Les ouvriers, une classe en lutte
Fiche
Face à la misère de leur existence et aux inégalités criantes de la société du xixe siècle, les ouvriers s'organisent et luttent pour améliorer leur condition.
I. Le développement des organisations ouvrières
• Pour améliorer leur condition, les ouvriers ne tardent pas à s'organiser. Dès la fin du xviiie siècle, ils mettent en place leur propre système d'assistance : les sociétés de secours mutuels. Les ouvriers cotisent dans ces sociétés qui leur apportent une aide financière en cas de détresse.
• La plupart du temps, le patronat s'oppose systématiquement, au nom de la rentabilité, à l'amélioration des conditions de travail et à la hausse des salaires des ouvriers. Contrairement aux artisans, les ouvriers n'ont pas de relations personnelles avec leur patron. Ils travaillent avec d'autres ouvriers et vivent souvent entre eux (notamment dans les régions industrielles, où sont créées de véritables cités ouvrières). Cette communauté de vie favorise grandement la naissance d'une conscience de classe, préalable indispensable, selon le penseur allemand Karl Marx, à la lutte collective.
• C'est au Royaume-Uni qu'apparaissent, vers 1850, les premiers syndicats, les Trade Unions : les ouvriers se regroupent pour obtenir des garanties contractuelles ou législatives (en cas de maladie, d'accident du travail, de chômage, etc.). Ils réclament également un salaire minimum, la limitation de la durée de travail et des congés payés. Les syndicats britanniques sont reconnus en 1871.
• En France, le syndicalisme, longtemps bloqué par la loi Le Chapelier de 1791, est finalement autorisé à partir de 1884. Il prend un caractère plus révolutionnaire. En 1895, est créée la Confédération générale du travail (CGT) : l'insurrection ouvrière est, selon elle, la seule manière de libérer les travailleurs. Elle espère voir disparaître le patronat et prône l'autogestion des sociétés industrielles par les ouvriers. En 1906, la CGT estime ses effectifs à 836 000 ouvriers.
II. Les moyens de la lutte
• Dans la première moitié du xixe siècle, la lutte ouvrière se manifeste par des actions violentes. Les travailleurs sont souvent hostiles à la mécanisation (c'était déjà le cas au siècle précédent) et jugent les machines responsables du chômage. Certains tentent de saboter les nouvelles machines.
• Dans toute l'Europe, le prolétariat essaie de faire entendre ses revendications lors des journées révolutionnaires. En France, lorsqu'éclatent les insurrections populaires de 1830, de 1848 et de 1871, les ouvriers constituent la majorité des insurgés. Trait caractéristique de l'histoire française : aux revendications politiques se mêlent des revendications sociales.
• À la fin du xixe siècle, la grève devient le principal moyen de lutte des ouvriers. Elle est autorisée en France à partir de 1864. Les manifestations de grévistes sont cependant très violemment réprimées, au besoin par l'armée. Si les grèves donnent d'abord peu de résultats, elles permettent aux ouvriers de se penser comme une classe sociale unie et déterminée.
III. Une lente amélioration
• À la fin du xixe siècle, la lutte du mouvement ouvrier commence à porter ses fruits. Les salaires progressent, le niveau de vie s'améliore.
• Des lois sont adoptées pour limiter le travail des enfants. En France, la loi de 1841 avait déjà interdit le travail des enfants de moins de huit ans. Vers 1900, la journée de travail des adultes est réduite à 10 heures dans l'ensemble des pays industriels.
• L'Allemagne et le Royaume-Uni vont plus loin. La première promulgue, dès les années 1880, des lois sociales qui protègent les ouvriers : l'assurance-maladie, la retraite ouvrière et l'assistance accident sont ainsi financées par des cotisations patronales. En Angleterre, des mesures similaires sont prises avant 1914. La situation est nettement moins favorable ailleurs.
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