Par son ampleur, la Révolution française a des répercussions dans le monde entier. Ses textes fondateurs ont d'ailleurs une vocation universelle. Comment les idées révolutionnaires se sont-elles diffusées en Europe ?
I. La contagion révolutionnaire
• À la fin du xviiie siècle, la France est au premier plan en Europe : c'est le pays le plus peuplé, son armée jouit d'une très grande réputation, et son monarque d'un grand prestige. Cette position dominante explique la forte diffusion de la langue française et des idées développées par les philosophes des Lumières.
• Les premiers jours de la Révolution française soulèvent un véritable enthousiasme chez les partisans de la démocratie dans les pays voisins. Pour ces membres de l'élite intellectuelle, 1789 marque le début d'une ère nouvelle pour l'Europe. Des soulèvements inspirés par l'expérience française ont lieu aux Pays-Bas autrichiens, en Rhénanie, en Savoie et même en Hongrie. En 1790, Avignon, territoire contrôlé directement par le pape, demande son rattachement à la France.
• Dans un premier temps, les monarques européens prêtent peu d'attention à ces mouvements qui sont rapidement et rigoureusement réprimés. L'armée française est affaiblie par l'exil d'une partie de ses officiers nobles (qui choisissent l'émigration). Le 22 mai 1790, l'Assemblée nationale constituante vote une « déclaration de paix au monde » qui rassure les souverains européens. Mais le 13 septembre 1791, la France décide d'annexer les territoires du pape : Avignon et le Comtat Venaissin.
II. La Révolution en guerre
• Le 20 avril 1792, pour des raisons d'abord de politique intérieure (forcer le roi à choisir son camp), la France déclare la guerre à l'Autriche. Après quelques échecs, l'armée française, renforcée par des volontaires, parvient à stopper l'armée prussienne à Valmy, le 20 septembre 1792. Bien plus tard, Goethe, témoin de la bataille, écrit : « De ce lieu et de ce jour date une nouvelle époque dans l'histoire du monde ». En effet, l'attitude des révolutionnaires français change radicalement. En novembre 1792, la Convention déclare qu'elle « accordera fraternité et secours à tous les peuples qui veulent reconquérir leur liberté » : c'est une véritable déclaration de guerre aux monarchies européennes !
• La certitude de détenir la vérité et la justice politiques débouche sur l'expansionnisme révolutionnaire. La Révolution française se veut alors un modèle pour l'Europe. En contradiction avec le principe selon lequel chaque peuple dispose de lui-même, les armées françaises partent imposer leurs réformes dans les pays voisins.
• Lorsqu'ils pénètrent en Belgique, en Rhénanie ou en Savoie, les soldats de la Révolution sont d'abord accueillis comme des libérateurs : ils abolissent les prélèvements féodaux.
• Pourtant, « personne n'aime les missionnaires armés », remarque Robespierre dès 1792. Rapidement, les patriotes européens sont déçus. La France mène en fait une guerre de conquête pour atteindre ses « frontières naturelles » (l'océan, la mer, les grands massifs montagneux et surtout à l'Est, le Rhin, d'où l'annexion de la Belgique et d'une partie de la Rhénanie). Aux Pays-Bas et en Italie, elle fonde des républiques sœurs, qui sont en réalité des alliés forcés de la France. Cette dernière prélève de lourds impôts pour financer son armée. Le libérateur devient vite oppresseur, ce qui encourage la formation de mouvements nationalistes. En Suisse, en Allemagne, en Espagne, c'est bien le sentiment national qui force les armées françaises à reculer, sous la Révolution comme sous l'Empire. L'expansionnisme révolutionnaire fédère les États européens contre la France. La première coalition se forme dès 1793.
III. Des transformations durables
• Dans tous les États soumis à l'influence française entre 1789 et 1815, l'Ancien Régime est aboli, totalement ou partiellement. La diffusion de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen permet d'assurer l'égalité de droit des citoyens. Très souvent des constitutions inspirées du modèle français sont mises en place : ces régimes représentatifs, où les pouvoirs sont séparés, permettent parfois l'émergence d'une véritable vie politique.
• Les systèmes administratifs sont rationalisés, l'État est laïcisé. Cette dernière mesure attire l'hostilité des catholiques européens à l'encontre de la France. L'apport le plus durable reste le Code civil, adopté par l'Empire français en 1804 et diffusé par Napoléon dans tous les territoires annexés. Aujourd'hui encore, des vestiges de ce « Code Napoléon » subsistent dans le droit français et dans celui de plusieurs États européens.
• Malgré une hostilité manifeste à l'encontre de l'occupant français, les réformes françaises restent en place après la destitution de l'Empereur en 1815. Dans les régions où l'aristocratie est puissante, comme en Europe de l'Est, la résistance à ces réformes est plus importante ; les changements sont plus tangibles dans les régions où domine la bourgeoisie, en Italie du Nord ou en Rhénanie.
• Enfin, les Français ont diffusé une idée très novatrice : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Même s'ils la trahissent au cours de ces « guerres révolutionnaires », elle est à l'origine de grands bouleversements dans l'Europe du xixe siècle.
Exercice n°1
Quel territoire contrôlé par le pape, demande, en 1790, à être rattaché à la France ?
Cochez la bonne réponse.
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Comme d'autres mouvements en Europe à cette époque, cette demande d'Avignon traduit l'enthousiasme qu'ont soulevé les premiers jours la Révolution française chez les partisans de la démocratie.
Exercice n°2
Quelle armée les troupes françaises parviennent-elles à stopper à Valmy le 20 septembre 1792 ?
Cochez la bonne réponse.
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Goethe, qui a assisté à la bataille, a écrit : « De ce lieu et de ce jour date une nouvelle époque dans l'histoire du monde ».