Les énergies dans le monde
Fiche
Le monde est devenu un champ de bataille où les grandes puissances se disputent l'accès aux différentes énergies. Mais en même temps, les risques liés à l'utilisation de l'énergie affectent l'environnement de façon croissante.
I. Grandes manœuvres dans les hydrocarbures
• L'« or noir », c'est-à-dire le pétrole, a toujours suscité la convoitise. Mais, en ce début du xxie siècle, les rivalités pour le contrôle de cette ressource stratégique sont plus aiguës que jamais : les gisements les plus faciles d'accès sont en voie d'épuisement et les réserves se situent majoritairement dans les régions du monde les plus instables politiquement : Moyen-Orient et Afrique en particulier.
• Les concurrences sont donc féroces entre les États, que ce soit par la voie diplomatique ou par la voie militaire. Les interventions américaines en Irak ne sont ainsi pas dénuées de menées stratégiques dans ce domaine. Dans l'Arctique, encore peu exploré mais soupçonné de renfermer 25 % des réserves d'hydrocarbures de la planète, les rivalités s'aiguisent depuis quelques années. Norvège et Russie se disputent ainsi la souveraineté de secteurs maritimes en mer de Barents. De même, la Russie tente de faire reconnaître des droits sur le plateau continental au large de ses côtes nord, allant même, en 2007, jusqu'à planter un drapeau russe en titane à la verticale du Pôle Nord, par 4 261 mètres de fond !
• Dans les États producteurs, la manne pétrolière ne permet que rarement un réel développement. Certains parlent même de « malédiction du pétrole ». Au Nigéria, par exemple, les gisements côtiers et offshore du delta du Niger alimentent l'appétit des majors pétrolières, mais les bénéfices de l'exploitation sont pour une large part confisqués par le pouvoir en place, au détriment de ses propres citoyens. Ces inégalités dans la redistribution des revenus du pétrole et la corruption du pouvoir alimentent ainsi les rebelles du Mouvement pour l'indépendance du delta du Niger, qui revendique, à coup d'attentats à la bombe et de prises d'otages, un partage équitable des richesses pétrolières…
II. L'échiquier énergétique mondial
• Les deux premières puissances économiques mondiales, les États-Unis et la Chine, très dépendantes de l'or noir, se livrent une lutte sans merci pour accéder aux gisements les plus prometteurs. Le Golfe Persique reste une chasse gardée américaine (Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Qatar, Koweït). Mais les découvertes récentes en Afrique, qui fournit déjà 10 % du pétrole mondial (Nigéria, Angola, Soudan, Gabon, etc.), génèrent des rivalités considérables : compagnies américaines (Exxon, Chevron) et chinoises (CNPC, PetroChina, Sinopec) se disputent les faveurs des États propriétaires. Les Chinois, à coup de promesses d'aménagements gratuits (réseaux de transport, constructions d'équipements), marquent des points face aux Occidentaux. La Chine s'appuie par ailleurs sur un certain nombre de pays ennemis des États-Unis, qui se trouvent être des États pétroliers : Iran et Venezuela notamment.
• De nouvelles régions et de nouveaux États émergent ainsi dans la compétition mondiale, profitant de ressources récemment découvertes. C'est le cas des pays de la Caspienne, dont le caractère stratégique, jusque-là relativement modeste, s'est affirmé avec les gisements d'hydrocarbures qui s'y trouvent. Le Kazakhstan, avec le gisement géant de Tenguiz, est ainsi très courtisé, tant par la Russie que par la Chine, chacun construisant ses propres oléoducs, qui vers l'ouest, qui vers l'est, pour aspirer le pétrole kazakh à son seul profit.
• Ces recompositions internationales liées à l'énergie sont également sensibles en d'autres lieux. Les relations entre l'Union européenne et la Russie sont ainsi fortement marquées par la puissance pétrolière et surtout gazière russe, qui détient 20 % des réserves mondiales de gaz naturel.
III. Des risques à gérer
• L'utilisation massive des énergies à travers le monde a cependant un coût en matière environnementale. L'exploitation pétrolière est une activité à hauts risques : des marées noires surviennent lors du naufrage de tankers (Exxon Valdez, Amoco Cadiz, Erika par exemple) ou plus récemment, en 2010, lors de l'explosion de la plate-forme BP Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, qui a déversé en mer entre 300 et 600 millions de litres de pétrole.
• Dans le domaine nucléaire, l'exploitation des centrales peut également donner lieu à des accidents. En 1986, l'un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl (aujourd'hui en Ukraine) a explosé, répandant un nuage radioactif qui a touché et contaminé une grande partie de l'Europe. Le bilan humain, presque impossible à estimer, varie de quelques centaines de morts à 60 000 ! Ce fut l'accident le plus grave de l'histoire du nucléaire : il continue de générer des peurs dans les opinions publiques, bien que l'accident soit survenu sur des réacteurs soviétiques RBMK notoirement peu sûrs.
• Dernier exemple de risque, mais à l'échelle planétaire, la combustion des énergies fossiles (gaz, pétrole et surtout charbon) rejette dans l'atmosphère des gaz à effet de serre dont le rôle dans le réchauffement climatique est aujourd'hui largement établi. La Chine est devenue le premier émetteur de CO2 dans le monde depuis 2006, devançant les États-Unis. Les sommets internationaux prévus pour traiter cette question, notamment le sommet de Copenhague en 2009, n'ont abouti à rien de décisif à ce jour.
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