'aspect animal est le plus ancien. Les Égyptiens vénèrent alors les forces naturelles, effrayantes, sous l'apparence d'un animal. Vers 3 100 av. J.-C., les Égyptiens donnent une forme humaine à leurs dieux. Enfin, vers 2 700 av. J.-C. apparaît la forme hybride avec un corps d'homme et une tête d'animal.
Exercice n°2
Qu'est-ce que le Noun ?
Cochez la bonne réponse.
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Quelle que soit l'histoire transmise par les prêtres égyptiens, la création du monde débute toujours par le chaos, représenté par le Noun, l'océan primordial. Cette eau obscure dont on ne connaît ni la profondeur, ni l'étendue, renferme le dieu créateur ou démiurge.