L'essor des villes et le triomphe de la bourgeoisie


Fiche

En Europe occidentale, le xixe siècle correspond au passage d'un monde rural à une société urbaine. Les villes se développent et reflètent bien souvent les nouvelles données sociales. Quels sont les principaux caractères de cette évolution ?
I. L'explosion urbaine
• Au début du xixe siècle, seule l'Angleterre connaît une forte urbanisation. Très rapidement, le phénomène s'étend à toute l'Europe. En 1800, seuls 12 % des Européens habitent dans les villes. En 1914, ils sont 42 %. Dans la même période, le nombre des villes de plus de 100 000 habitants passent de 23 à 135.
• De forts contrastes persistent cependant. À la veille de la Première Guerre mondiale, les villes regroupent près de 80 % des Britanniques, 50 % des Allemands, 40 % des Français et seulement 15 % des Russes.
• La très forte croissance de la population urbaine s'explique par plusieurs facteurs. Tout d'abord, une poussée démographique générale due à la baisse de la mortalité. La nourriture est plus abondante et de meilleure qualité. L'hygiène est en progrès. Il faut cependant noter que l'espérance de vie est plus faible en ville que dans les campagnes. C'est surtout l'exode rural qui gonfle les effectifs urbains.
• La forte croissance de la population urbaine oblige les grandes agglomérations européennes à s'adapter et à se moderniser. À Paris, les transformations sont confiées au baron G. Haussmann (1809- 1891), préfet de la Seine de 1853 à 1870. La capitale absorbe les communes voisines, une nouvelle enceinte fortifiée est construite. Un système d'éclairage au gaz, un réseau d'adduction d'eau potable et des égouts sont mis en place. Pour faciliter la circulation, de larges avenues rayonnantes sont percées. L'abord des gares est dégagé, les transports en commun sont réorganisés. Les halles sont installées au centre de la ville. De vastes places et des jardins sont aménagés. Des grands magasins sont construits au cœur de la ville tandis que les activités industrielles se développent dans les banlieues.
II. La montée en puissance de la bourgeoisie
• Tout au long du xixe siècle, l'aristocratie voit son rôle dans la société diminuer peu à peu. Apparaît une nouvelle classe dirigeante : la bourgeoisie. L'essor industriel permet en effet l'enrichissement rapide des grands entrepreneurs. Aux vieilles familles bourgeoises des siècles précédents, viennent s'ajouter de nouvelles dynasties industrielles. Parmi elles, les « maîtres de forges » comme Krupp ou Schneider et les banquiers comme Rothschild.
• À la fin du xixe siècle, l'ascension sociale est plus difficile. La haute bourgeoisie devient une caste fermée qui se caractérise par un mode de vie assez uniforme. La position sociale est clairement affichée : luxueuses habitations, voitures automobiles, nombreux domestiques. On adopte généralement une morale austère et les enfants reçoivent une éducation stricte.
• La grande bourgeoisie cumule progressivement toutes les formes de pouvoir. À la puissance économique, elle ajoute le pouvoir culturel en contrôlant la presse. Elle s'impose également dans la vie politique. Ses représentants sont nombreux dans les parlements et les gouvernements.
III. Les classes moyennes
• Milieu social hétérogène, les classes moyennes regroupent des professions et des situations très diverses. Au sommet de ce groupe urbain, se trouvent les petits patrons de l'industrie et du commerce et les professions libérales (notaires, avocats, médecins). Viennent ensuite les petits commerçants, les fonctionnaires, les employés, les artisans, souvent issus des couches populaires.
• Le développement économique modifie en profondeur cette catégorie sociale. La concentration industrielle réduit les effectifs du petit patronat et de l'artisanat. En revanche, le nombre des salariés augmente (les ingénieurs, les architectes, les journalistes, les enseignants et autres fonctionnaires).
• Si certains disposent de moyens à peine supérieurs à ceux de la classe populaire, ils jouissent souvent d'un prestige social important (c'est par exemple le cas des enseignants). Surtout, ils partagent des valeurs communes comme l'épargne et souhaitent voir leurs enfants gravir l'échelle sociale.
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