La réforme catholique
Fiche
Devant l'ampleur de ce mouvement, l'Église entreprend à son tour une réforme, que l'on appelle la Contre-Réforme ou Réforme catholique.
Quelles en sont les caractéristiques ?
I. Une politique répressive
• La répression du protestantisme débute en Espagne où l'Inquisition est puissante, bien organisée et soutenue par les rois Charles Quint (règne : de 1516 à 1556) et Philippe II (règne : de 1556 à1598). Elle frappe aussi bien les humanistes, contraints à l'exil, que les luthériens. Dès 1540, le protestantisme n'existe plus dans la péninsule ibérique.
• En 1542, Paul III (pape de 1534 à 1549) rétablit, en Italie, l'Inquisition tombée en sommeil. Il la confie aux dominicains, les premiers adversaires de Luther, qui obtiennent bientôt les mêmes résultats qu'en Espagne. Paul III essaie de l'imposer dans d'autres États européens mais n'y parvient pas. En 1562, la Congrégation de l'index est instituée pour dresser la liste (index) des livres interdits par l'Église.
• Aux Pays-Bas, Charles Quint et, en France, François Ier (règne : de 1415 à1547) puis son fils Henri II (règne : de 1547 à 1559) soutiennent l'Église et mènent une politique d'interdiction de la religion réformée. Si ces princes refusent l'installation de l'Inquisition dans leur pays, c'est uniquement pour ne pas être dépossédés d'une partie de leur pouvoir.
II. Une politique réformatrice
• Le pape Paul III met en place une commission de réforme composée de prélats et de cardinaux, et convoque un concile. C'est le concile de Trente ; il se tiendra, avec de longues interruptions, de 1545 à 1563, sous les pontificats de Paul III, Paul IV (1555-1559), Jules III (1550-1555) et Pie IV (1559-1565).
• L'œuvre réalisée par ce concile est considérable : il traite en parallèle les problèmes de dogme et de discipline. Des abus importants sont dénoncés, comme l'absentéisme (des évêques qui n'occupent pas leur siège épiscopal ou des prêtres leur cure), la simonie ou les ordinations avant l'âge de 25 ans. On prévoit d'ouvrir des séminaires pour donner aux futurs prêtres une meilleure formation intellectuelle et religieuse.
La Bible en latin est considérée comme la source essentielle de la foi ; la traduction de saint Jérôme, la Vulgate, est adoptée comme version de référence, unique et indiscutable.
Sur le plan du culte et du dogme, les sept sacrements sont maintenus, la transsubstantiation (transformation de la substance du pain et du vin en celle du corps et du sang de Jésus-Christ) devient un dogme tout comme sont réaffirmés le culte des images, et, pour les prêtres, l'obligation du célibat.
La Bible en latin est considérée comme la source essentielle de la foi ; la traduction de saint Jérôme, la Vulgate, est adoptée comme version de référence, unique et indiscutable.
Sur le plan du culte et du dogme, les sept sacrements sont maintenus, la transsubstantiation (transformation de la substance du pain et du vin en celle du corps et du sang de Jésus-Christ) devient un dogme tout comme sont réaffirmés le culte des images, et, pour les prêtres, l'obligation du célibat.
• Le concile recommande de mieux prêcher l'Évangile et la foi catholique. Est ainsi fondée la congrégation de l'Oratoire par saint Philippe Néri (1515-1595) à Rome en 1575, dont les membres se destinent à l'enseignement. L'ordre le plus célèbre est celui de la Compagnie de Jésus créé par Ignace de Loyola (1491-1556) et reconnu par le pape en 1540. Ses membres, les jésuites, formés à la théologie et à la prédication, doivent une obéissance absolue à leur supérieur, le général, élu à vie. Aux trois vœux que tout prêtre prononce (pauvreté, chasteté, obéissance), ils ajoutent une obéissance spéciale au pape. Cet ordre est conçu de manière presque militaire ; il devient un instrument au service de la papauté dans son entreprise de reconquête spirituelle. Les jésuites ouvrent de nombreux collèges en Europe et sont les promoteurs d'une nouvelle pédagogie.
III. Une nouvelle religiosité
• Dans la seconde moitié du XVIe siècle, la pratique religieuse des catholiques évolue. Sous l'influence des humanistes, elle s'appuie davantage sur l'étude et la pratique de l'Évangile.
• De plus, pour se démarquer des protestants, l'Église recommande aux prédicateurs d'insister sur l'aspect sensible de la religion et de s'adresser autant au cœur qu'à la raison. C'est pourquoi se développe le culte de la Vierge, des saints et du Sacré-Cœur de Jésus.
• De grandes messes sont célébrées avec solennité dans de vastes églises décorées avec un luxe inconnu jusqu'alors, dans une profusion d'or et de marbre. L'exubérance de cette décoration doit montrer aux fidèles que la religion catholique est une religion joyeuse et vivante.
• À la différence de la Réforme protestante, la Réforme catholique engendre un art qu'on a qualifié de baroque pour signifier son aspect à la fois somptueux, monumental et tourmenté. Cet art s'épanouira en Europe au XVIIe siècle et gagnera l'Amérique latine et le Brésil.
IV. En conclusion
• Le concile de Trente a reconnu, de manière indirecte, l'existence d'une doctrine et d'une Église protestantes. Cependant, en refusant toute concession aux protestants, les catholiques ont figé les positions de chacun des camps : désormais, aucun accord religieux n'est possible.
• Si l'Église est parvenue à se réformer, elle n'a pu reconquérir les pays où les protestants s'étaient installés (à l'exception de certaines parties de l'Autriche, de la Hongrie et de la Pologne). Elle doit même faire face à l'enracinement de la Réforme calviniste qui prend le relais de la Réforme luthérienne.
• Ainsi, dans les années 1560-1570, alors que la Renaissance s'achève et qu'émergent « les temps modernes », on voit se dessiner deux Europe : l'une méditerranéenne et catholique, l'autre septentrionale et protestante.
• Enfin, les souverains étant à la fois des chefs politiques et spirituels, la politique et la religion se mélangent de manière de plus en plus inextricable. Les conditions sont réunies pour qu'éclatent de terribles guerres de Religion, en France (1562-1598), puis dans le Nord de l'Europe et dans le Saint Empire où sévit la guerre de Trente Ans (1618-1648).
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