Devant l'importance de cette ressource naturelle qu'est l'eau, et les concurrences qu'elle suscite, la question se pose d'une utilisation durable de la ressource. Quels sont les problèmes spécifiques posés par l'eau dans une perspective de développement durable ?
I. Guerres de l'eau ou coopération ?
• Un fleuve ne s'arrête pas aux frontières ! Certains des plus grands fleuves du monde sont donc partagés entre plusieurs États : c'est le cas de l'Amazone, de l'Indus, du Tigre ou du Nil. Il existe plus de 250 bassins fluviaux transfrontaliers sur Terre. Parfois, les États qui se partagent l'eau du fleuve n'entretiennent pas de bonnes relations, auquel cas le calcul du partage des eaux vient attiser les conflits préexistants. C'est notamment le cas du Tigre et de l'Euphrate. Dans d'autres cas, le partage des eaux a été réalisé à une époque où certains États, en position de force, se sont réservés par traité la plus grande part des eaux : c'est le cas du Nil, dont l'Égypte et le Soudan s'accaparent de droit 87 % !
• Pourtant, les « guerres de l'eau » ne sont pour le moment qu'un fantasme. La très grande majorité des partages de l'eau s'effectue dans un climat de négociation raisonnable. Les choses ne deviennent tendues que lorsqu'une tension politique préexiste. En revanche, il n'est pas moins vrai que les concurrences vis-à-vis de la ressource ont tendance à s'aviver, entre pays, entre régions d'un même pays, ou même entre utilisateurs. Ainsi, les pays méditerranéens sont-ils confrontés à une vive concurrence entre les utilisateurs agricoles – presque toujours perdants – et les touristes internationaux, fortement consommateurs et dont le pouvoir d'achat élimine toute autre activité.
II. Vers la « révolution bleue »
• Dans un monde en croissance démographique, même si celle-ci ralentit, il ne devient plus guère possible de gérer la ressource hydrique avec autant de négligence que par le passé. L'irrigation gravitaire simple, à l'air libre, perd ainsi 60 % de l'eau consommée, qui s'évapore ou se perd dans la terre sans même atteindre les cultures. On estime que la capitale saoudienne, Riyad, perd 50 % de l'eau dans des canalisations mal entretenues. Ce chiffre atteint 30 % au Royaume-Uni. Des marges de manœuvre importantes existent donc.
• Loin de tout catastrophisme, il est possible de passer à une autre utilisation de la ressource. Ce que certains appellent la « révolution bleue ». L'utilisation, pour l'agriculture, des nouvelles techniques d'irrigation, tel le goutte-à-goutte, éventuellement géré par ordinateur, permet de distribuer aux plantes juste la quantité nécessaire, au bon moment. En milieu urbain, une révision des systèmes de canalisation et leur utilisation, là encore pilotée par ordinateur, permettrait de réduire les pertes. Le recyclage des eaux usées est une autre possibilité, qui permet – certes à un coût supérieur – de ne pas épuiser la ressource.
III. Eaux sales, eaux propres
• La qualité de l'eau, enfin, est un problème majeur, qui touche également les pays du Nord et ceux du Sud, quoique de manière différenciée. Au Nord, la pollution de l'eau vient d'une utilisation trop intensive des techniques agricoles modernes : engrais, pesticides, insecticides, fongicides, employés sans mesure, ne peuvent être absorbés normalement par l'écosystème et se retrouvent en quantité parfois dangereuse dans les nappes phréatiques et les cours d'eau. Une agriculture raisonnée permet de pallier ces pollutions. Les rejets industriels sont aujourd'hui obligatoirement traités, mais cela n'a pas toujours été le cas.
• Dans les pays du Sud, ces rejets sont souvent effectués directement dans les cours d'eau, dont les populations viennent ensuite utiliser l'eau, parfois à usage alimentaire. Le Gange est ainsi l'un des fleuves les plus pollués au monde : 1,7 milliard de litre d'eaux usées y sont déversés chaque jour ! 60 000 personnes se baignent par jour dans le fleuve, rien qu'à Varanasi, à un endroit où la concentration en bactéries d'origine fécale est 3 000 fois supérieure à la norme ! Les problèmes sanitaires touchent donc massivement les populations les plus pauvres du Sud.
Exercice n°1
Quel pourcentage de l'eau du Nil est réservé par traité à l'Égypte et au Soudan ?
Cochez la bonne réponse.
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Conclu à une époque où la population de l'Égypte et du Soudan dépassait de loin celle de tous les autres pays riverains du Nil, le traité actuel est en cours de révision… mais Égypte et Soudan campent sur leurs positions héritées.
Exercice n°2
Quelle est la proportion de l'eau perdue dans le cas d'un système d'irrigation gravitaire à l'air libre ?
Cochez la bonne réponse.
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Les systèmes rudimentaires à l'air libre sont les plus dispendieux en eau. Souvent utilisés dans des pays à forte insolation, ces systèmes laissent l'eau s'y évaporer rapidement. Les canalisations n'étant pas cimentées, l'eau s'infiltre également dans le sol.
Exercice n°3
Donne des exemples de techniques mises en œuvre par la « révolution bleue ».
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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Les marges de manœuvre qui permettraient une utilisation nettement plus efficace de la ressource sont réelles. La prise de conscience de la rareté relative de l'eau, et donc de sa valeur, permet d'envisager, certes à des coûts supérieurs, une utilisation durable de la ressource.
Exercice n°4
Pourquoi le rejet direct des eaux usées dans un cours d'eau est-il dangereux ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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Le danger est réel, au contraire ! Des millions de personnes dans le monde meurent chaque année de maladies liées à de l'eau contaminée.