Les ouvriers, une nouvelle classe sociale
Fiche
La révolution industrielle provoque une profonde mutation sociale avec l'apparition du prolétariat. Cette nouvelle classe sociale rassemble tous les ouvriers, qui ne possèdent que leur seule force de travail. Quelles sont leurs conditions de vie ? Quelles sont leurs revendications ?
I. De l'artisan au salarié
• Au xviiie siècle, le terme « ouvrier » s'applique à tous les artisans. Un siècle plus tard, il désigne celui qui travaille manuellement en échange d'un salaire. Cette évolution du vocabulaire exprime les mutations de la société. Avec la Révolution industrielle, les effectifs des ouvriers salariés ne cessent de croître. En 1914, ils représentent 35 % des actifs en France, 41 % en Allemagne et 46 % au Royaume-Uni, témoignant du passage d'une économie agricole à une économie industrielle.
• Les membres de la classe ouvrière connaissent en fait des situations assez diverses. Certaines catégories, héritées du xviiie siècle, perdurent, comme les travailleurs à domicile payés à la tâche, ce sont souvent des femmes qui travaillent notamment dans l'industrie textile. L'élite ouvrière reste constituée des artisans, qui ont suivi un long apprentissage. En France, par exemple, le compagnonnage forme des ouvriers fiers de leur savoir-faire.
• Dans la grande industrie, les ouvriers sont regroupés dans des usines dont la taille est de plus en plus importante. Les ouvriers qualifiés bénéficient d'une formation professionnelle, mais le développement du travail à la chaîne, au début du xxe siècle, favorise l'emploi de travailleurs sans aucune formation.
II. Des conditions de travail très difficiles
• La phase d'accumulation du capital, et donc la recherche du profit maximal, réalisée par les industries du xixe siècle, conduit le patronat à exiger des ouvriers un travail toujours plus intense. Le développement de l'éclairage au gaz permet d'allonger la journée de travail. Celle-ci peut atteindre 15 heures. Les ouvriers n'ont droit qu'à une journée de repos hebdomadaire et n'ont pas de congés. La fatigue, permanente, multiplie les risques d'accidents du travail.
• Dans le système libéral, le travail ouvrier est considéré comme une marchandise : il est soumis à la loi du marché. En Europe occidentale, en raison de la poussée démographique et de l'exode rural, les travailleurs sont plus nombreux que les emplois disponibles. Le chômage est chronique, ce qui permet au patronat de maintenir de bas salaires et d'exercer une pression constante sur les salariés. Les femmes et les enfants, souvent contraints de travailler pour permettre à la famille de survivre, perçoivent des salaires inférieurs à ceux des hommes, mais qui assurent ce minimum vital.
• Dans les usines sont imposés des règlements très sévères. Tout manquement est sanctionné par une amende, voire un licenciement. Les ouvriers ne bénéficient d'aucune protection sociale.
III. La vie quotidienne des ouvriers
• L'essentiel du budget des familles ouvrières est absorbé par les besoins alimentaires. Vient ensuite le logement, qui coûte cher : les habitations sont donc souvent insalubres et les familles se contentent généralement d'une pièce unique.
• L'espérance de vie de la classe ouvrière est plus faible que celles des autres catégories sociales. Le prolétariat est particulièrement touché par les maux qui accompagnent souvent la misère : tuberculose et alcoolisme font des ravages, parfois illustrés par la littérature, comme les romans d'Émile Zola.
• Les maigres salaires des ouvriers ne leur permettent pas d'épargner : ils sont à la merci d'un accident ou du chômage. Le travail précoce des enfants permet de compléter les revenus familiaux mais leur interdit de réelles études. Les chances d'ascension sociale sont donc limitées : qui naît fils d'ouvrier sera ouvrier à son tour.
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