La naissance des empires coloniaux
Fiche
Comment se partagent-ils le monde ? Comment organisent-ils ces premiers empires ?
I. Le partage de l'espace
• Portugal et Espagne entrent bientôt en concurrence : le premier s'indigne des projets d'exploration (et donc d'exploitation) de la seconde.
En 1493, ils en appellent au pape Alexandre VI, qui arbitre le partage des terres nouvellement découvertes. Le traité de Tordesillas découpe le Nouveau Monde en deux zones, selon une ligne passant à l'ouest des Açores : l'Est revient aux Portugais, l'Ouest aux Espagnols. Seule exception, le Brésil sera découvert et colonisé par les Portugais.
En 1493, ils en appellent au pape Alexandre VI, qui arbitre le partage des terres nouvellement découvertes. Le traité de Tordesillas découpe le Nouveau Monde en deux zones, selon une ligne passant à l'ouest des Açores : l'Est revient aux Portugais, l'Ouest aux Espagnols. Seule exception, le Brésil sera découvert et colonisé par les Portugais.
II. Les étapes de la conquête
1. La conquête portugaise
• Les Portugais ont une expérience de la navigation plus ancienne que les Espagnols : dès la première moitié du XVIe siècle, ils ont entrepris de reconnaître les côtes occidentales de l'Afrique.
• Après la mort de Henri le Navigateur en 1460, ils poursuivent leurs explorations. En 1488, Bartolomeu Dias atteint le cap de Bonne Espérance, au sud de l'Afrique. Neuf ans plus tard, Vasco de Gama double ce cap et franchit l'océan Indien : la route des Indes est ouverte. En 1502, l'explorateur conduit une deuxième expédition afin de mieux organiser l'empire. Il fonde des comptoirs commerciaux au Mozambique (Afrique orientale), puis le premier comptoir portugais en Inde, à Cochin.
• Alfonso de Albuquerque établit ensuite la capitale de l'empire à Goa, s'empare en 1511 de Malacca, la première place de commerce de l'océan Indien et atteint les Moluques, l'une des plus grandes zones de production d'épices.
• En 1500 enfin, conduits par le conquistador Cabral, les Portugais s'établissent au Brésil, en Amérique du Sud.
2. La conquête espagnole
• La chute de l'empire aztèque :
Les Espagnols s'installent d'abord aux Antilles, dans l'île de Saint-Domingue, puis à Cuba et à Haïti. En 1519, le conquistador Hernán Cortés débarque au Mexique, qu'il conquiert en trois ans. Jouant des rivalités entre les Indiens, il bat les Aztèques. Cependant, la brutalité de ses troupes provoque le soulèvement des autochtones lors de la Noche triste (30 juin-1er juillet 1520). L'empire aztèque est défait peu de temps après.
• La fin des Incas :
En 1531, un autre conquistador, Francisco Pizarro, quitte Panamá pour conquérir le Pérou, au sud. Deux ans plus tard, il prend la capitale des Incas, Cuzco. Il fonde la ville de Lima (l'actuelle capitale du Pérou). L'empire inca est détruit.
Dans les années suivant la conquête du Pérou, les Andes et l'Amérique du Sud sont sillonnés en tous sens. En 1535, Almagro explore le Chili. Les villes de Quito et de Santa Fe (l'actuelle Bogota) sont fondées un peu plus tard.
III. L'organisation de l'empire espagnol
1. L'administration
• Sur le plan territorial, l'Amérique espagnole est peu à peu divisée en deux vice-royautés (Nouvelle-Espagne et Pérou), elles-mêmes subdivisées en audiencas ou audiences, sortes de tribunaux dotés de pouvoirs politiques très étendus.
• Cet ensemble est régi par le Conseil des Indes, organisme fondé en 1524, qui décide des lois devant organiser la vie de l'empire. Les vice-rois et les capitaines généraux qui dirigent les audiences sont tous des Espagnols choisis par le pouvoir central, à Madrid.
2. L'exploitation commerciale
• Les relations commerciales entre la colonie et la métropole s'inscrivent dans le cadre d'un strict mercantilisme : les richesses de l'Amérique appartiennent à l'Espagne. Le nouveau continent n'a pas le droit de commercer avec un autre pays.
• Les Espagnols recherchent immédiatement des métaux précieux. Ils pillent les trésors des Indiens avant de les envoyer travailler dans les mines d'or (de l'actuelle Colombie) et d'argent (du Mexique et du Pérou) dont ils organisent l'exploitation. L'Amérique produit également des bois précieux, des peaux, du sucre et des plantes inconnues en Europe (cacao, maïs, tabac, ananas, etc.). En échange, elle reçoit de l'Espagne des tissus, des étoffes, du vin, de l'huile, des armes et des munitions.
• Pour des raisons de sécurité, le trafic se fait en deux convois navals annuels au départ de l'Espagne, l'un pour la Nouvelle-Espagne, l'autre pour le Pérou. Au retour, les deux flottes se réunissent à La Havane avant de rentrer au pays, afin de mieux se protéger des éventuels pirates. Chaque voyage aller-retour dure un an.
IV. L'empire portugais : une série de comptoirs commerciaux
Alors que l'empire espagnol est continental, fondé sur la possession et l'exploitation des terres, l'empire portugais reste essentiellement maritime et littoral, grâce à l'établissement de comptoirs commerciaux. Les Portugais se contentent généralement de passer des accords avec les princes indigènes (et d'envoyer des missionnaires dans les régions alentours).
1. Le cas particulier du Brésil
• Le Brésil est un pays immense, peu peuplé et difficile à pénétrer. Les Portugais y développeront, vers la fin du XVIe siècle, des plantations de canne à sucre. Mais l'essor du Brésil en tant que colonie de peuplement ne s'affirmera pas avant le XVIIe siècle.
2. Le commerce avec les pays d'Asie
• Maîtres de l'océan Indien, donc de la route des Indes, les Portugais deviennent des intermédiaires obligés dans le commerce entre l'Europe et l'Asie. Vers 1550, ils possèdent une cinquantaine de comptoirs côtiers.
• Ils achètent soieries, pierres précieuses et surtout des épices, comme le gingembre de Malabar, la cannelle de Ceylan, le clou de girofle des Moluques, les noix muscades des îles de Banda, le poivre de Malabar et de Sumatra. En échange, ils apportent d'Europe des produits manufacturés, des métaux précieux, des armes.
3. La faiblesse du Portugal
• Jusque vers 1560, le Portugal tire de ce commerce d'importants profits qui lui permettent d'investir dans de nombreuses activités : chantiers navals, industrie textile, agriculture, artisanat.
• Cependant, la principale faiblesse du pays tient à sa petitesse et à l'insuffisance de sa population. La main-d'œuvre manque pour assurer le développement de l'empire. Par ailleurs, la concurrence de l'Espagne, puis au XVIIe siècle, des autres empires naissants (France, Angleterre, Pays-Bas) se fait de plus en plus sentir.
V. Les conséquences de la conquête sur les populations indigènes
• L'installation des Espagnols en Amérique se traduit par une catastrophe démographique. On estime que la population indienne d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud a été divisée par deux entre le début du XVe siècle et la fin du XVIe siècle (passant de 30 millions à 15 millions environ).
• On a longtemps pensé que cela avait été dû aux mauvais traitements réservés par les Espagnols aux Indiens. La conquête militaire puis les conditions de travail imposées aux indigènes dans les mines ont en effet provoqué une mortalité importante. Il semblerait cependant que cette catastrophe soit due pour l'essentiel à des facteurs microbiens, les Espagnols ayant apporté avec eux des maladies inconnues des Indiens : la grippe, le typhus, la fièvre jaune, qui ont décimé les populations.
• Une des conséquences directes en a été le manque de main-d'œuvre. Pour y remédier, les Européens sont allés en Afrique chercher des Noirs qu'ils ont installés de force dans leurs colonies : c'est la traite des esclaves. D'où l'apparition, au Brésil et dans les îles, d'une population de mulâtres (population métissée née de l'union de Noirs et de Blancs), les Indiens devenant minoritaires.
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