La naissance des mouvements nationaux


Fiche

La Révolution française fait souffler en Europe un véritable vent de liberté. Les guerres révolutionnaires et napoléoniennes amènent pourtant les soldats français à occuper la majeure partie de l'Europe. Face à cette domination, les populations soumises développent des mouvements nationalistes. Comment se caractérisent-ils ?
I. Du patriotisme au nationalisme
• Le patriotisme, l'attachement au pays de ses parents, est l'un des plus vieux sentiments collectifs. Cette patrie ne possède pas toujours de limites précises et ne correspond pas forcément à une entité politique.
• Le nationalisme est plus précis : plus qu'un sentiment, c'est un concept intellectuel. Une nation définit une communauté humaine, qui se reconnaît grâce à certains caractères communs. La langue est le premier de ces caractères constitutifs. Lorsque cette nation a la chance de n'être pas morcelée et qu'elle dispose de ses propres institutions, il s'agit alors d'un « État-nation ».
• Le nationalisme romantique, d'origine allemande, s'oppose à l'adoption universelle des réformes révolutionnaires françaises : il est plus attaché aux particularités de chaque pays. Le « nationalisme classique » correspond davantage aux sociétés anglo-saxonnes et françaises ; universaliste, il souhaite aboutir à une fédération des nations.
II. L'éveil des mouvements nationaux
• À la fin du xviiie siècle, le nationalisme se développe en Europe occidentale. Les exactions des troupes révolutionnaires françaises et les lourdes contributions imposées aux régions occupées provoquent un fort mécontentement au sein des populations. Ces dernières, face à la pression française, prennent conscience d'appartenir à une même nation ; elles adoptent et revendiquent l'idée française du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes :
  • dans toute l'Italie, pourtant morcelée en douze États en 1789, des insurrections antifrançaises éclatent, malgré la paix imposée par Bonaparte en 1797 ;
  • alors qu'avant la Révolution, l'Allemagne compte plus de trois cents États, une insurrection paysanne rassemble contre les Français toute la rive droite du Rhin, en 1796 ;
  • alors que le Directoire considère le rattachement de la Belgique à la France comme définitif, la levée de contingents militaires provoque une violente révolte, les arbres de la liberté sont abattus et remplacés par des croix. Une répression vigoureuse rétablit l'ordre mais le nationalisme belge reste vivace.
III. L'Empire et l'exacerbation du sentiment national
• Napoléon Bonaparte poursuit les guerres révolutionnaires. Lorsque l'Empire étend son emprise sur l'Europe, les mouvements nationaux nés avec la Révolution se renforcent ; ils contribuent à la défaite de « l'Ogre » en 1815.
• La Grande Armée se trouve à deux reprises confrontée à d'importantes résistances nationales :
  • à partir de 1808, la population espagnole entre en guerre contre l'occupant français. La guérilla, cette « petite guerre » qui consiste à harceler l'ennemi par des embuscades et des coups de main, tout en refusant les batailles rangées traditionnelles, affaiblit les troupes impériales ;
  • en 1812, le peuple russe pratique systématiquement la politique de la terre brûlée, privant ainsi l'occupant de toutes ressources.
• En Italie et en Allemagne, les mouvements nationaux envisagent la construction d'États unifiés : les idées nationalistes se développent dans les milieux intellectuels italiens alors que se développe la volonté d'unir tous les peuples de langue allemande dans un seul État. Il faudra cependant attendre la fin du xixe siècle pour qu'aboutissent ces mouvements nationaux.
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