La montée en puissance des pays émergents


Fiche

Longtemps classés dans un tiers-monde dont la dénomination renvoyait à un blocage du développement qui semblait insoluble, de nombreux pays montent en puissance. Le nom qui leur est donné est tout un symbole : ce sont les pays émergents.
I. Les pays émergents
• Un pays émergent est un pays en développement. En règle générale, il s'agit d'un pays du Sud. C'est également un pays qui connaît une croissance économique rapide le plaçant sur une trajectoire de convergence avec les pays développés du Nord. Cette croissance économique s'accompagne d'une réduction de la pauvreté et de la naissance d'une classe moyenne de plus en plus importante et qui accède à la consommation. Le développement devient progressivement autoentretenu et les marchés intérieurs se développent.
• Depuis une trentaine d'années, il existe d'assez nombreux pays émergents : le Mexique, le Chili, l'Argentine en Amérique latine ; l'Afrique du Sud et la Turquie, la Thaïlande, la Malaisie, les Philippines en Asie sont les plus avancés. D'autres sont au début de leur émergence (les marchés financiers les ont baptisés « next-20 » ou « next-15 », selon le nombre retenu) : Pérou, Colombie en Amérique latine ; Maroc, Tunisie, Nigeria, Égypte, Kenya en Afrique et Pakistan, Vietnam, Indonésie en Asie.
• Parmi les pays émergents les plus avancés figurent quatre pays particuliers, par la taille de leur territoire et de leur population : les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine).
Le terme BRIC a été inventé en 2001 par la banque d'affaires américaine Goldman Sachs pour désigner les quatre pays qui devraient, selon leurs anticipations, peser à eux seuls 50 % de l'économie mondiale en 2050. Fin 2010, l'Afrique du Sud a rejoint le groupe des BRIC, devenu BRICS(avec un s pour « South Africa »). Si l'on met à part la Russie, qui est davantage une puissance ré-émergente qu'émergente, Brésil, Inde et Chine sont trois pays émergents à forte population sur un territoire immense : ce sont des États-continents.
II. Le développement des pays émergents
Le développement des pays émergents date d'une trentaine d'années, empruntant, pour nombre d'entre eux, la voie tracée par les quatre Dragons (Corée du Sud, Hong Kong, Taïwan, Singapour) qui ont réussi à sortir du sous-développement dans les années 1960 et ont à présent rejoint le groupe des pays développés (l'IDH de la Corée du Sud est passé de 0,634 en 1980 à 0,897 en 2011, dépassant la France à 0,884).
Le développement des pays émergents se réalise par leur insertion dans la mondialisation. Faisant jouer à plein leurs avantages comparatifs — souvent le faible coût de leur main d'œuvre ou leur richesse en matières premières — ces pays développent leurs productions et leurs exportations, notamment grâce aux investissements des firmes transnationales.
Le développement économique profite progressivement à une part de plus en plus importante de la population, qui sort de la pauvreté et accède aux classes moyennes. Les marchés intérieurs se développent à leur tour et ces classes moyennes augmentent leur consommation.
• Toutefois, les pays émergents restent marqués par une pauvreté encore importante, qui requiert du temps pour être vraiment réduite. Des parties entières de leur territoire restent à l'écart des processus de mondialisation. Les inégalités sociales, comme spatiales, sont donc encore très fortes.
III. L'affirmation des pays émergents sur la scène internationale
Les pays émergents s'affirment progressivement sur la scène internationale. D'abord sur le plan économique : en 2012, les pays développés ne représentent plus que la moitié de la richesse mondiale, alors qu'ils en créaient 60 % en l'an 2000 ; les pays en développement créeront 57 % de la richesse mondiale en 2030. C'est un grand basculement qui s'opère dans l'équilibre du monde et représente, pour l'humanité, l'espoir de sortir progressivement de la pauvreté.
• Les pays émergents, grâce à leurs exportations — et aux déficits commerciaux des pays développés — bénéficient d'excédents commerciaux importants : plus de 3 000 milliards de dollars de réserves de change pour la seule Chine. Ils utilisent ces excédents pour investir dans les pays développés, racheter des entreprises en difficulté, acheter des technologies qu'il leur faudrait des décennies pour acquérir par eux-mêmes, ce qui accélère leur développement. Par exemple, en 2010, le constructeur automobile suédois Volvo, reconnu mondialement pour la sécurité de ses modèles mais dont le propriétaire américain, Ford, se trouvait en difficulté financière, a été racheté par le constructeur chinois Geely : 50 ans de recherches technologiques en sécurité automobile rachetées pour 1,8 milliard de dollars !
L'émergence a aussi une dimension politique. Les grands pays, tels la Chine, l'Inde, le Brésil ou l'Afrique du Sud, veulent peser davantage dans les relations internationales. Inde, Brésil et Afrique du Sud revendiquent ainsi le statut de membre permanent (avec droit de veto) au conseil de sécurité de l'ONU (un statut que la Chine possède déjà). Les grands pays émergents se regroupent dans des instances de discussion informelle, qui leur permet d'accorder leurs positions face aux grandes puissances occidentales : IBAS (Inde, Brésil, Afrique du Sud, les démocraties émergentes) ou BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).
Le monde est clairement devenu polycentrique.
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