La Renaissance en Europe
Fiche
Comment celle-ci se manifeste-t-elle à travers l'Europe ?
I. Les peintres d'Europe du Nord
Après l'Italie, l'Europe du Nord, et tout particulièrement les Pays Bas, voit à son tour l'épanouissement de la Renaissance. Les peintres belges, hollandais et allemands imitent les maîtres italiens tout en gardant leur propre culture (l'influence du gothique reste forte, surtout en Allemagne).
1. De riches marchands pour commanditaires
• La Renaissance en Europe du Nord est intimement liée à l'émergence d'un public de riches marchands qui achètent des tableaux pour décorer leurs maisons. Ils commandent ainsi des paysages et des portraits reflétant la richesse du monde dans lequel ils vivent.
2. Une peinture hautement symbolique
• L'influence de l'univers des riches commanditaires est caractéristique des tableaux de l'Europe du Nord. La mise en scène de cet univers particulier est l'occasion pour le peintre de transmettre un message plus abstrait : la peinture d'Europe du Nord est donc souvent aussi rationnelle que symbolique. Le soin porté aux vêtements luxueux ainsi que la présence de nombreux symboles sont caractéristiques de la Renaissance dans cette partie de l'Europe.
• Ainsi, le peintre Jan Van Eyck peint, en 1434, le portrait des époux Arnolfini, marchands italiens installés à Bruges. Pour la première fois, un couple est représenté dans l'intimité de son appartement : le peintre parvient à la fois à suggérer la matérialité de leur richesse par l'attention portée à la peinture des étoffes et à donner à la scène un caractère plus symbolique (par exemple, un petit chien, aux pieds des époux, symbolise la fidélité, un miroir rond, la virginité).
• C'est le cas également d'Holbein, qui peint les grands de son époque. Dans les Ambassadeurs, chaque objet du tableau représente l'une des nombreuses branches des sciences : un globe terrestre, par exemple, symbolise la géographie. Le peintre rend ainsi hommage à l'intelligence et au pouvoir de ses modèles. Holbein a cependant placé au premier plan de son tableau une anamorphose, c'est-à-dire une représentation volontairement déformée d'un objet : si l'on regarde le tableau de côté, à une certaine distance, ou dans un cylindre de métal, on distingue très nettement que cet objet est un crâne. Il s'agit là d'une « vanité », rappelant au spectateur qu'aussi intelligent soit-il, l'homme n'est jamais qu'un mortel.
II. De grandes innovations techniques
1. Huile et toile
• Les peintres hollandais sont à l'origine de deux grandes innovations : l'utilisation de la toile comme support et la mise au point de la peinture à l'huile. Cette dernière permet de laisser sécher le tableau, de reprendre le travail, de multiplier les retouches, ce qu'interdisait la technique de la fresque. Les « repentirs », c'est-à-dire les divers changements qui peuvent être apportés à une œuvre au cours de son exécution, sont désormais autorisés. Les couleurs sont aussi plus profondes et plus lumineuses.
• Enfin, les toiles peintes ont l'avantage de pouvoir être transportées (contrairement aux fresques) et donc de permettre le travail en atelier.
2. La gravure : l'apport de Dürer
• L'Allemand Albrecht Dürer utilise avec un talent sans égal les techniques de l'imprimerie : la gravure lui permet de reproduire ses œuvres à plusieurs exemplaires. Il en perfectionne la technique, remplaçant le bois par le cuivre. Il illustre avec un réalisme saisissant certaines scènes bibliques, comme dans l'Apocalypse, qui comprend quinze planches. Dans ses dessins de plantes et d'animaux, il copie la nature avec le même soin qu'un Léonard de Vinci. Maître de la perspective, technique qu'il a apprise lors de ses longs séjours en Italie, il est, à son époque, un peintre très célèbre ; il synthétise les inventions d'Europe du Nord et d'Italie.
III. La Renaissance en France
À la faveur des guerres menées en Italie par les rois de France, la Renaissance pénètre dans le royaume : François ier découvre les œuvres de Léonard de Vinci et lui demande, en 1516, de venir travailler en France.
1. Un domaine privilégié : l'architecture
• Le maître italien a dessiné des plans qui inspirent la construction du château de Chambord. À la différence des forteresses du Moyen Âge, le but des constructions nouvelles n'est plus de se protéger contre des assaillants mais de recevoir la Cour dans une demeure élégante. D'autres châteaux de ce type sont construits par le roi ou les grands du royaume. La plupart se trouvent dans la vallée de la Loire, le lieu de séjour favori des rois de France au xvie siècle.
2. L'école de Fontainebleau
• La Renaissance française se prolonge bientôt en dehors de la vallée de la Loire. François ier réunit de nombreux artistes pour rénover le château de Fontainebleau, près de Paris. Les Italiens Rosso et le Primatice y réalisent les peintures du plafond de la grande galerie. Cette vaste fresque représente les dieux et déesses de l'Antiquité grecque et romaine. Elle contient aussi les symboles de la puissance du roi, qui y est lui-même représenté.
• À Paris, enfin, les sculpteurs français Goujon et Lescot créent de multiples fontaines, décorant les places, et agrandissent le palais du Louvre. Leurs œuvres, également inspirées de l'Antiquité grecque et romaine, comprennent colonnes et personnages de la mythologie et se conforment à des règles de proportions précises.
© 2000-2024, rue des écoles