Constantinople, la nouvelle Rome


Fiche

À l'origine, Constantinople a pour nom Byzance et correspond à une colonie grecque. Dès la fin du IIIe siècle, les empereurs romains songent à transférer la capitale de l'Empire en Orient afin de mieux contrecarrer les attaques des Perses et des Goths. L'empereur Constantin décide en 324 de faire de Byzance la Nouvelle Rome et lui donne son nom : Constantinopolis (« la ville de Constantin »).
Comment Constantinople est-elle devenue la « reine des cités », la ville la plus peuplée du monde chrétien ?
I. Fondation de la « Nouvelle Rome »
1. Une volonté de grandeur
•  Sur la rive occidentale du Bosphore, entre la Corne d'Or au nord et la mer de Marmara au sud, Constantinople est bâtie dans un site remarquable qui commande l'entrée du Pont-Euxin (la mer Noire). Elle est située au carrefour des routes commerciales entre la Méditerranée et la mer Noire, entre l'Europe et l'Asie
•  L'inauguration de la ville romaine a lieu en 330 ; toutefois, les travaux de construction et d'embellissement se poursuivent pendant près de deux siècles sous la direction d'architectes et d'entrepreneurs venus de tout l'Empire, qui font travailler près de 40 000 ouvriers, le plus souvent des Goths. Pour décorer la cité, les Romains pillent la Grèce, l'Asie Mineure, l'Afrique (statues, colonnes, etc.).
•  Pour en assurer le peuplement, les Romains mettent en place le système de l'annone et des distributions gratuites, comme à Rome ; ils multiplient les affranchissements, libèrent des prisonniers et proposent des palais à de grandes personnalités. Enfin, à la différence des autres cités des provinces romaines, Constantinople reçoit le Code italique (et non provincial) qui implique l'exemption d'impôt. Ainsi, en 476, la ville compte environ 100 000 habitants.
2. La plus importante cité du haut Moyen Âge
•  Capitale de l'Empire romain d'Orient à partir de 395, résidence de l'empereur et siège du gouvernement, Constantinople supplante Rome tombée aux mains des Germains en 476. Liée au développement de son commerce et à sa nombreuse population (près de 500 000 habitants au Xe siècle), sa richesse en fait un centre urbain de première importance.
II. Aspects de la cité
1. Une capitale bien défendue
•  Protégée par de puissantes murailles terrestres et maritimes, Constantinople résiste aux multiples attaques des Perses (626), des Arabes (674-678 et 717-718), des Bulgares (813 et 913) ou des Russes (860, 941, 1043). L'enceinte comprend un mur double du côté de la terre, jalonné de tours nombreuses et bordé d'un fossé. Du côté de la mer de Marmara et de la Corne d'Or, on retrouve le même dispositif avec un mur simple. L'ensemble des remparts a une longueur de 22 km.
2. L'organisation des rues
•  Traversant la ville d'est en ouest, la rue principale, la Mésè, part du forum d'Auguste (Augustéon), traverse ceux de Constantin, de Théodose (forum Tauri) et d'Arcadius, et poursuit jusqu'à la Porte d'Or. Les principales rues de la ville sont bordées de portiques au fond desquels s'ouvrent des boutiques. Les rues secondaires sont, en revanche, étroites et leur tracé plus sinueux.
3. Constantinople, une « Nouvelle Rome »
•  La ville est dotée d'installations romaines : des aqueducs, des citernes et des égouts, des thermes (les bains de Zeuxippe, par exemple), un sénat, etc.
•  Elle possède également un hippodrome mesurant près de 400 m de long (il n'en subsiste aujourd'hui qu'un obélisque). Il sert aux jeux publics (courses de chars) qui sont régulièrement organisés jusqu'en 1204. C'est aussi de facto un lieu où le peuple manifeste ses opinions politiques. Une loge est, comme à Rome, réservée à l'empereur. Enfin, l'hippodrome est utilisé lors des événements de la vie publique byzantine, tels que couronnement et triomphe des empereurs, exécutions publiques, etc.
•  S'il ne reste plus rien aujourd'hui du palais impérial, l'archéologie permet de préciser que son entrée était située au nord, du côté de la basilique Sainte-Sophie. Cette dernière, construite en 537, était surmontée d'une vaste coupole de 54 mètres de haut. Elle est longtemps restée la plus grande des églises chrétiennes.
•  La cité était également parsemée de sanctuaires et de nombreux palais qui donnaient sur des jardins intérieurs. Le peuple logeait souvent à l'étage, au-dessus des ateliers.
III. La chute de Constantinople
1. Une population cosmopolite
•  La population de la ville, d'abord grecque puis latine, est également composée d'Arméniens, de Bulgares, d'Arabes, de Russes, le plus souvent marchands ou soldats. Si les particularismes religieux ou culturels des différentes communautés ne posent pas trop de problèmes, les Byzantins supportent mal la concurrence commerciale : en 1172, les Vénitiens sont expulsés tandis que des marchands italiens sont massacrés en 1181.
2. Constantinople devient Istanbul
•  Constantinople reste longtemps la ville la plus grande et la plus riche de la chrétienté. Lorsque les croisés la découvrent en 1096, puis en 1203, ils sont émerveillés.
•  La cité tombe en 1204 sous les assauts des barons de la quatrième croisade, à la solde des marchands vénitiens. Elle est mise à sac et pillée.
•  Malgré des reconstructions à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle, Constantinople ne cesse de décliner ; elle ne compte guère plus de 35 000 habitants au XVe siècle.
•  Le sultan Mehmet II assiège et prend la ville en 1453. Trois jours de libre pillage sont décrétés. Constantinople change encore une fois de nom : elle devient Istanbul, capitale de l'Empire ottoman.
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