Avec l'avènement des Carolingiens, dont Charlemagne, couronné empereur en 800, est le plus illustre représentant, s'ouvre une période marquée par un renouveau de l'art et de la culture.
1. La Renaissance carolingienne
• Les viiie et ixe siècles sont une période de renouveau de l'art, de la culture, des études en Occident. L'avènement de l'empire carolingien a eu un retentissement considérable dans le monde, et a été le pendant de l'empire d'Orient, sis à Byzance. Les ateliers de copistes, qui diffusent les livres avant l'invention de l'imprimerie, et les bibliothèques, préservés dans les monastères et dorénavant protégés par l'Empereur, redoublent d'activité.
• Charlemagne, quoique sans doute illettré, est lui-même sensible à la culture, comme le seront ses successeurs immédiats. Le renouveau scolaire et l'activité des centres d'études permettent de former les clercs et une partie des enfants de la noblesse aux Arts libéraux (Trivium – grammaire, dialectique, rhétorique – et Quadrivium – arithmétique, musique, géométrie et astronomie –) et de sauvegarder l'héritage culturel de l'Antiquité, dont les œuvres, copiées et recopiées, seront transmises à la postérité. Cette « renaissance carolingienne », quoique limitée aux couches supérieures de la société, s'est exprimée largement dans l'art.
2. Aix et la chapelle palatine
• On a beaucoup construit sous Charlemagne : 16 cathédrales, plus de 200 monastères et 65 palais royaux. L'art monumental carolingien conserve des témoignages, notamment à travers le palais impérial d'Aix-la-Chapelle. Le palais s'organise en deux ailes : une aile nord – aula regia – dédiée à la politique, avec notamment l'immense salle du trône – c'est l'aile du pouvoir temporel – ; une aile sud –aula palatina – reliée par une galerie, comprenant la chapelle palatine – c'est l'aile du pouvoir spirituel –. Il y avait certainement d'autres bâtiments, avec d'autres fonctions : habitation de la cour, académie palatine, administration, bibliothèque, atelier de copie (scriptorium). En dehors du palais proprement dit se trouvaient également un hospice, une caserne et même une ménagerie, où vivait l'éléphant offert à l'Empereur par le Calife de Bagdad.
• La chapelle palatine témoigne des caractéristiques de l'art impérial carolingien, synthèse d'influences multiples : un art franc, d'abord, par son architecture générale et ses voûtes d'arête ; un art romain, par le plan basilical de la chapelle ou les colonnes à chapiteaux corinthiens ; un art byzantin, par sa coupole et ses mosaïques ; un art chrétien, évidemment, par les sujets représentés (la coupole de la chapelle montre le Christ en majesté, entouré par les Évangélistes).
3. Les arts mineurs : orfèvrerie et enluminure
• L'orfèvrerie, un art dans lequel les artistes germaniques excellaient particulièrement, est bien représentée dans l'art carolingien. Charlemagne y a contribué, par exemple en créant les fonderies d'Aix-la-Chapelle, qui fabriquèrent les portes de la chapelle du palais. De nombreux objets en métal ont été réalisés par les artistes francs, utilisant notamment la technique du cloisonné, qui enchâsse des pierres ou des perles dans des cases en or. L'exemple le plus majestueux de cet art du métal est certainement l'autel en or de Volvinius, dans la cathédrale Saint-Ambroise, à Milan.
• L'enluminure constitue un témoignage majeur de l'art carolingien, car la plupart des œuvres de la Renaissance carolingienne qui sont parvenues jusqu'à nous sont des manuscrits enluminés. Les ateliers de copistes et d'enlumineurs ont surtout illustré des manuscrits religieux, Bibles et Évangiles – car le livre sacré est un hommage rendu à Dieu – mais aussi des œuvres d'auteurs grecs ou latins. Pourpre, or, argent sont les matériaux nobles les plus utilisés.