Les humanistes
Fiche
I. La redécouverte de l'héritage classique
Les hommes du Moyen Âge avaient une certaine connaissance de l'Antiquité, mais elle était partielle ; la littérature grecque, par exemple, n'était transmise que par de médiocres traductions latines.
1. Les précurseurs
En Italie, Pétrarque (1304-1374) et son ami Boccace (1313-1375), curieux de découvrir les manuscrits anciens, traduisent en latin les poèmes d'Homère ou les Histoires d'Hérodote. Ce sont les tout premiers humanistes.
2. Les débuts du mouvement
• Les xive, xve et xvie siècles sont des époques de vie intellectuelle intense en Europe : les lettrés collectionnent les manuscrits grecs et s'enthousiasment pour la pensée des Anciens. Ils comparent plusieurs copies d'une même œuvre pour rétablir le texte original.
• Sur le plan artistique, l'humanisme est l'une des sources de peinture de la Renaissance : il a ouvert la voie aux représentations de l'Homme, a remis à l'honneur l'étude des œuvres de l'Antiquité et de ses sujets (en particulier la la mythologie).
• Au xve siècle, la redécouverte de l'œuvre de Platon contrebalance l'influence prédominante d'Aristote dans la pensée philosophique du Moyen Âge.
• Alors que la science et la technique reposaient jusqu'ici sur la seule pensée d'Aristote, les humanistes s'intéressent à d'autres auteurs : Pline pour les sciences naturelles, Pythagore, Ptolémée, Euclide pour la géométrie et les mathématiques.
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II. L'esprit humaniste
1. Le néo-platonisme
• L'idéal des humanistes est d'allier la pensée des Anciens et la foi chrétienne. La philosophie humaniste repose sur le néo-platonisme, que le Florentin Marsile Ficin (1433-1499) propage dans toute l'Europe. Pour lui, l'homme, image de Dieu, a une âme immortelle mais un corps mortel. Il doit, par la connaissance, quitter le monde des apparences sensibles pour atteindre celui des Idées intelligibles.
• Cette philosophie idéaliste tournée vers la recherche du divin est profondément humaniste en ce qu'elle exalte l'homme considéré comme le miroir de Dieu.
2. Ses caractéristiques
• Le néo-platonisme définit une esthétique : ce qui est beau, harmonieux, équilibré est plus proche du divin. Par la création, l'artiste participe à l'action de Dieu.
• Le néo-platonisme élabore également une morale : l'Homme est naturellement bon. En aimant le monde créé par Dieu, il s'approche de lui. Instruit par la philosophie, guidé par sa raison, soutenu par la grâce (qui est donnée à tous), l'Homme peut découvrir les vérités divines. Mais il peut aussi ne pas vouloir le faire : il est libre et responsable de ses choix, comme de ses actes. La philosophie humaniste est à la fois optimiste et respectueuse de l'Homme. Elle met aussi l'accent sur l'individu : chaque homme doit chercher sa voie vers Dieu.
III. Sa diffusion
L'humanisme naît en Italie et gagne une grande partie de l'Europe. Ses représentants, lettrés et savants, voyagent beaucoup, se rencontrent et correspondent entre eux pour échanger des idées. L'humanisme se propage également grâce au développement des universités et à celui de l'imprimerie.
1. Les universités
• Les universités connaissent un grand développement entre la fin du xive siècle et le début du xvie siècle. En Italie (surtout à Venise et à Florence) et en France (à Paris et à Lyon), l'accent est mis sur l'étude littéraire et philologique des textes. Les humanistes entendent former des hommes responsables en leur enseignant les auteurs grecs et latins, les mathématiques, la philosophie. Ainsi Guillaume Budé (1467- 1540), influent auprès de François ier, contribue à la création de ce qui deviendra le Collège de France. Il publie aussi des travaux sur les monnaies anciennes et des Commentaires sur la langue grecque (1529).
• En Espagne, le cardinal Cisneros (1436-1517) fonde l'université d'Alcalá de Henares qui met à l'honneur l'esprit des humanistes (nombre d'entre eux y ont enseigné).
2. L'imprimerie
Le développement de l'imprimerie au xve siècle va de pair avec celui de l'humanisme. L'imprimerie permet de diffuser et de rendre plus accessible le travail de traduction et la pensée de ces lettrés. En France, par exemple, les Estienne, Henri (1470-1520) et ses fils François (1502-1550) et Robert (1503-1559), forment une famille d'érudits, imprimeurs et libraires ; ils se distinguent par la qualité soignée de leurs publications.
IV. Des préoccupations religieuses
• Les humanistes s'intéressent particulièrement à la Bible : ils traduisent du grec le Nouveau Testament et apprennent l'hébreu pour traduire l'Ancien Testament. Cette étude critique des textes met en cause certaines pratiques de l'Église catholique. Les humanistes insistent sur l'importance fondamentale de l'Amour divin et la nécessité d'établir et de traduire précisément les textes sacrés. Pour eux, la mission de l'Église consiste à propager le message évangélique dans sa pureté primitive et sa simplicité.
• Ces questions religieuses préoccupent particulièrement les humanistes en Rhénanie, en Angleterre et aux Pays-Bas. Le plus célèbre des humanistes du Nord est le Hollandais Erasme (1469-1536), qui a notamment écrit le fameux Éloge de la folie. Ennemi de tous les fanatismes, il prône la fidélité à l'Évangile, source de la sagesse. Il pense que l'homme est bon et capable de créer une communauté universelle humaniste et tolérante. Au cours de ses nombreux voyages, il a rencontré les Anglais John Colet (1467-1519) et Thomas More (1478-1535).
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• Sur le plan religieux, cependant, les humanistes ne sont pas parvenus à satisfaire les besoins spirituels de leurs contemporains. Si, à partir de 1520, Luther s'en prend à l'Église catholique, ses critiques les plus violentes sont dirigées contre les humanistes, qu'il juge trop élitistes.
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