Les Romains à la conquête de la Méditerranée
Fiche
Comment une simple cité a-t-elle pu mener d'aussi vastes conquêtes ?
I. La conquête de l'Italie
• Rome a d'abord peu à peu soumis ses voisins immédiats (Étrusques, Sabins, etc.). Au IVe siècle av. J.-C., elle se porte au secours de Capoue, une cité alliée en Campanie, contre les Samnites (épisode des Fourches Caudines, en 321 av. J.-C.). Pour asseoir son autorité, Rome fonde des colonies (des postes militaires) et crée des voies pour les relier entre elles.
• Au IIIe siècle avant J.-C., Rome s'allie avec les cités grecques du sud de l'Italie et de la Sicile. Par ces alliances, elle se heurte à une autre cité, qui elle aussi prétend protéger la Sicile : Carthage.
II. Les guerres puniques
1. La première guerre punique : Carthage cède la Sicile
• Carthage a été fondée sur la côte africaine par des navigateurs venus de Phénicie (qui étaient connus sous le nom de Poeni, d'où le mot punique). Elle a créé des cités sur le pourtour de la Méditerranée et s'impose comme une puissance commerciale. La Sicile lui fournit des céréales et des produits de l'artisanat grec.
• La première guerre contre Rome dure 23 ans, de 264 à 241 av. J.-C. Carthage finit par être vaincue et cède à sa rivale la Sicile, la Corse et la Sardaigne.
2. La deuxième guerre punique : Carthage est vaincue sur son propre territoire
• Vingt ans plus tard, Carthage cherche à prendre sa revanche. Un général carthaginois, Hannibal, entreprend d'attaquer Rome par la terre et non par la mer. Il mène son armée à travers la Gaule et les Alpes jusqu'au nord de l'Italie et envahit le territoire des Romains. Il compte sur l'effet de surprise, la présence de ses éléphants, et espère obtenir le soutien des peuples d'Italie. La cité de Capoue en Campanie se rallie en effet à Hannibal. Mais aucune des victoires carthaginoises n'est décisive. Rome résiste, soutenue par la plupart des cités italiennes, et pratique une guerre d'usure.
• À son tour, elle fait preuve d'audace : le consul Scipion embarque ses troupes et franchit la Méditerranée pour attaquer Carthage sur son propre territoire. Hannibal est contraint de revenir en Afrique défendre sa cité et perd face aux armées romaines. Les conditions de paix sont très dures (la flotte et les éléphants doivent être livrés aux Romains).
• Une dernière guerre punique a lieu en 146 av. J.-C. durant laquelle Rome, par prudence, anéantit son ennemi qui n'est plus de taille à résister. La ville de Carthage est rasée, son emplacement déclaré maudit. Le territoire carthaginois devient la province d'Afrique.
III. La conquête du Bassin méditerranéen
1. Les royaumes hellénistiques à l'Est
• Rome doit faire face aux ambitions du roi de Macédoine allié à Hannibal durant la deuxième guerre punique. Sous prétexte de protéger la Grèce et les royaumes hellénistiques, rome intervient. le Sénat procède avec prudence : les Romains restent très admiratifs des cultures grecque et hellénistique qui règnent à Athènes et à Alexandrie d'Égypte.
• Les Romains tiennent compte de l'organisation du monde hellénistique en royaumes et en cités : ils passent des alliances pour s'imposer progressivement dans cette région comme une puissance clé, au cours du IIe siècle av. J.-C.
• Le roi de Macédoine puis le roi séleucide sont vaincus. À sa mort, le roi Attale de Pergame cède à Rome son royaume, qui devient la province d'Asie. En 31 av. J.-C., l'Égypte (dirigée par la reine Cléopâtre) est le dernier des royaumes hellénistiques à être intégré au territoire romain. En réalité, cela fait déjà un siècle que Rome contrôle l'Égypte.
2. Les peuples de l'Ouest
• Rome complète parallèlement sa conquête à l'ouest de la Méditerranée (ses succès contre Carthage lui ont déjà donné le pouvoir sur les mers), à partir de la deuxième moitié du IIe siècle av. J.-C. Elle conquiert d'abord la péninsule Ibérique (l'Espagne et le Portugal actuels) puis le sud des Gaules, en 121 av. J.-C. La province de la Narbonnaise est créée. Enfin, entre 58 et 51 av. J.-C., le consul Jules César achève la conquête des Gaules.
• À la fin du Ier siècle av. J.-C., Rome contrôle un territoire qui couvre 5 000 km d'est en ouest et compte quelque 70 millions d'habitants.
IV. Les mécanismes de la conquête
1. L'efficacité militaire
• Cette vaste conquête repose avant tout sur les grandes qualités de l'armée romaine. Constituée de légions, elle est dirigée par un consul. Les légionnaires sont des citoyens adultes (de 17 à 60 ans), rassemblés au printemps, pendant le mois qui porte le nom du dieu de la guerre, Mars. Au IIe siècle av. J.-C., seuls les patriciens, les citoyens les plus riches, sont appelés à servir dans l'armée ; ils retournent à la vie civile en octobre. Au Ier siècle av. J.-C., le territoire est devenu si grand et les guerres si nombreuses que les citoyens les plus pauvres entrent à leur tour dans l'armée. Ils s'engagent et se réengagent d'année en année et reçoivent pour cela une solde, si bien que l'armée romaine devient une armée professionnelle.
• Les légionnaires se distinguent par leur grande ténacité et par leur discipline : ils peuvent ainsi se battre selon des tactiques et des positions de combat précises. Malgré leur équipement (40 kg par personne), les légions se déplacent rapidement, parcourant ainsi 25 km par jour (davantage lors d'une marche forcée). À la demande du Sénat, les soldats construisent aussi des routes, les voies romaines, afin de faciliter leurs déplacements (et les communications avec les provinces conquises).
2. L'arbitrage
• Pour justifier son intervention militaire, le Sénat s'interpose généralement entre deux cités (ou deux peuples) en conflit : elle défend l'une, vainc l'autre et s'impose comme une alliée indispensable. Certaines cités alliées bénéficient, en plus de la protection romaine, de certains des droits des citoyens romains.
• Les conquêtes donnent beaucoup d'importance aux consuls qui dirigent les armées en campagne : les généraux victorieux apparaissent de plus en plus comme les vrais chefs de Rome. En cela, les conquêtes préparent l'avènement d'un empereur romain.
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