La contrainte du froid : la Sibérie orientale


Fiche

Parmi les espaces terrestres sous contrainte, la Sibérie est, hormis l'Antarctique, la région où cette contrainte de froid est maximale. Pourtant, des hommes habitent ces régions hostiles.
I. Des contraintes extrêmes
• En Sibérie orientale se situe la République de Sakha, également appelée Yakoutie. Cette république autonome est l'une des 83 régions de la Fédération de Russie. Elle borde l'océan arctique au nord. Zone de montagnes, elle est drainée par trois fleuves principaux, tous de direction méridienne (sud-nord) : la Léna, l'Indigirka et la Kolyma. Avec une superficie de 3,1 millions de km2, la Yakoutie représente près de six fois la France ! Sa capitale régionale est à Iakoutsk, au milieu de la forêt nordique qu'est la taïga. Tout le nord est occupé par une végétation basse, la toundra.
• Les contraintes de froids sont extrêmes : la température moyenne de janvier à Iakoutsk est de −42 °C : quarante-deux degrés en dessous de zéro ! Sur le littoral arctique, quelques ports, tel Tiksi, ne sont libres de glaces que deux mois par an. Il faut dire que la Yakoutie est située presque pour moitié au-delà du Cercle polaire. En raison de cette latitude très nordique et de sa longitude à l'intérieur du continent, le climat continental est redoutable. Son amplitude thermique (différence entre le mois le plus chaud et le mois le plus froid) est énorme : 60 °C d'amplitude sur les moyennes de janvier et de juillet), mais jusqu'à 100 °C (−64 °C certains jours d'hiver, +38 °C certains jours d'été). Le record mondial de froid hors Antarctique se situe d'ailleurs à Oïmiakon, où a été relevée la température hors norme de −72 °C ! Les précipitations sont très faibles : 240 mm par an à Iakoutsk, mais peuvent s'élever sur les montagnes (500-700 mm), surtout en été.
• Sur un territoire qui a la superficie de l'Inde ne vivent qu'un peu moins d'un million d'habitants, dont environ 50 % de Slaves (Russes pour la plupart) et 50 % de populations sibériennes autochtones, essentiellement yakoutes. La densité moyenne est donc extrêmement faible : 1 habitant pour 3 km2 ! Depuis la chute de l'URSS en 1991, alors que le solde naturel est fortement positif, la population diminue lentement en raison d'une émigration très forte. Pourquoi rester en république de Sakha, en effet ?
II. Une république richissime
• Peut-être parce que la République de Sakha est fort riche : son PIB régional est supérieur des 2/3 à la moyenne russe ! L'économie repose sur l'exploitation des richesses du sous-sol : gaz de Srednevilyouisk, charbon de Nerioungri et d'Elga, pétrole de Talakan, or de la Kolyma, diamants de Mirny et d'Oudatchny, etc. La Yakoutie est le paradis des mineurs ! Ces richesses immenses ne sont pas encore toutes exploitées, en raison du manque d'infrastructures de transport.
• Les aménagements nécessaires à la vie et à l'exploitation économique sont très couteux : les immeubles sont construits sur pilotis, car le sol qui dégèle en été s'affaisse et menace les constructions d'effondrement. Les routes, non asphaltées en raison du gel qui les détruirait d'octobre à mai, sont un véritable bourbier en été : c'est la raspoutitsa. Les fleuves, qui dégèlent plus vite au sud qu'au nord, provoquent une débâcle très impressionnante qui inonde des régions entière. En 2001, il a fallu procéder au bombardement aérien de la Léna pour éliminer un bouchon de glace et permettre à l'écoulement du fleuve de reprendre.
• Restent les populations autochtones, les Iakoutes, qui se nomment eux-mêmes Sakhas. Ceux du nord élèvent des rennes, pour l'essentiel ; ceux du sud de la République élèvent plutôt des chevaux ou un peu de bétail. Autrefois nomades, ils ont été sédentarisés pendant la période soviétique et retrouvent depuis une vingtaine d'année une certaine mobilité. Les populations russes tendant à émigrer vers la Russie d'Europe, la proportion de Sakhas dans la république est en accroissement.
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