Le développement des idées socialistes
Fiche
La société industrielle du xixe siècle engendre de nouveaux rapports sociaux. Le monde ouvrier cherche à défendre ses intérêts en participant à la vie politique des pays industriels. Comment se développent les idées socialistes ?
I. Réformer la société
• Avec la formation d'une classe ouvrière toujours plus nombreuse, le xixe siècle voit se développer une misère nouvelle. Certains intellectuels, souvent issus de la bourgeoisie, s'indignent de la voir s'accroître alors que les affaires prospèrent. Ils pensent que la société est mal organisée et veulent la réformer. Les socialistes entendent assurer une amélioration générale du niveau de vie et instaurer une société plus juste.
• Dans la première moitié du xixe siècle, en Europe occidentale, les penseurs socialistes sont nombreux. Ils n'adoptent pas une doctrine uniforme : certains veulent établir l'égalité entre les hommes, d'autres souhaitent abolir la propriété privée (au profit du collectivisme) et la libre concurrence. Ils sont également partagés sur le rôle de l'État, qui doit se renforcer selon les socialistes, dépérir pour les communistes, disparaître d'après les anarchistes. Des tentatives de vie communautaire ou d'autogestion (comme les Ateliers nationaux en France, en 1848) sont expérimentées avec peu de succès.
• Les socialistes sont généralement opposés au nationalisme : ils pensent que les progrès sociaux doivent gagner l'ensemble de la planète. Le Français Proudhon (1809-1865) préconise ainsi la formation d'une confédération des États européens. La plupart des mouvements socialistes sont réformistes et refusent d'employer la violence.
• Ces principes nouveaux sont combattus par la bourgeoisie urbaine ainsi que par la plupart des paysans qui redoutent un partage des terres.
II. Le marxisme
• Vers 1850, une nouvelle conception du socialisme apparaît : le marxisme, élaboré par deux grands penseurs allemands, Karl Marx (1818-1883) et Friedrich Engels (1820-1895). Ils rompent avec les premiers socialistes, qu'ils qualifient de romantiques ou d'utopistes, et se présentent comme les initiateurs d'un socialisme scientifique. Ils publient le Manifeste du Parti communiste en 1848.
• Karl Marx et Friedrich Engels considèrent que le monde est régi par la lutte des classes, qui est le moteur de l'histoire. Lors de la Révolution française, la bourgeoisie (classe alors ascendante), aidée par le prolétariat (classe naissante), s'est emparée du pouvoir. Les travailleurs doivent désormais s'unir pour arracher ce pouvoir à la bourgeoisie. Cette nouvelle révolution doit déboucher sur la dictature du prolétariat (l'appropriation par cette classe des moyens de production). La société sera alors égalitaire, essentiellement composée d'ouvriers (qui ne seront plus exploités par des patrons capitalistes). À ce régime socialiste doit normalement succéder une phase de dépérissement de l'État, devenu inutile, préparant l'avènement du communisme final.
• La plupart des mouvements socialistes adoptent bientôt la doctrine marxiste. Exilé en Angleterre, Marx participe à la création, en 1864, de la Ire Internationale qui fédère les socialistes européens.
III. La naissance des partis socialistes
• Les ouvriers adhèrent peu à peu aux idées socialistes. L'échec des insurrections populaires (comme celle de la Commune de Paris, en 1871) et la progression du suffrage universel favorisent l'émergence de partis politiques. Les socialistes préfèrent l'action parlementaire à la violence. Pour autant, ils n'en demeurent pas moins révolutionnaires puisqu'ils aspirent à de profondes réformes sociales et demeurent attachés à la théorie d'une lutte radicale entre les classes.
• En Allemagne, le Parti social-démocrate (SPD), fondé en 1875, devient la première force politique du pays en 1914. Au Royaume-Uni, grâce à l'action des syndicats, le Parti travailliste, le Labour Party, est créé en 1900. Ses résultats électoraux progressent rapidement.
• En France, enfin, le socialisme est particulièrement marqué par le marxisme. Les différentes formations socialistes constituent ensemble, en 1905, la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO). En 1914, la SFIO regroupe 90 000 adhérents. Son chef, Jean Jaurès, ne parvient cependant pas à fédérer les ouvriers européens contre la guerre. Il est assassiné le 31 juillet 1914.
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