Les Contes de Perrault
Fiche
Le Petit Chaperon rouge, Cendrillon ou la Belle au bois dormant… Tout le monde connaît les Contes de Perrault.
Quelles sont les caractéristiques de ces contes ? Ne font-ils que raconter de jolies histoires ?
Quelles sont les caractéristiques de ces contes ? Ne font-ils que raconter de jolies histoires ?
I. Les caractéristiques des Contes
1. Qu'est-ce qu'un conte ?
• Un conte est un texte généralement court, qui fait la part belle à l'imaginaire. Les contes de fées, ou « contes merveilleux », contiennent des éléments surnaturels qui jouent un rôle important dans l'histoire.
• Les Contes puisent dans le folklore populaire, dans ces histoires racontées au coin du feu. Certaines formules reflètent cette tradition et sont répétées comme des refrains de chanson : « Tire la chevillette et la bobinette cherra » dans le Petit Chaperon rouge, ou le fameux « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » dans la Barbe-bleue.
Perrault donne une version écrite, littéraire, de ces contes populaires et fixe ainsi la tradition orale. Puisqu'ils ont été racontés dans de nombreux pays, on en trouve d'autres versions, notamment chez les frères Grimm.
2. « Il était une fois… »
• Le cadre spatio-temporel (époque et lieu du récit) est rarement défini : tous les contes de Perrault commencent par la formule rituelle « Il était une fois » (sauf le Maître chat ou le Chat botté), qui renvoie à un passé lointain et vague. Les lieux ne sont pas plus déterminés : une forêt ou un château sans nom.
• Perrault a cependant introduit quelques détails de son époque : les gardes suisses (la Belle au bois dormant), l'eau de la reine de Hongrie, remède fameux, les meubles (cabinets, sofas, guéridons dans la Barbe-bleue), les détails des vêtements (le « déshabillé » de la grand-mère dans le Petit Chaperon rouge, les habits de la Belle…) et les conditions sociales des hommes (les « grands », rois, princes, marquis, la Cour, et les « petits », paysans, bûcherons, meuniers).
3. « Ils vécurent heureux et… »
• Tous les contes de Perrault s'achèvent par un événement marquant qui clôt l'histoire : un mariage ou une mort, parfois les deux. Les épreuves sont terminées et les personnages vont pouvoir vivre tranquillement. Dans le Chat botté, le Marquis épouse la princesse ; dans les Fées, la bonne fille se marie avec le fils du roi. Cendrillon épouse le Prince et marie ses deux sœurs « à deux grands Seigneurs de la Cour ». Riquet à la houppe épouse la fille du roi. Seules exceptions : le Petit Poucet, qui reste célibataire, et le Petit Chaperon rouge qui meurt.
• Le dénouement met un point final à l'histoire, dont le lecteur peut imaginer la suite (le bonheur, les enfants), et permet d'annoncer sa morale (les méchants sont punis, les bons récompensés).
4. La morale de l'histoire
• Comme les fables de La Fontaine, les contes de Perrault sont assortis d'une moralité, sous la forme d'un petit poème expliquant quelle leçon le lecteur peut tirer du conte.
La moralité du Petit Poucet, par exemple, précise que ce n'est pas parce qu'un enfant est faible et petit qu'il ne fera pas la joie de ceux qui l'entourent :
« Mais si l'un d'eux est faible ou ne dit mot,
On le méprise, on le raille, on le pille ;
Quelque fois cependant c'est ce petit marmot
Qui fera le bonheur de toute la famille. »
« Mais si l'un d'eux est faible ou ne dit mot,
On le méprise, on le raille, on le pille ;
Quelque fois cependant c'est ce petit marmot
Qui fera le bonheur de toute la famille. »
• Il s'agit bien là d'instruire en distrayant. Perrault s'adresse à tous, petits et grands, et montre que la morale des gens simples n'a rien à envier à celle des savants.
II. Les personnages
1. Les bons et les méchants
• Les Contes mettent souvent en scène des couples de personnages dont l'un est bon, l'autre méchant.
« Il était une fois une veuve qui avait deux filles ; l'aînée lui ressemblait si fort et d'humeur et de visage que qui la voyait voyait la mère. Elles étaient toutes deux si désagréables et si orgueilleuses qu'on ne pouvait vivre avec elles. La cadette, qui était le vrai portrait de son Père pour la douceur et pour l'honnêteté, était avec cela une des plus belles filles qu'on eût su voir. » (les Fées)
Dans Riquet à la houppe, l'opposition bon/méchant est remplacée par l'opposition beau/laid :
« Au bout de sept ou huit ans la Reine d'un royaume accoucha de deux filles. La première qui vint au monde était plus belle que le jour. […] Mais elle eut quelques moments après un bien plus grand chagrin, car la seconde fille dont elle accoucha se trouva extrêmement laide. »
Barbe-bleue « si laid et si terrible, qu'il n'était ni femme ni fille qui ne s'enfuît devant lui » est aussi le personnage le plus cruel des Contes.
• Dans l'ensemble, les contes de Perrault opposent donc les bons (les petits, les princes, les animaux, les bonnes fées) aux méchants (les ogres, les méchantes fées, les belles-mères). C'est pourquoi les personnages occupent des fonctions narratives très précises.
2. Des ogres et des fées
• Les fées et les ogres sont les ambassadeurs du merveilleux dans les contes de Perrault. Les premières décident des destins (la Belle au bois dormant), se métamorphosent (les Fées), favorisent la victoire des bons (Cendrillon), alors que l'ogre ou l'ogresse sont d'une cruauté brutale.
3. Des animaux proches des hommes
• Les animaux, dotés de qualités humaines, font partie intégrante du monde des hommes. Ainsi le Chat botté parle, marche sur deux pattes et se montre aussi rusé et intelligent que le Petit Poucet. À la fin du conte, il est récompensé de son habileté : « Le Chat devint grand Seigneur, et ne courut plus après les souris, que pour se divertir. ».
III. Les thèmes principaux
1. La métamorphose
• La métamorphose est un des indices les plus caractéristiques du conte merveilleux. Il y en de vraies dans les contes de Perrault (par exemple, celle de l'Ogre en lion puis en souris dans le Chat botté, toutes les métamorphoses que produit la marraine fée dans Cendrillon) ; mais il y a aussi des pseudo-métamorphoses : la sœur bête qui devient intelligente dans Riquet à la houppe ; le loup qui se transforme en grand-mère dans le Petit Chaperon rouge…
2. L'épreuve
• Avant de pouvoir vivre heureux, les personnages subissent une série d'épreuves qui forment leur apprentissage. Le Petit Poucet affronte l'abandon, puis l'Ogre, avant de devenir adulte et riche. La jeune sœur des Fées doit offrir de l'eau à une vieille femme. La Belle est obligée de dormir cent ans. Seules ces épreuves rendent les personnages dignes d'être aimés et d'être heureux.
3. La mort
• À l'exception du Petit Chaperon rouge et de sa grand-mère, dévorées par le loup, la mort frappe généralement les personnages méchants : les filles de l'Ogre (le Petit Poucet), l'Ogre (le Chat botté), Barbe-bleue, la méchante sœur (les Fées).
Perrault décrit la mort avec une certaine cruauté : « l'Ogresse, enragée de voir ce qu'elle voyait, se jeta elle-même la tête la première dans la cuve, et fut dévorée en un instant par les vilaines bêtes qu'elle y avait fait mettre » (la Belle au bois dormant). La méchante sœur des Fées « se fit tant haïr, que sa propre mère la chassa de chez elle ; et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulût la recevoir, alla mourir au coin d'un bois ».
IV. Qui est Charles Perrault ?
• Charles Perrault vécut au xviie siècle, à l'époque de Louis XIV : il est contemporain de La Fontaine, de Molière, de La Bruyère et de Racine. Homme de loi, au service de Colbert, il contribue à l'édification de Versailles. Entré à l'Académie française, il se montre farouche partisan des Modernes dans la querelle qui les oppose aux Anciens. Il reste surtout célèbre pour les Contes de ma mère l'Oye, d'abord publiés sous le nom de son fils mais qui connurent un succès immédiat.
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