Les ressources alimentaires de la planète sont-elles suffisantes pour nourrir 7 milliards d'hommes aujourd'hui ? Comment expliquer que la planète y soit parvenue ? Comment expliquer la persistance de la faim dans le monde ?
I. Les mutations de la demande alimentaire
• Se nourrir constitue le besoin de base de l'Humanité. Depuis la révolution néolithique du viiie millénaire av. J.-C., ce besoin est satisfait par l'agriculture. La demande alimentaire est donc un problème majeur posé à l'économie mondiale, et plus spécialement à ses systèmes agricoles. Or, la croissance démographique dans le monde a fortement accéléré depuis deux siècles, et plus particulièrement depuis 1945. La planète est passé d'un milliard d'habitants en 1800 à 2 vers 1930, 4 en 1975, 6 en 2000, 7 vers 2012. 9 milliards sont attendus pour 2050. Pour faire face, la production agricole actuelle devra, à cet horizon, avoir augmenté de 70 % !
• Or, la demande alimentaire de la population mondiale n'évolue pas seulement en quantité. Elle évolue également en qualité. Le développement économique et l'urbanisation qui l'accompagne entraînent une amélioration et une diversification des régimes alimentaires. Le paysan pauvre a une alimentation peu variée et peu énergétique ; le citadin aisé mange de tout et en grandes quantités. Céréales peu transformées d'un côté, viande et produits laitiers de l'autre : le défi alimentaire est également qualitatif.
• Il faut donc produire plus et produire autre chose. Dans un premier temps, un plus grand apport en calories, d'origine végétale, souvent des céréales, fait reculer la sous-nutrition, c'est-à-dire le déficit quantitatif de nourriture. Dans un deuxième temps, l'augmentation de la part des protéines animales dans la ration alimentaire permet de réduire la malnutrition, c'est-à-dire le déficit qualitatif de nourriture. Or, pour produire 1 kg de viande de bœuf, il faut 7 kgs d'alimentation végétale… Les systèmes agricoles pourront-ils tenir ?
II. La réponse des systèmes agricoles
• Au niveau mondial, la réponse est pour le moment sans équivoque : alors qu'une ration de 2500 kilocalories par jour est jugée nécessaire et suffisante en moyenne, les agricultures mondiales en produisaient 2300 par habitant en 1960, mais 2800 par habitant aujourd'hui. Dans les trente dernières années, la production agricole a augmenté de 2 % par an, contre 1,6 % par an pour la croissance démographique. Au plan global, la mission est donc remplie : la planète Terre parvient à nourrir l'Humanité.
• L'augmentation de la production agricole n'est pas fondamentalement due à l'augmentation des surfaces cultivées. Dans les trente dernières années, alors que la population mondiale augmentait de 45 %, les surfaces cultivées ne progressaient que de 4,5 % ! Il faut dire que les gains de nouvelles terres sont largement compensés par les pertes de terres agricoles existantes (érosion, salinisation ou extension des zones urbaines). La croissance de la production agricole est donc due pour l'essentiel à la croissance des rendements (quantités produites par hectare). La mise en place d'une agriculture productiviste (2e révolution agricole) dans les pays du Nord après la 2e Guerre mondiale, puis la Révolution verte des années 1960 dans les pays du Sud ont entraîné l'intensification des cultures. La mécanisation, la chimisation (engrais, pesticides, insecticides), l'irrigation et la sélection des semences ont permis une croissance de la production agricole.
• Le commerce international – ou l'aide alimentaire – a alors permis une redistribution des produits alimentaires dans les régions du monde qui en avaient besoin. Depuis 1960, les échanges de produits agricoles, souvent gérés par les transnationales de l'agroalimentaire (ou les États eux-mêmes dans le cadre de l'aide alimentaire) ont été multipliés par 20 ! Ce commerce mondial a permis d'offrir aux habitants des pays riches des produits exotiques ou de compenser les manques dans les pays pauvres.
III. La persistance des problèmes alimentaires de tous ordres
• Pourtant, les problèmes alimentaires demeurent. En 2009, un milliard d'êtres humains souffrent de la faim (sous-nutrition) : 642 millions en Asie-Pacifique, 265 millions en Afrique subsaharienne, qui représentent à eux seuls presque 90 % de la sous-nutrition mondiale. Le problème n'est donc pas tant celui de la production que celui de la répartition des produits alimentaires.
• Les famines ont certes disparu, du moins les famines dues aux conditions météorologiques. En fait, crises alimentaires et famines persistent à travers le monde, pour des raisons économiques ou politiques. La hausse des prix agricoles de 2007 et 2008 a fait brutalement augmenter la sous-nutrition dans le monde et déclenché de nombreuses émeutes de la faim. Quant aux famines, qui touchent notamment l'Afrique subsaharienne, elles sont souvent mises en scène et entretenues par les pouvoirs en place, notamment afin d'attirer une aide humanitaire dont le détournement amène de juteux bénéfices.
• Enfin, les problèmes alimentaires concernent également les pays riches – et de plus en plus de pays émergents, telle la Chine. Un milliard de personnes dans le monde souffriraient de surpoids dû à un excès calorique. En France, 40 % de la population est en surpoids et 10 % souffrent d'obésité : on trouve des chiffres encore beaucoup plus graves dans les pays anglo-saxons (65 % et 30 % aux États-Unis !). La Chine elle-même, où l'enfant unique est devenu l'enfant-roi, compte 300 millions de personnes en surpoids.
Exercice n°1
Associe chaque terme à sa définition
Faites glisser les étiquettes dans les zones prévues à cet effet.
Révolution verte
Malnutrition
Sous-nutrition
Rendement
imcAnswer1?
Déficit alimentaire quantitatif
imcAnswer2?
Déficit alimentaire qualitatif
imcAnswer3?
Quantité produite par hectare
imcAnswer4?
Changement des méthodes de production ayant entraîné une croissance de la production agricole
Le xxie siècle n'a pas éradiqué la sous-nutrition ni la malnutrition. En revanche, le problème n'est plus aujourd'hui le fait de conditions naturelles (conditions météo, insuffisance des techniques). Le problème est celui de la répartition des produits alimentaires.
Exercice n°2
Complète ce texte sur l'augmentation de la production agricole.
Faites glisser les étiquettes dans les zones prévues à cet effet.
surfaces cultivées
agriculture productiviste
Sud
intensification
production agricole
Nord
Révolution verte
chimisation
rendements
L'augmentation de la production agricole n'est pas fondamentalement due à l'augmentation des
imcAnswer9?
. La croissance de la imcAnswer10?
est due pour l'essentiel à la croissance des imcAnswer11?
. La mise en place d'une imcAnswer12?
dans les pays du imcAnswer13?
après la 2e Guerre mondiale, puis la imcAnswer14?
des années 60 dans les pays du imcAnswer15?
ont entraîné l' imcAnswer16?
des cultures. La mécanisation, la imcAnswer17?
(engrais, pesticides, insecticides), l'irrigation et la sélection des semences ont permis une croissance de la production agricole.La première révolution agricole au xviiie siècle (disparition de la jachère) a permis un premier essor démographique. La deuxième révolution agricole (agriculture productiviste, révolution verte) a accompagné la croissance démographique mondiale. On attend à présent une troisième révolution agricole, sans doute liée aux OGM, qui emmènera l'Humanité jusqu'à 9 milliards d'habitants.
Exercice n°3
À quoi sont dues les émeutes de la faim ou les famines récentes dans le monde ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
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La technologie permet aujourd'hui de nourrir la planète. Les conditions économiques, et plus encore politiques, sont à présent seules responsables de la famine.
Exercice n°4
La Chine est le pays qui compte le plus de personnes en surpoids : vrai ou faux ?
Cochez la bonne réponse.
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En raison du nombre de sa population (1,338 milliard), la Chine est bien le pays qui compte le plus de personnes en surpoids : environ 300 millions. Le problème est surtout sensible chez les jeunes, résultats de la politique de l'enfant unique, qui furent choyés par leurs parents, manifestement à l'excès. En termes relatifs, cependant, c'est le pays le plus riche du monde – les États-Unis – qui compte la plus forte proportion de personnes en surpoids : près des 2/3 !