Au xixe siècle, la place de la femme évolue dans la société européenne après de nombreuses luttes. Les mouvements féministes apparaissent, les Codes civil et du travail leur accordent des droits jusque-là refusés. Mais ces avancées sont aussi le fruit de combats de femmes qui furent des pionnières.
I. Madeleine Brès, première femme médecin en France
• Madeleine Brès (1842-1921) est issue d'une famille modeste du Gard. En 1869, elle est une des rares femmes à passer l'examen du baccalauréat et à être reçue. Les femmes n'ont accès à ce grade universitaire que depuis 1861. Elle doit mener une première bataille afin de pouvoir s'inscrire à la faculté de médecine de Paris. L'université refusant, c'est le conseil des ministres de l'époque, encouragé par l'impératrice Eugénie, femme de Napoléon III, qui l'autorise à soutenir une thèse de médecine en 1875.
• Elle commence alors sa carrière de médecin spécialisé dans le domaine de la pédiatrie. Mais de nombreux médecins critiquent l'arrivée de cette femme dans leur rang. Parmi les arguments qui lui sont opposés, on fait remarquer à Madeleine Brès que ce métier « ne sied pas au charme et à la grâce d'une femme ». Certains insistent sur l'intelligence ouverte et prompte, sur l'instruction solide, le sang-froid que demande l'exercice de la médecine, autant de qualités que ne posséderaient pas les femmes (Gustave-Antoine Richelot, La Femme médecin, 1875).
• Malgré sa réussite, Madeleine Brès reste spécialisée dans un domaine féminin se spécialisant dans la puéricultrice et l'hygiène des enfants. Elle écrit plusieurs livres de puériculture. Elle est à l'origine de la première crèche inaugurée en 1893 à Paris. D'autres femmes suivirent son exemple : Augusta Dejerine-Klumpke est la première interne des hôpitaux de Paris en 1886 ou encore Madeleine Pelletier, première psychiatre en 1903.
II. Flora Tristan, le combat politique
• Le combat politique engagé par cette Française doit beaucoup à sa naissance et à sa condition de femme. Non reconnue par son père comme fille légitime, Flora Tristan (1803-1844) est obligée d'épouser un homme qui fait preuve de violence envers elle. Ces deux faits l'obligent à s'engager dans la lutte pour l'émancipation des femmes. En 1838, elle est gravement blessée par son mari. Le divorce étant interdit, elle arrive à obtenir une séparation de corps et à faire condamner son mari à vingt ans de prison. Elle militera alors pour que les femmes obtiennent le droit de divorcer.
• En tant qu'écrivain, elle devient une des initiatrices et premières militantes du féminisme en France. Ouvrière dans les filatures, elle est proche des milieux socialistes. Elle réclame la nécessité pour les ouvriers de s'organiser et de s'unir pour défendre leurs droits.
III. Marie Curie, les femmes dans les sciences
• Marie Sklodowska (1867-1934) est une chercheuse d'origine polonaise. En 1895, elle épouse Pierre Curie et tous deux se consacrent à l'étude de la radioactivité. Ils isolent deux éléments chimiques : le polonium et le radium. C'est Marie Curie qui est la première à utiliser le terme de « radioactif » pour désigner ces éléments chimiques émettant des rayonnements. Elle reçoit, avec son mari et le chercheur Henri Becquerel, le prix Nobel de physique. Elle est la première femme à recevoir ce prix.
• DPierre Curie meurt en 1906 mais Marie Curie poursuit sa carrière. Elle devient la première professeure de physique générale à la Sorbonne et obtient un second prix Nobel de chimie qui lui est attribuée à elle seule. En 1914, elle est à l'origine de la naissance de l'Institut du radium. On la retrouve sur le front de la Première Guerre mondiale où elle utilise les rayons X, dans un premier service radiologique mobile.
• Marie Curie eut, à lutter après la mort de son époux, à différentes calomnies en raison de son origine étrangère et de son statut de femme. Une violente campagne de presse se déchaîne lorsqu'elle entretient une liaison, après la mort de son mari, avec un autre chercheur.