Le roman est un long récit en prose, qui met en scène des personnages de fiction, engagés dans des aventures imaginaires, parfois présentées comme réelles. C'est aujourd'hui le genre littéraire le plus populaire, si vaste qu'il se subdivise en d'innombrables sous-genres.
Quelle est l'histoire du genre ? À quels sous-genres le roman a-t-il donné naissance ?
I. L'histoire du roman
1. L'enfance du roman
• Au Moyen Âge, on appelle romans les œuvres écrites en langue romane, c'est-à-dire en langue courante. Le roman est en effet la langue, née du latin populaire, que parlaient les soldats et les marchands, dans la Gaule occupée par les Romains. Les œuvres littéraires et les textes officiels étaient alors rédigés en latin, la langue des savants et des lettrés.
• Les romans courtois, comme ceux de Chrétien de Troyes, contaient les prouesses des chevaliers de la Table ronde, entièrement dévoués à la dame à qui ils avaient juré fidélité. Ils étaient écrits en octosyllabes.
• Le mot roman prend son sens actuel à partir du xvie siècle. Deux tendances se manifestent, au xviie siècle : le roman précieux, avec Honoré d'Urfé (l'Astrée), qui raconte les interminables aventures amoureuses du berger Céladon et de la bergère Astrée, et le roman réaliste, avec Paul Scarron (le Roman comique), qui met en scène des personnages de comédiens dans des lieux familiers, à travers des aventures burlesques.
•  La Princesse de Clèves, de Madame de La Fayette, analyse avec minutie les sentiments des personnages : récit tragique d'un amour impossible, c'est aussi le premier roman psychologique.
2. L'âge d'or du roman
• Au xixe siècle, le roman prend son essor. Il connaît un très grand succès, avec en particulier Victor Hugo, Honoré de Balzac, Stendhal, Gustave Flaubert, les Goncourt et Émile Zola. Il se veut ancré dans la réalité, situé à une époque précise et mettant en scène des personnages auxquels le lecteur peut s'identifier.
3. Le « nouveau roman »
• Au milieu du xxe siècle, les auteurs du « nouveau roman » remettent en cause le roman traditionnel. Ils refusent l'illusion réaliste, la chronologie et la psychologie. Ils expérimentent de nouveaux procédés d'écriture. Ces romanciers (Michel Butor, Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Claude Simon, etc.) ont un cercle de lecteurs plus restreint.
II. Le roman réaliste
Le roman réaliste veut donner l'illusion de la vie. Certains romanciers entendent apporter un témoignage sur la société d'une époque ; les personnages évoluent dans un contexte historique précis.
• Ainsi Balzac entreprend de dresser un tableau complet de la société française au xixe siècle. Il intitule l'ensemble de ses romans la Comédie humaine car il veut cerner les différents types humains à travers ses personnages ; le Père Goriot, par exemple, incarne les souffrances d'un père abandonné par ses filles.
Victor Hugo, dans les Misérables, fait vivre à ses personnages les émeutes parisiennes de 1848, dénonce les conditions de vie des pauvres et les injustices dont ils sont victimes.
Émile Zola veut, dans ses romans, montrer une « tranche de vie ». Ses livres réunis dans le cycle des Rougon Macquart sont nourris d'enquêtes sociologiques et d'observations minutieuses.
• Beaucoup de romans réalistes racontent le parcours d'un personnage jeune qui fait ses premières expériences et découvre la vie. On parle alors de romans d'apprentissage. L'Éducation sentimentale en est un très bon exemple.
III. Le roman historique
• Le roman historique est né au début du xixe siècle avec Ivanoé et Quentin Durward, de l'écossais Walter Scott (1771-1832).
• L'auteur de romans historiques veut faire revivre une époque dans le respect de la vérité historique. Pour cela, il s'appuie sur des documents historiques ou des recherches archéologiques précises :
— les lieux et les événements évoqués sont réels ;
— les personnages de fiction se comportent comme auraient pu se comporter ceux qui ont réellement vécu les événements ;
— les personnages historiques sont restitués le plus fidèlement possible.
C'est ainsi que Victor Hugo, dans Quatre-vingt-treize, fait revivre la guerre de Vendée et imagine une entrevue entre trois chefs révolutionnaires, Danton, Marat et Robespierre. De même, Blaise Cendrars, dans l'Or, reconstitue l'histoire de Sutter, le chercheur d'or, à partir du contexte historique et des éléments connus de sa biographie.
La vérité et la fiction se mêlent de telle sorte que le lecteur ait le sentiment que ce qui se passe dans le roman est vraisemblable.
IV. Le roman d'aventures
• Dans le roman d'aventures, l'auteur jette son héros dans des situations de plus en plus dramatiques, provoquées par son audace ou par le hasard. Ces aventures sont romanesques, c'est-à-dire que même si elles se donnent pour vécues, le lecteur sait bien qu'il est dans l'univers du roman.
En général, le héros voyage, se rend dans des lieux lointains, affronte divers dangers (tempêtes, forêts menaçantes, bêtes sauvages, etc.). Le dénouement en est le plus souvent heureux. C'est le cas dans l'Île au trésor de Stevenson, dans les romans de Jack London ou de Jules Verne.
• Le roman de cape et d'épée est une variante du roman d'aventures. Il a une couleur historique peu soucieuse d'exactitude et met en scène des personnages courageux, batailleurs, chevaleresques : ainsi en est-il des romans d'Alexandre Dumas, les Trois mousquetaires ou le Comte de Monte Cristo.
V. Le roman policier
• Le roman policier repose sur un schéma simple : une énigme (souvent un crime) va être élucidée au terme d'une enquête menée par la police ou par un détective privé. Les personnages se répartissent toujours les mêmes fonctions : le coupable, la victime, l'enquêteur, le ou les suspects.
• Au xxe siècle, notamment aux États Unis, le roman policier devient plus sombre et plus réaliste : il peint la réalité des grandes villes et du monde contemporain, la misère du macadam. Les détectives sont devenus des personnages plus modestes, confrontés à la violence ordinaire et qui ont du mal à gagner leur vie. Le roman noir est illustré en France par Didier Daeninck, par exemple.
VI. Le roman de science-fiction
• Le roman de science-fiction est le récit d'événements qui ont lieu dans le futur : on dit de ce roman qu'il raconte d'une façon réaliste une histoire irréaliste…
Au xviie siècle, Cyrano de Bergerac imaginait déjà, dans l'Autre monde ou les États et Empires de la Lune et du Soleil (1657), le voyage d'un homme dans la Lune, grâce à une machine imaginée à partir des connaissances scientifiques de son époque.
De la même façon, deux siècles plus tard, Jules Verne invente son sous-marin, le Nautilus, et le ballon qui relie la Terre à la Lune.
• Le rêve d'exploration de l'espace est constant chez les hommes : c'est l'un des thèmes les plus exploités dans les romans de science-fiction. Ces derniers anticipent généralement sur les progrès de la science. Ainsi les Chroniques Martiennes de Ray Bradbury imaginent la migration des hommes sur la planète Mars.
La projection dans un futur imaginaire permet à l'auteur d'aborder tous les problèmes scientifiques, politiques et sociaux de notre temps. Ravage (1943), de Barjavel, imagine une société entièrement mécanisée et montre quels sont les risques encourus : elle devient inhumaine et se détruit elle-même.
Exercice n°1
Réponds aux questions.
1. Quels auteurs ont participé à l'âge d'or du roman, au XIXe siècle ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
Stendhal
Honoré de Balzac
Honoré d'Urfé
Claude Simon
Émile Zola
Gustave Flaubert
2. À quel genre romanesque Le Comte de Monte Cristo d'Alexandre Dumas appartient-il ?
Cochez la bonne réponse.
le roman historique
le roman policier
le roman de cape et d'épée
Exercice n°2
Parmi ces débuts d'œuvres littéraires, lequel est celui d'un roman policier ?
Cochez la bonne réponse.
L'Assommoir
« Gervaise avait attendu Lantier jusqu'à deux heures du matin. Puis, toute frissonnante d'être restée en camisole à l'air vif de la fenêtre, elle s'était assoupie, jetée en travers du lit, fiévreuse, les joues trempées de larmes. »
É. Zola
Trois Aventures de Sherlock Holmes
« Un jour de l'automne dernier, je m'étais rendu chez mon ami Sherlock Holmes. Je l'avais trouvé en conversation sérieuse avec un gentleman d'un certain âge, de forte corpulence, rubicond, et pourvu d'une chevelure d'un rouge flamboyant. Je m'excusai de mon intrusion et j'allais me retirer lorsque Holmes me tira avec vivacité dans la pièce et referma la porte derrière moi. »
A. Conan Doyle
La Vénus d'Ille
« Je descendais le dernier coteau du Canigou, et, bien que le soleil fût déjà couché, je distinguais dans la plaine les maisons de la petite ville d'Ille, vers laquelle je me dirigeais. Vous savez, dis-je au Catalan qui me servait de guide depuis la veille, vous savez sans doute où demeure M. de Peyrehorade ? »
P. Mérimée
Repère bien les noms des personnages : lequel est celui d'un célèbre détective ?
L'Assommoir est un célèbre roman d'Émile Zola ; quant à l'œuvre de P. Mérimée, c'est une nouvelle fantastique.