Le rôle des dialogues
Révéler le caractère ou les sentiments des personnages
Dans les dialogues, les personnages montrent leur personnalité. Ils prennent vie.
La Potion magique de Georges Bouillon
« – Tu sais ce qui ne va pas chez toi ? dit la vieille femme, en regardant Georges de ses petits yeux brillants de méchanceté. Tu grandis trop vite. les garçons qui grandissent trop vite deviennent stupides et paresseux.
– Mais je n'y peux rien, Grandma, réplique Georges.
– Si, tu peux, coupa-t-elle. Grandir est une sale manie des enfants. »
– Mais je n'y peux rien, Grandma, réplique Georges.
– Si, tu peux, coupa-t-elle. Grandir est une sale manie des enfants. »
Roald Dahl
Ce dialogue met ici en lumière la méchanceté caricaturale de Grandma.
Très souvent, le dialogue permet ainsi au narrateur de faire l'économie d'un commentaire psychologique ; les personnages se révèlent directement à travers leurs paroles ; les exclamations, les points de suspension traduisent leurs émotions.
Faire avancer l'action
Dans les dialogues, les personnages s'expliquent, discutent, échangent des informations. Ainsi, ils font avancer l'action. Le dialogue est donc une autre façon pour le narrateur de continuer son récit. Dans cet extrait de La Guerre du feu, l'échange plein de violence entre Naoh et Aghoo-le-velu prépare l'ultime combat dont Naoh sortira victorieux.
La Guerre du feu
« – Aghoo est plus fort que Naoh. Il ouvrira vos ventres avec le harpon et brisera vos os avec la massue.
– Naoh a tué l'Ours gris et la Tigresse. Il a abattu dix Dévoreurs d'Hommes et vingt Nains Rouges. C'est Naoh qui tuera Aghoo !
– Que Noah descende dans la plaine ! »
– Naoh a tué l'Ours gris et la Tigresse. Il a abattu dix Dévoreurs d'Hommes et vingt Nains Rouges. C'est Naoh qui tuera Aghoo !
– Que Noah descende dans la plaine ! »
J.-H. Rosny Aîné
L'insertion d'un dialogue dans le récit
Le changement de situation d'énonciation
Dans un dialogue, le narrateur choisit de faire entendre les paroles des personnages, mot pour mot, comme si on les avait enregistrées ; on parle de discours direct. Ce n'est plus lui qui parle mais les personnages ; il y a donc un changement de situation d'énonciation.
Ce changement permet d'expliquer en particulier le passage, dans un récit littéraire, du passé simple au présent.
Il permet de rendre compte également des variations éventuelles de registre de langue.
Il permet de rendre compte également des variations éventuelles de registre de langue.
Zazie dans le métro
« Et, passant sur le plan de la cosubjectivité, il ajouta :
– Et puis, il faut se grouiller : Charles attend.
– Oh ! celle-là, je la connais, s'exclama Zazie furieuse, je l'ai lue dans les Mémoires du général Vermot. »
– Et puis, il faut se grouiller : Charles attend.
– Oh ! celle-là, je la connais, s'exclama Zazie furieuse, je l'ai lue dans les Mémoires du général Vermot. »
Raymond Queneau
La présentation du dialogue
Un dialogue est nettement séparé du récit par la ponctuation. Selon le cas, l'écrivain emploie :
- des tirets devant chacune des répliques du dialogue ;
- des guillemets pour encadrer le dialogue et un tiret à chaque changement d'interlocuteur (voir le dialogue qui suit).
Il arrive que le narrateur fasse entendre directement le dialogue, sans le commenter. Cependant, en général, le personnage qui parle est annoncé et ses paroles sont introduites par divers verbes de parole : dire, répondre, murmurer, s'exclamer, etc. Ces indications peuvent être données sous la forme de propositions incises, insérées dans le dialogue :
Croc-blanc
« "Dis-moi, Henry, demanda-t-il soudainement, combien de chiens prétends-tu que nous avons ?
– Six.
– Erreur !" s'exclama Bill triomphant. »
– Six.
– Erreur !" s'exclama Bill triomphant. »
Jack London
Exercice n°1
Lis ce dialogue.
Le Père Goriot
« – Je veux mes filles ! je les ai faites ! elles sont à moi ! dit-il en se dressant sur son séant, en montrant à Eugène une tête dont les cheveux blancs étaient épars et qui menaçait par tout ce qui pouvait exprimer la menace.
– Allons, lui dit Eugène, recouchez-vous, mon bon père Goriot, je vais leur écrire. Aussitôt que Bianchon sera de retour, j'irai si elles ne viennent pas.
– Si elles ne viennent pas ! répéta le vieillard en sanglotant. Mais je serai mort, mort dans un accès de rage, de rage ! […]
– Je vais aller chercher vos filles, mon bon père Goriot, je vous les ramènerai. »
– Allons, lui dit Eugène, recouchez-vous, mon bon père Goriot, je vais leur écrire. Aussitôt que Bianchon sera de retour, j'irai si elles ne viennent pas.
– Si elles ne viennent pas ! répéta le vieillard en sanglotant. Mais je serai mort, mort dans un accès de rage, de rage ! […]
– Je vais aller chercher vos filles, mon bon père Goriot, je vous les ramènerai. »
Balzac
1. Qui sont les protagonistes de ce dialogue ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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2. Quels sont les temps verbaux utilisés dans ce dialogue ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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1. Les propositions incises qui accompagnent les paroles des personnages nous renseignent sur l'identité des deux protagonistes de ce dialogue : en montrant à Eugène, dit Eugène, répéta le vieillard. En outre, Eugène appelle son interlocuteur mon bon père Goriot.
2. Dans cet extrait, les temps du récit sont le passé simple (dit, répéta) et l'imparfait (étaient, menaçait, pouvait).
Les temps du dialogue sont le présent (veux, sont, recouchez, vais, viennent), le passé composé (ai faites) et le futur simple (sera, irai, serai, ramènerai).
Les temps du dialogue sont le présent (veux, sont, recouchez, vais, viennent), le passé composé (ai faites) et le futur simple (sera, irai, serai, ramènerai).
Exercice n°2
Complète le dialogue avec les verbes qui conviennent.
Faites glisser les étiquettes dans les zones prévues à cet effet.
a demandé
a expliqué
a rétorqué
a crié
a dit
Joachim a des ennuis
« – Je peux éteindre la lumière ?
– Éteindre la lumière ? a répondu Papa. Ça ne va pas, Nicolas ?
– Ben, c'est pour jouer avec la lampe de poche,
– Il n'en est pas question,
– Mais justement,
– Non, Nicolas !
imcAnswer10?
Nicolas.– Éteindre la lumière ? a répondu Papa. Ça ne va pas, Nicolas ?
– Ben, c'est pour jouer avec la lampe de poche,
imcAnswer11?
Nicolas.– Il n'en est pas question,
imcAnswer12?
Papa. Et puis je ne peux pas lire mon journal dans l'obscurité, figure-toi.– Mais justement,
imcAnswer13?
Nicolas. Je te ferai de la lumière avec ma lampe de poche, ça sera très chouette – Non, Nicolas !
imcAnswer14?
Papa. Tu sais ce que ça veut dire : non ? Eh bien, non ! Et ne me casse pas les oreilles, j'ai eu une journée fatigante, aujourd'hui. » Sempé et Goscinny, Denoël
• Le sens du texte permet de compléter le dialogue avec les bons verbes :
- la première phrase de Nicolas est une question, introduite par le verbe a demandé ;
- Nicolas explique ensuite à son père pourquoi il souhaite éteindre la lumière (a expliqué).
• Il faut raisonner de même pour tous les verbes de parole du texte.
Exercice n°3
Dans ce dialogue, complète les propositions incises à l'aide des mots ou groupes de mots qui conviennent.
Faites glisser les étiquettes dans les zones prévues à cet effet.
d'une voix calme et sonore
répondit
demanda
continua
Le Comte de Monte-Cristo
« « Qui êtes-vous et comment vous nommez-vous ?
– Je m'appelle Edmond Dantès, monsieur,
– Votre âge ?
– Dix-neuf ans,
– Que faisiez-vous au moment où vous avez été arrêté ?
– J'assistais au repas de mes propres fiançailles, monsieur », dit Dantès d'une voix légèrement émue, tant le contraste était douloureux de ces moments de joie avec la lugubre cérémonie qui s'accomplissait. »
imcAnswer15?
Villefort en feuilletant ces notes que l'agent lui avait remises en entrant.– Je m'appelle Edmond Dantès, monsieur,
imcAnswer16|imcAnswer19?
le jeune homme imcAnswer17?
; je suis second à bord du navire le Pharaon, qui appartient à MM. Morel et fils.– Votre âge ?
imcAnswer18?
Villefort.– Dix-neuf ans,
imcAnswer16|imcAnswer19?
Dantès.– Que faisiez-vous au moment où vous avez été arrêté ?
– J'assistais au repas de mes propres fiançailles, monsieur », dit Dantès d'une voix légèrement émue, tant le contraste était douloureux de ces moments de joie avec la lugubre cérémonie qui s'accomplissait. »
A. Dumas
• L'interrogatoire commence par une série de questions du substitut (Villefort) auxquelles répond le prévenu (Dantès).
• Les propositions incises contiennent des indications scéniques sur le ton de Dantès : sa voix, d'abord très calme, trahit ensuite une légère émotion.
Exercice n°4
Lis ce dialogue.
Le Comte de Monte-Cristo
« « Attendez, dit le substitut à Dantès, qui prenait ses gants et son chapeau, attendez ; à qui [cette lettre] est-elle adressée ?
– À M. Noirtier, rue Coq-Héron, à Paris. »
La foudre tombée sur Villefort ne l'eût point frappé d'un coup plus rapide et plus imprévu. […]
« M. Noirtier, rue Coq-Héron, n° 13, murmura-t-il en pâlissant de plus en plus.
– Oui, monsieur, répondit Dantès étonné, le connaissez-vous ?
– Non, répondit vivement Villefort : un fidèle serviteur du roi ne connaît pas les conspirateurs.
– Il s'agit donc d'une conspiration ? demanda Dantès, qui commençait, après s'être cru libre, à reprendre une terreur plus grande que la première. En tout cas, monsieur, je vous l'ai dit, j'ignorais complètement le contenu de la dépêche dont j'étais porteur. »
– À M. Noirtier, rue Coq-Héron, à Paris. »
La foudre tombée sur Villefort ne l'eût point frappé d'un coup plus rapide et plus imprévu. […]
« M. Noirtier, rue Coq-Héron, n° 13, murmura-t-il en pâlissant de plus en plus.
– Oui, monsieur, répondit Dantès étonné, le connaissez-vous ?
– Non, répondit vivement Villefort : un fidèle serviteur du roi ne connaît pas les conspirateurs.
– Il s'agit donc d'une conspiration ? demanda Dantès, qui commençait, après s'être cru libre, à reprendre une terreur plus grande que la première. En tout cas, monsieur, je vous l'ai dit, j'ignorais complètement le contenu de la dépêche dont j'étais porteur. »
A. Dumas
1. À la lecture de ce dialogue, on peut penser que Villefort connaît M. Noirtier.
Cochez la bonne réponse.
| ||
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2. Quelle est la fin prévisible de l'interrogatoire ?
Cochez la bonne réponse.
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• Oui, Villefort connaît M. Noirtier : c'est son père. Or M. Noirtier est à la tête d'une conspiration bonapartiste visant à renverser le roi et à rétablir l'empereur. La lettre retrouvée sur Dantès et dont ce dernier ignorait le contenu constitue donc une menace pour Villefort. Pour l'écarter, celui-ci va, dans la suite de l'interrogatoire, brûler la lettre et réduire Dantès au silence en l'enfermant dans la terrible prison du château d'If.
• L'inquiétude de Villefort transparaît à travers les indications scéniques du type murmura-t-il en pâlissant de plus en plus.
Exercice n°5
Dans quel ordre doit-on mettre les répliques pour reconstituer ce dialogue extrait de Michel Strogoff de Jules Verne ?
Faites glisser les étiquettes dans les zones prévues à cet effet.
2
5
3
4
6
1
imcAnswer24?
. « Je vous traite par l'eau, dit-il. Ce liquide est encore le sédatif le plus efficace que l'on connaisse pour le traitement des blessures. imcAnswer25?
. – Farceur, va ! Tous les Anglais sont généreux ! » imcAnswer26?
. Alcide Jolivet prit de l'eau à un puits creusé au milieu de l'enclos, lava la blessure et disposa avec beaucoup d'adresse les linges mouillés sur l'épaule d'Harry Blount. imcAnswer27?
. – Bah ! il n'y a pas de quoi ! Vous en feriez autant à ma place ! imcAnswer28?
. – Je vous remercie, monsieur Jolivet, répondit Harry Blount, en s'étendant sur une couche de feuilles mortes. imcAnswer29?
. Je n'en sais rien… répondit un peu naïvement Harry Blount.Observe tout d'abord la ponctuation.
• Le premier élément est narratif puis le dialogue à proprement parler commence. Il est encadré par des guillemets et est composé de cinq répliques.
• Les deux interlocuteurs sont les deux journalistes Alcide Jolivet (français) et Harry Blount (anglais).
Exercice n°6
Coche la bonne réponse.
Dans un récit, le dialogue peut servir à faire avancer l'action.
Cochez la bonne réponse.
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L'insertion d'un dialogue dans un récit s'appelle le discours indirect.
Cochez la bonne réponse.
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Le temps dominant dans un dialogue est le passé simple.
Cochez la bonne réponse.
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Une proposition incise contient un verbe de parole. Elle est insérée au milieu d'une réplique.
Cochez la bonne réponse.
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Un dialogue est toujours encadré de guillemets.
Cochez la bonne réponse.
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• L'insertion d'un dialogue dans un récit s'appelle le discours direct ; le discours indirect ne rapporte pas intégralement les paroles des personnages.
• Le passé simple est le temps du récit ; dans les paroles des personnages (énoncé ancré dans la situation d'énonciation), on trouve le plus souvent du présent et du passé composé.
• Un dialogue n'est pas toujours encadré de guillemets : souvent, il ne comporte que des tirets qui signalent les changements de locuteurs.